La célébration du Jour du drapeau national du Canada

Par: L'hon. Andrew Cardozo

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L’honorable Andrew Cardozo, ayant donné préavis le 13 février 2024 :

Qu’il attirera l’attention du Sénat sur le drapeau canadien dans le cadre de la célébration du Jour du drapeau national du Canada.

 — Honorables sénateurs, c’est un honneur de lancer cette interpellation sur le drapeau canadien à l’occasion du Jour du drapeau, comarrainée par les sénatrices Salma Ataulahjan, Jane Cordy, Lucie Moncion et Rebecca Patterson. Je suis ravi que d’autres sénateurs aient décidé de prendre la parole dans le cadre de cette interpellation aujourd’hui et au cours des prochains jours, si bien que vous entendrez une série de brefs discours sur le sujet.

Chers collègues, en me rendant à l’édifice du Sénat ce matin, je me suis arrêté devant la Flamme du centenaire pour admirer le drapeau qui flotte au sommet de la tour de la Paix. J’ai pensé à la cérémonie qui s’est déroulée le 15 février 1965, il y a 59 ans. À l’époque, Lester B. Pearson était premier ministre, John Diefenbaker était chef du Parti progressiste-conservateur, Tommy Douglas était chef du NPD et Réal Caouette était à la tête des créditistes, tandis que Georges Vanier était gouverneur général du Canada.

J’ajouterais que feu l’ancienne sénatrice Landon Pearson, belle-fille de l’ancien premier ministre Pearson, a raconté avoir regardé la cérémonie en compagnie d’un troupeau de petits-enfants Pearson dans le bureau du premier ministre, qui se situait alors dans l’édifice de l’Est. C’était un matin froid de février; il faisait beaucoup plus froid qu’aujourd’hui.

L’obtention d’un nouveau drapeau n’a pas été chose facile. Pearson était profondément convaincu que nous avions besoin d’un drapeau nettement canadien qui n’avait aucun lien avec la colonisation. Il a déclaré :

Je suis persuadé à ce moment-ci qu’un drapeau avec la feuille d’érable comme emblème symbolisera [et] reflétera réellement le nouveau Canada.

En 1964, lorsque Pearson a proposé l’idée publiquement au congrès de la Légion royale canadienne à Winnipeg, il est entré dans la fosse aux lions. En fait, il s’est jeté dans la gueule du loup. Même s’il s’agissait d’un groupe extrêmement patriotique, la Légion ne voulait pas que le drapeau change.

Par la suite, un comité de députés a tenu plus de 35 réunions et reçu plus de 3 500 propositions de la part des Canadiens.

Le fanion de Pearson aurait comporté trois feuilles d’érable et deux barres bleues étroites à chaque extrémité. La version approuvée a été réalisée par l’historien George Stanley.

Le premier drapeau a été confectionné par Joan O’Malley du 6 au 7 novembre. Elle l’a littéralement confectionné en une nuit et elle est l’une des deux seules femmes à figurer dans l’histoire du drapeau canadien.

Il est intéressant de noter que l’autre femme, c’est Margaret Konantz, l’une des rares députées de l’époque, une députée libérale de Winnipeg d’ascendance métisse et la seule personne autochtone à avoir joué un rôle clé dans l’élaboration du drapeau.

Le drapeau a été approuvé le 15 décembre par la Chambre des communes après un débat incroyable et pas forcément harmonieux. Le vote final a eu lieu à 2 heures du matin après un débat de six mois.

Le débat s’est ensuite transporté au Sénat pour qu’il vote. Le drapeau a été approuvé par la Chambre des communes le 15 décembre. A-t-on une idée de la date à laquelle il a été approuvé au Sénat? Il l’a été le 17 décembre. Le second examen objectif a été plutôt rapide.

Je pense que la sénatrice Moodie aurait été déçue, car, dans le meilleur des cas, il n’y aurait eu qu’un comité plénier, sans examen en comité.

Je suis désolé si c’était trop tôt.

Quoi qu’il en soit, la Reine lui accorda la sanction royale le 28 janvier à Londres, en présence de M. Pearson et de M. Diefenbaker, ce qui est important de souligner, puisque Diefenbaker était totalement opposé au nouveau drapeau. Néanmoins, une fois le drapeau adopté, il assista à la sanction royale.

Cependant, les circonstances n’avaient rien de très réjouissant, car le premier ministre et le chef de l’opposition étaient à Londres pour les funérailles d’État de Winston Churchill, qui était décédé le 24 janvier. Notre magnifique drapeau a reçu la sanction royale pendant la semaine qui s’est écoulée entre le décès et les funérailles de cet homme d’État.

Il était donc fort à propos que nous ayons quelque chose de plus joyeux à célébrer dans notre pays le 15 février, jour où le nouveau drapeau unifolié a été hissé officiellement sur la Colline du Parlement pour la première fois. La feuille d’érable est devenue un emblème reconnu mondialement que les Canadiens peuvent porter avec grande fierté. On entend souvent dire que des gens d’ailleurs l’affichent sur leur sac à dos pour se faire passer pour des Canadiens parce qu’ils sont mieux acceptés ainsi.

Que ce soit au pays ou à l’étranger, ce drapeau est très important pour bien des gens. Les nouveaux Canadiens sont certainement très fiers d’en avoir un lorsqu’ils prêtent le serment de citoyenneté. Je peux moi-même en témoigner.

J’aurais deux observations à faire. Premièrement, même si le drapeau inspire beaucoup de fierté à la plupart des Canadiens, ce sentiment n’est pas nécessairement aussi répandu chez les Autochtones, étant donné que ce drapeau est l’emblème de l’État canadien, et du colonialisme dans une certaine mesure. C’est un État qui n’a pas toujours fait preuve de bienveillance envers les peuples autochtones. D’ailleurs, l’unifolié flottait parfois au-dessus des pensionnats.

Deuxièmement, depuis quelque temps, je trouve préoccupant que le drapeau canadien soit adopté par des gens qui souhaitent que des gouvernements soient renversés de façon non démocratique et qui estiment que l’occupation prolongée et illégale de la capitale du pays et le harcèlement de citoyens innocents constituent une juste forme de désobéissance civile — des gens qui font flotter le drapeau du Canada en signe de protestation, parfois à l’envers et parfois défiguré.

Je tiens à dire publiquement, à ma manière, que l’unifolié, le drapeau du Canada, est le symbole de notre pays, du peuple et de la société que nous sommes, et qu’il faut donc le respecter et le défendre. C’est le drapeau de l’un des meilleurs pays du monde, un pays qui cherche à se dépasser et qui, contrairement à la plupart des autres, est prêt à examiner ses imperfections et à travailler pour les corriger. Voilà ce qui fait le génie de l’État canadien et la grandeur de la société canadienne.

Merci.

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