Troisième lecture du projet de loi C-237, Loi prévoyant l’élaboration d’un cadre national sur le diabète

Par: L'hon. Patricia Bovey

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L’honorable Patricia Bovey : Il s’agit d’une mesure législative très importante, et j’appuie le projet de loi C-237, qui prévoit l’élaboration d’un cadre national et d’une stratégie sur le diabète. Je vais faire des observations très personnelles en m’appuyant sur les excellents discours que nous avons déjà entendus. Je commencerai par la découverte de l’insuline, il y a 100 ans, qui a valu un prix Nobel à son auteur. Quelle contribution importante du Canada à la santé du monde entier! De nombreux Canadiens m’entendent dire depuis des décennies que je crois que les scientifiques et les artistes sont environ 20 ans en avance sur tout le monde. Ils sont d’une nature singulière et ils ont une curiosité qui les pousse à faire des expériences pour en savoir davantage, pour faire des découvertes et pour aider les gens. C’est un vrai don. Parfois, une personne possède les attributs et les aptitudes des deux spécialités, comme sir Frederick Banting, qui a découvert l’insuline avec Charles Best et qui est allé dans la nature sauvage du Canada pour peindre avec A.Y. Jackson, du Groupe des sept, un rassemblement d’artistes canadiens. Il a peint des tableaux tout à fait remarquables.

Je demande maintenant votre indulgence, car je vais maintenant passer à des observations très personnelles. Je sais que le diabète de type 1 et le diabète de type 2 sont des maladies très différentes. Mon premier mari, qui est mort d’une crise cardiaque il y a environ 17 ans, avait reçu un diagnostic de diabète de type 2 environ 10 ans ou plus avant son décès. Je dois dire qu’il a géré cette situation avec brio pendant des années, mais comme vous le savez tous, le diabète et les maladies cardiaques sont interreliés. Il y a un an, au début d’avril, ma petite-fille, qui vit au Royaume-Uni et qui avait 9 ans à ce moment-là, a reçu le diagnostic de diabète de type 1. J’ai appris qu’il n’y a pas de lien héréditaire entre le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Il n’y a donc aucun lien entre la maladie de ma petite-fille et celle du grand-père qu’elle n’a jamais connu. Son diagnostic est arrivé de façon soudaine et très surprenante. C’est une fille brillante et athlétique qui n’avait aucun symptôme avant-coureur.

Je sais que beaucoup d’entre nous avons eu à composer avec de telles surprises à titre de partenaires, de parents, de grands-parents et d’amis. Dans le cas de Zoe, elle a été rapidement conduite à l’hôpital King de Londres, au sommet de la première vague de la pandémie de COVID-19. Elle était la seule enfant dans toute l’aile pédiatrique de ce distingué hôpital. Son père, qui l’y a accompagnée, a dû rester avec elle pendant tout son séjour à l’hôpital, qui a duré plus d’une semaine. En raison des règles liées à la pandémie, sa mère et sa sœur n’étaient pas autorisées à lui rendre visite. Ce fut une période difficile, et je suis si heureuse qu’elle et sa famille immédiate possèdent une telle attitude, une telle résilience et une telle détermination. Bien entendu, en raison de la COVID-19, je n’ai pas pu voir Zoe et sa famille depuis plus de 18 mois, sauf par Zoom ou par FaceTime. D’ailleurs, je m’estime chanceuse que nous ayons les technologies que nous avons aujourd’hui. Pour ma part, je remercie le sénateur Ravalia qui, dans mon état de stress et d’anxiété à l’égard de cette situation, m’a écoutée et a souligné la recherche et les pratiques exemplaires de l’hôpital King à l’échelle internationale, de concert avec des chercheurs du Canada.

Depuis lors, je dois dire que je suis très fière de la jeune Zoe. Il y a quelques mois, juste après son 10e anniversaire, elle s’est administrée elle-même son injection d’insuline et elle est maintenant capable de calculer les glucides de son prochain repas — et donc la quantité d’insuline qu’elle doit se donner 10 minutes avant de manger et ainsi de suite. Au début, elle savait instinctivement quand son taux de sucre était trop élevé ou trop bas et pouvait se piquer elle-même le doigt pour confirmer son taux de sucre. Pour l’instant elle refuse d’utiliser une pompe à insuline, ce qui m’a vraiment surprise. Cependant, lors d’une de nos longues et merveilleuses vidéoconférences à deux personnes sur FaceTime, elle m’a dit ceci :

Grand-maman, je dois apprendre comment le faire sans pompe, au cas où l’appareil cesserait de fonctionner. Je me procurerai une pompe une fois que c’est fait. De cette façon, je saurai quoi faire.

Je suis très fière de son approche.

Au-delà de l’aspect personnel, vous pouvez comprendre, comme l’a dit la sénatrice Hartling, comment les expériences familiales alimentent le désir d’approfondir le sujet. Ils sont au Royaume-Uni, je suis ici. Je suis parfaitement courant de tous les services que ma famille a reçus et reçoit toujours là-bas et je ne pourrais pas être plus reconnaissante ou pleine d’admiration. Je suis consciente du calibre de l’équipe médicale, nutritionnelle et psychologique dont bénéficie toute la famille de Zoe. Je sais que son école a engagé une infirmière pleinement qualifiée après son diagnostic. Je m’empresse de dire que ce n’était pas seulement pour elle. Compte tenu des besoins d’autres enfants, il semble que la situation de Zoe ait fait pencher la balance, ce dont je suis très reconnaissante en tant que grand-mère.

Passons maintenant au Canada. Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à Kimberley Hanson, de Diabète Canada, et à notre équipe de direction manitobaine de l’Hôpital Saint-Boniface de Winnipeg. Ils ont été une source d’information et de vision très importante. Je suis tellement impressionnée par ce qu’ils font et par la patience, les connaissances, l’expérience directe et la compassion avec lesquelles ils font leur travail.

Je tiens également à remercier la sénatrice Mégie, la marraine sénatoriale de ce projet de loi. Je remercie la députée Sonia Sidhu, marraine à l’autre endroit, du leadership qu’elle a exercé dans le cadre du projet de loi C-237, un projet de loi que j’appuie pleinement. Les difficultés que vivent les membres de sa famille et de sa communauté sont énormes, et c’est un réel cadeau pour eux que de pouvoir compter sur quelqu’un comme Mme Sidhu qui apporte des changements à l’échelle nationale pour répondre à des besoins aussi vastes.

J’appuie sans réserve le projet de loi C-237. Il nous faut une stratégie nationale qui assurera un accès égal à la recherche, au financement, à la technologie, aux diagnostics, à l’information, à l’équipement, aux connaissances, aux traitements et plus encore d’un bout à l’autre du pays. Penser que l’équipement n’est pas accessible de façon égale partout au pays me sidère. Pourquoi les Canadiens n’ont-ils pas tous accès aux mêmes soutiens dont ma Zoe bénéficie à Londres? Pourquoi certaines mesures de soutien prennent-elles fin à l’âge de 18 ans ou à l’âge de la majorité? Quand va-t-on comprendre que l’argent investi aujourd’hui dans la recherche sera récupéré plus tard grâce aux traitements, aux vies sauvées ou aux effets corollaires immédiats et futurs? Est-ce que tous ceux qui souffrent du diabète pourront avoir accès à la plus récente technologie? Les choses ont changé depuis les années 1990, alors que John devait vérifier sa glycémie en se piquant le doigt. Aujourd’hui, Zoe fait la même chose au moyen d’un lecteur, qui transmet les données à son cellulaire et à celui de ses parents.

Cette maladie est un important facteur de risque et déterminant pour la santé au Canada. Elle est liée à tellement d’autres maladies. La recherche sur le diabète et la COVID bat son plein. Comme la sénatrice Mégie l’a clairement dit dans son discours, on ne connaît pas les liens entre la santé cardiaque, la circulation, la vision et tellement d’autres états de santé. Les sommes dépensées pour la recherche, la prévention et la découverte d’un remède sont absolument essentielles, tout comme l’est le fait de veiller à ce qu’on ait un accès égal aux découvertes et aux traitements partout au pays. La recherche suppose de la patience, de la diligence, de l’attention, le souci du détail, de la compassion, du travail d’équipe et une vision à long terme. Bien des gens et des politiques n’ont qu’une vision à court terme. En l’occurrence, il faut avoir à la fois une vision à court et à long terme.

Une stratégie nationale est maintenant essentielle et s’inscrit parfaitement dans la célébration du 100e anniversaire d’une contribution majeure qu’a apportée le Canada à améliorer les connaissances liées à cette maladie. Naturellement, j’ai été ravie de voir l’inclusion du financement du diabète dans le budget de 2021, une dépense qui touchera de façon positive les gens de toutes les régions du pays. Je remercie également tous les bénévoles qui collectent actuellement des fonds pour étendre la recherche sur le diabète, qui est si nécessaire.

Je veux que le Canada continue d’être un leader dans le dossier du diabète au cours des 100 prochaines années, comme il l’a été au cours des 100 dernières années.

En conclusion, revenons à mes observations personnelles. La grand-mère que je suis envoie les timbres du 100e anniversaire — le premier commémore la découverte de l’insuline — à sa petite-fille en l’honneur des contributions passées du Canada, en remerciement de la recherche actuelle du Canada, et dans l’espoir d’un traitement éventuel. Honorables sénateurs, je vous prie d’appuyer le projet de loi. Je doute qu’il y en ait parmi nous qui ne soient pas touchés d’une manière ou d’une autre par cette maladie grave. Le Canada mérite un cadre stratégique national. Cela ne peut qu’améliorer la santé des Canadiens et le bien-être futur de beaucoup d’entre eux.

Je vous remercie.

Des voix : Bravo!

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