L’apport commercial et économique des entreprises autochtones à l’économie du Canada—Interpellation

Par: L'hon. Andrew Cardozo

Partager cette publication:

War memorial, Ottawa

L’honorable Andrew Cardozo : Honorables sénateurs, j’ai l’honneur de pouvoir prendre la parole concernant l’interpellation no 13, qui a été lancée par le sénateur Marty Klyne pour attirer l’attention du Sénat sur l’apport constant des entreprises autochtones à l’économie canadienne.

J’ai choisi de parler du réseau de télévision Aboriginal Peoples Television Network ou APTN, qui entreprend sa vingt-cinquième année d’existence. APTN fait partie d’une nouvelle infrastructure nationale autochtone en pleine croissance et formée d’organisations nationales qui font avancer la condition des peuples autochtones.

Je prends le temps de mentionner trois autres organisations du genre.

La première est le Conseil national de développement économique des Autochtones, qui est dirigé par Dawn Madahbee Leach. C’est une organisation nationale et apolitique qui favorise la croissance des entreprises autochtones au Canada. La deuxième est l’Administration financière des Premières Nations, dont la mission consiste à aider les communautés des Premières Nations à bâtir leur avenir elles-mêmes en suivant leurs aspirations et en bénéficiant des taux d’intérêt les plus avantageux. L’Administration est dirigée par Ernie Daniels, qui a récemment été nommé membre du conseil d’administration de la Banque du Canada. La troisième est l’Association touristique autochtone du Canada, qui est dirigée par Keith Henry et qui s’emploie à développer le secteur touristique autochtone au Canada.

Revenons maintenant au réseau APTN, un service novateur et essentiel dont j’ai pu observer de près le développement. En tant que commissaire du CRTC, j’ai eu le grand honneur d’être associé étroitement à l’octroi de la licence d’exploitation de ce réseau en 1998-1999.

Pourquoi le réseau APTN était-il si nécessaire? Eh bien, les peuples autochtones étaient rarement vus à la télévision et au cinéma, tout comme ils étaient pratiquement absents dans les récits historiques du Canada et des États-Unis. Quand ils étaient montrés, leur image était généralement négative et stéréotypée.

Permettez-moi de vous faire part d’une intervention mémorable lors de l’audience sur la création de cette chaîne, en 1998.

L’acteur primé Adam Beach a témoigné lors de cette audience. Il avait une carrière florissante au Canada et aux États-Unis, mais cela ne l’a pas empêché de relater une anecdote. Il a raconté que, sur le plateau de tournage d’un film, le directeur lui avait demandé de courir le long d’un mur et de « sauter comme un Indien ». C’était un stéréotype relativement positif, si l’on se fie à ce qui a été montré à l’écran.

Chers collègues, c’est le vingt-cinquième anniversaire du réseau APTN. Je suis ravi de faire un bref survol de son parcours. Quand APTN a été lancé le 1er septembre 1999, c’était le premier radiodiffuseur national autochtone au monde. Aujourd’hui, il est devenu un chef de file mondial pour sa programmation qui célèbre toute la diversité des peuples autochtones, d’abord au Canada, mais aussi à l’échelle internationale. APTN met en lumière les histoires des peuples autochtones dans près de 10 millions de ménages au Canada et ailleurs. Fait intéressant, ses cotes d’écoute sont à la hausse, même si la télévision en général connaît un déclin.

On pourrait en dire long sur l’excellent bilan d’APTN. Le réseau a remporté de nombreux prix, et il offre toujours une programmation numérique et du contenu interactif à la fine pointe de la technologie. Il a lancé deux stations de radio ainsi qu’un service de diffusion en continu, APTN lumi.

J’aimerais vous donner quelques détails. Depuis son lancement, le réseau APTN a toujours proposé des programmes visant à rapprocher les publics autochtone et non autochtone de l’île de la Tortue. Lors de son lancement en 1999, cette chaîne avait adopté un slogan particulièrement accrocheur : « Par les peuples autochtones, sur les peuples autochtones, pour tous les Canadiens ».

Que peut-on voir sur les ondes d’APTN? Cette chaîne propose des émissions d’information et d’actualités, de divertissement, de diffusion en direct et des événements spéciaux, ainsi que des émissions originales primées de réalisateurs membres des Premières Nations, inuits et métis. Compte tenu de la diversité des peuples autochtones au Canada, cette chaîne doit s’efforcer de répondre aux goûts de tous, une mission dont elle s’acquitte avec brio.

Cette chaîne propose des émissions en anglais, en français, en cri — elle a été la toute première à diffuser un match de la LNH en cri des plaines —, en inuktitut, et dans un large éventail de langues autochtones. Depuis 1999, le réseau diffuse des émissions en 54 langues autochtones et offre chaque année une programmation régulière en 15 langues autochtones.

De plus en plus d’Autochtones se rendent compte de l’importance de connaître la langue de leurs ancêtres afin de renforcer leur sentiment d’appartenance culturelle. C’est dans cette optique que le réseau encourage les créateurs autochtones à être fiers de parler leur langue et d’exprimer leur point de vue.

Actuellement, la programmation du réseau est composée à plus de 80 % de contenu canadien, en anglais, en français, et en plus de 15 langues autochtones. Chers collègues, je tiens à souligner que c’est beaucoup plus que la moyenne de ce secteur, qui se situe à environ 50 %.

En moyenne, APTN commande la production de plus de 500 heures de programmation originale chaque année; 46 % des émissions sont en anglais, 44 %, dans une langue autochtone et 10 %, en français.

Je voudrais parler brièvement de la dernière nouveauté : le contenu autochtone sur demande. Après 20 ans d’existence, APTN a lancé APTN lumi, un service de diffusion en continu axé sur le contenu autochtone qui est complémentaire à l’offre de télédiffusion de la chaîne. À l’heure actuelle, le catalogue compte environ 700 heures de programmation en langue autochtone, ainsi que du contenu en anglais et en français.

APTN lumi est également offert au moyen de Chromecast et d’Apple TV, ce qui augmente sa portée et lui permet de faire connaître les histoires autochtones à un nouvel auditoire. Les dernières phrases sont vraiment du jargon digne du CRTC sur la diffusion et la programmation. Je vais traduire : la chaîne produit un tas de contenu fièrement autochtone.

Je voudrais souligner que les émissions d’APTN ont remporté de nombreux prix au fil des ans, notamment des prix Écrans canadiens, des prix du public, le prestigieux Prix du président de l’Association des services de nouvelles numériques radiotélévisées, le Prix pour la liberté de presse et le Prix Michener.

De surcroît, la cheffe de la direction d’APTN, Monika Ille, qui est membre de la Première Nation abénakise d’Odanak, a été nommée dirigeante de l’année 2022 par Playback. La même année, elle a reçu le prix Desautels de l’excellence en gestion de l’Université McGill, qui honore les éminents chefs de file du milieu des affaires. J’ajouterais que ses prédécesseurs — Abraham Tagalik, chef de l’exploitation et fondateur, et Jean La Rose, qui a été chef de l’exploitation durant de nombreuses années et a supervisé la croissance d’APTN — ont fait un travail remarquable pour bâtir et faire progresser APTN.

En août 2023, APTN avait 163 employés. Cela comprend des employés à plein temps, à temps partiel et temporaires. De ce nombre, 60 % sont autochtones, c’est-à-dire membres des Premières Nations, Métis ou Inuits, et de nombreux jeunes Autochtones ont commencé leur carrière en radiodiffusion à APTN. Certains sont restés et d’autres sont passés à d’autres réseaux.

Cette société s’enorgueillit de la représentation équilibrée des genres au sein de son effectif, 52 % des membres de son personnel s’identifiant comme étant de genre féminin, 47 % comme étant de genre masculin et 1 % comme étant bispirituels.

Chose importante, 58 % des membres du conseil d’administration d’APTN sont des femmes, dont la présidente du conseil d’administration, Julie Grenier, de Kuujjuaq, au Nunavik, dans le Nord du Québec. Elle est la directrice générale d’une entreprise régionale de production radio et télévisuelle qui dessert les Inuits du Nunavik en inuktitut.

Depuis ses débuts, APTN a un conseil d’administration où les genres sont représentés également ou comptant plus de femmes que d’hommes, alors que la plupart des autres radiodiffuseurs comptaient peut-être une ou deux femmes au sein de leur conseil d’administration. Manifestement, APTN a toujours eu une longueur d’avance sur les autres.

APTN est devenu le tout premier diffuseur olympique autochtone aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010, assurant une diffusion quotidienne en huit langues autochtones, ainsi qu’en anglais et en français.

J’ai récemment demandé à des représentants d’APTN comment ils décriraient leur succès. Leur réponse a été longue, mais je vais en présenter quelques points. Voici comment ils se voient.

Les nouvelles et les affaires publiques comptent parmi nos principaux sujets, car nous couvrons des histoires que les autres réseaux ne couvrent pas. Nos équipes de journalistes dévoués et primés couvrent des sujets tels que les services de police au Canada, la protection de l’enfance, l’accès à l’eau potable, les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées, les droits issus des traités et plus encore. Nos bulletins de nouvelles s’intitulent Nouvelles Nationales d’APTN et APTN National News.

Parmi tous les diffuseurs au Canada, APTN est un des deux seuls à avoir des bureaux dans le Nord (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut).

Les personnes qui regardent APTN jouissent d’une grande variété d’autres émissions, comme The Other SideOrignal et marmelade et Secret History of the Wild West.

Nous offrons une programmation spéciale à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, en septembre.

APTN répond…

 — dans toutes ses activités —

à l’appel à l’action no 85 de la Commission de vérité et réconciliation, qui demande à APTN de continuer de relier ensemble les Canadiens autochtones et non autochtones grâce à sa programmation et d’appuyer la réconciliation.

Je terminerai en disant qu’à mon avis, APTN s’en est très bien tiré au cours de ses 25 premières années d’existence. Cette chaîne a confondu non seulement ses opposants, mais aussi ses partisans. De toute évidence, la chaîne offre une programmation de grande qualité, à la fois réfléchie et divertissante. Dans un monde de plus en plus polarisé et divisé, où il y a de plus en plus de résistance contre les droits des Autochtones et des minorités, APTN offre un îlot de calme et de paix d’esprit, dans un monde aussi clivant que clivé.

À l’évidence, APTN est maintenant un véritable symbole canadien dont les Autochtones et tous les Canadiens peuvent être fiers. Je pense que les Canadiens ont beaucoup à espérer pour les 25 prochaines années. Merci.

Des voix : Bravo!

Partager cette publication: