La Loi sur la Commission canadienne du lait : Étude en comité plénier – Sen. Dalphond

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Le sénateur Dalphond : Merci, madame la ministre, d’être au Sénat aujourd’hui. Je dois dire que j’endosse pleinement la proposition qui nous est présentée aujourd’hui d’augmenter la capacité d’emprunter de la Commission canadienne du lait pour mieux gérer une fluctuation anormale du marché. Je comprends que la production est planifiée annuellement selon les besoins anticipés. Cette année, la pandémie provoque une distorsion du système. Je comprends que nous achèterons plus de produits que nous n’en aurons besoin temporairement pour les mettre sur le marché plus tard, ce qui permettra au marché de continuer à fonctionner normalement.

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Donc, je n’ai pas vraiment de question à vous poser sur le projet de loi; je le comprends bien et vos explications sont très claires. Cependant, je profite de votre présence pour vous poser deux questions à titre de sénateur québécois.

La première porte sur le manque de travailleurs temporaires dans les exploitations agricoles du Québec. Une bonne part de cette main-d’œuvre provient de l’étranger, mais la main-d’œuvre étrangère sera réduite cette année. Le gouvernement du Québec a mis en place un programme qui vise à inciter les étudiants à remplacer ces travailleurs étrangers qui ne seront pas là. Depuis, le gouvernement fédéral a annoncé un programme pour venir en aide aux étudiants qui ne pourraient pas se trouver d’emploi. On constate certains effets pervers de la mesure et certaines mesures qui n’incitent pas les étudiants à travailler dans les fermes. Lorsque la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées s’est présentée au Sénat, je lui ai demandé s’il était possible que les 100 $ par semaine offerts par le gouvernement du Québec ne soient pas considérés comme un revenu aux fins du seuil de 1 000 $, car cela mènerait à la perte de l’octroi. Est-ce qu’il y a du nouveau à ce chapitre?

Mme Bibeau : Les travailleurs temporaires étrangers sont des travailleurs essentiels dans le secteur de l’alimentation. Pour faciliter leur embauche malgré la COVID-19, nous leur permettons d’entrer au pays et nous avons mis en place des mesures exceptionnelles pour accélérer le traitement de leur documentation. Il y avait des défis dans le pays d’origine de certains travailleurs, ne serait-ce qu’en matière de transport local pour obtenir un visa et des documents. Nous travaillons le plus efficacement possible en ce moment. Au mois d’avril, nous avons accueilli 11 200 travailleurs, alors que l’année passée, nous en avons accueilli 13 000. Nous croyons tout de même pouvoir en accueillir beaucoup plus que ce qui était prévu dans les scénarios inquiétants du début de la crise.

Nous essayons aussi de mettre en place des mesures qui encourageront les Canadiens à travailler dans le secteur alimentaire et dans les fermes cette année. Nous avons mis en œuvre la plateforme Mettez la main à la pâte pour rassembler sur un même portail toutes les offres d’emploi du secteur agricole afin de faciliter la vie aux gens. Vous remarquerez, en ce qui concerne les différentes mesures mises en place, que nous tentons de les adapter en fonction de la réalité. Nous construisons l’avion en plein vol. C’est notre réalité en ce moment.

Je prends l’exemple de la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants, que vous avez mentionnée. Nous avons précisé que les étudiants doivent avoir fait l’effort de chercher un emploi et être en mesure de le prouver si nous le leur demandons. Des suivis seront faits dans les prochains mois. C’est une précision importante.

Nous avons transféré 3 milliards de dollars aux provinces pour qu’elles puissent bonifier les salaires des travailleurs essentiels du secteur de la santé, bien sûr, ainsi que ceux du secteur alimentaire. Le Québec a été parmi les premiers à mettre en place des mesures comme la prestation de 100 $. Il est difficile en ce moment d’apporter de petites modifications. Quand nous le faisons, nous tentons de nous assurer qu’elles s’adressent à tout le monde. Dans la situation actuelle où nous voulons mettre en place des programmes qui s’adresseront au plus grand nombre de personnes, nous savons que ces programmes sont imparfaits. Nous avons privilégié la rapidité pour être sûrs de créer un filet social de la meilleure façon possible dans les circonstances. Pour la demande très spécifique que vous faites, je n’ai pas de suivi particulier à vous donner encore. Merci.

Le sénateur Dalphond : J’ai une deuxième question. Les étudiants qui feront partie de la main-d’œuvre temporaire cet été retourneront aux études à la fin août ou en septembre, on l’espère, mais les récoltes ne seront pas finies. Il y aura encore des besoins — au Québec, en particulier — en septembre et même au début d’octobre. Le ministère a-t-il songé à établir un programme qui encouragerait les gens impliqués dans la restauration, qui, apparemment, ne reprendra pas bientôt, à travailler dans les exploitations agricoles et à se familiariser ainsi avec ce qui se passe en amont, avant que les plats soient servis sur les tables? Plusieurs jeunes travaillent dans la restauration, soit dans les cuisines ou en faisant le service. Cette main-d’œuvre n’est pas utilisée à l’heure actuelle puisque les restaurants sont fermés ou fonctionnent à capacité minimale. N’y a-t-il pas lieu de mettre en place un programme qui pourrait inciter ces gens à remplacer temporairement les étudiants ou à se joindre à eux cet été? Ils pourraient se familiariser avec la chaîne alimentaire.

Mme Bibeau : C’est une belle idée. Quant au transfert de 3 milliards de dollars aux provinces, on leur laisse la liberté et la flexibilité de créer, avec cet argent, les programmes qu’elles jugeront les plus appropriés dans leur contexte.

Pour ce qui est des travailleurs étrangers temporaires, j’espère que même si certains d’entre eux arrivent avec un peu de retard, nous aurons le nombre de travailleurs nécessaires dans nos champs d’ici l’automne.

Le sénateur Dalphond : Merci, madame la ministre.

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