Le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II

Par: L'hon. Jane Cordy

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Ceremonial Guard, Ottawa

 

L’honorable Jane Cordy : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au nom du Groupe progressiste du Sénat pour exprimer, à notre tour, nos condoléances à la suite du décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II.

Honorables sénateurs, il y a des moments de bouleversements où des choses qui nous semblaient auparavant inébranlables ne le sont plus. Encore une fois, nous sommes témoins d’une page d’histoire alors que notre cheffe d’État, le monarque britannique au règne le plus long, est morte le 8 septembre entourée de sa famille au château de Balmoral, en Écosse.

Pour une grande partie de notre vie, si ce n’est pas l’entièreté de celle-ci, la reine a été un visage familier sur les timbres et la monnaie. C’était presque impossible de voir un corgi sans penser à elle. Pour certains, elle était la femme qui a sauté d’un hélicoptère avec James Bond. Pour d’autres — comme le sénateur Gold l’a dit plus tôt —, elle était la grand-mère qui a bu le thé et mangé des sandwichs à la marmelade avec l’ours Paddington. Elle a été la première femme de la famille royale à servir en tant que membre actif à temps plein des forces armées britanniques. Elle s’adressait à nous de sa voix rassurante chaque Noël. Elle représentait un pilier inébranlable de force et de stabilité dans un monde aux changements inéluctables et inattendus.

Beaucoup a été dit au sujet du nombre incalculable d’événements qui sont passés dans l’histoire au cours du règne de la reine Elizabeth. Les transformations dont nous avons été témoins au cours de cette période de 70 ans sont remarquables. Son couronnement a été le premier à être télévisé et a donné lieu à la toute première diffusion télévisée transatlantique. En fait, on avait fait venir la pellicule par avion au Canada pour le diffuser sur les ondes de Radio-Canada. Quand on pense à la façon dont la nouvelle du décès de la reine s’est répandue à la suite d’un gazouillis de la famille royale, on constate à quel point notre paysage technologique a changé!

Les condoléances ont afflué de partout au Royaume-Uni, dans le Commonwealth et dans le monde, honorant la vie et l’héritage extraordinaires de feue Sa Majesté. Les hommages regorgent de mots tels que « grâce », « sagesse », « dévouement » et « charme ». D’aucuns racontent pour la première ou la ixième fois leur rencontre personnelle avec la reine. Dans toutes ces histoires, il est frappant de constater à quel point elle avait le don, en dépit du rôle monumental qu’elle occupait, d’établir un rapport personnel avec les gens.

Ces moments qui nous laissent entrevoir la personne derrière le titre prouvent qu’en plus de s’être si bien acquittée de ses fonctions publiques en tant que monarque, ce pour quoi elle est célébrée à juste titre, elle a également réussi à marquer à jamais le cœur et l’esprit de quiconque a eu la chance de croiser son chemin. Tant de nous ont ressenti ce lien, que nous ayons eu ou non le privilège de la rencontrer en personne. Je sais que des gens de toutes les provinces et de tous les territoires, notamment les résidants des villes où elle s’est arrêtée lors de ses visites au Canada, se remémorent le passage de Sa Majesté dans leur région avec énormément de fierté.

Évidemment, je ne fais pas exception. Je vous rappelle que ma province, la Nouvelle-Écosse, a eu le plaisir d’accueillir la reine Elizabeth à cinq occasions distinctes. Sa première visite officielle était en 1951, alors qu’elle était encore princesse. Au sujet de son passage à Cap-Breton, CBC News raconte :

Quand cette superbe jeune fille et son séduisant mari sont venus nous voir au Cap-Breton, c’était le plus grand jour que nous ayons jamais eu sur l’île.

Son dernier voyage en Nouvelle-Écosse remonte à 2010, et ce fut également sa dernière visite royale au Canada. Elle avait alors entamé sa tournée royale à Halifax et avait participé à plusieurs événements importants, dont la célébration du 400e anniversaire du baptême du grand chef Henri Membertou dans le cadre d’un événement culturel mi’kmaq, la célébration du centenaire de la Marine royale canadienne et la nouvelle inauguration de la résidence du gouverneur pour sa réouverture après rénovations.

La première visite officielle de la reine Elizabeth au Canada en tant que monarque a eu lieu en 1957. C’est la première fois qu’elle a inauguré la session parlementaire en lisant le discours du Trône dans la salle du Sénat. À cette occasion, elle a rappelé les paroles de « l’autre Élisabeth », qu’elle a citée en disant : « [L]a gloire de ma couronne aura été d’avoir régné entourée de votre amour. » Elle a ensuite déclaré :

Maintenant, ici, dans le Nouveau-Monde, j’aimerais vous dire, à mon tour, que mon plus grand désir est que, dans les années à venir, je puisse ainsi régner au Canada et rester ainsi présente a vos mémoires.

Chers collègues, je ne peux m’empêcher d’ajouter que le souhait de feue Sa Majesté a été exaucé.

Elle a également ouvert la troisième session de la 30e législature lors de sa tournée du jubilé d’argent en 1977. À cette occasion, elle a déclaré au Parlement :

Lors des dix voyages que nous avons faits ensemble au Canada en vingt-cinq ans, dont sept durant la dernière décennie, le Prince Philip et moi avons rencontré des milliers de Canadiens, de tous milieux et de tous âges, dans chaque province et territoire. Mes meilleurs souvenirs de ces voyages à travers le pays, je les dois à ces contacts personnels qui m’ont révélé la force énorme et l’étonnante diversité du Canada.

Comme on l’a souligné plus tôt, le dévouement de la reine aux contacts personnels sera son legs pour la postérité. À titre de monarque ayant fait le plus de voyages officiels de l’histoire, elle recherchait constamment ce genre d’expériences.

Sa Majesté a certainement rempli la promesse qu’elle avait faite à 21 ans, lorsqu’elle a déclaré que toute sa vie serait dédiée au service. D’ailleurs, la dernière photographie publique de la reine a été prise devant un foyer du château de Balmoral où la reine se tenait pour la nomination officielle de la nouvelle première ministre britannique, la quinzième à occuper ce poste sous le règne de la reine. Cette rencontre a eu lieu seulement deux jours avant le décès de la reine. Le lendemain, la dernière déclaration publique de la reine était publiée; elle s’adressait à la gouverneure générale et à la population du Canada pour offrir ses condoléances à la suite des attaques survenues en Saskatchewan et dire qu’elle pensait à la nation crie de James Smith et à la tragédie qu’elle avait vécue. Sa Majesté a exprimé sa douleur face à ce que nous vivions et c’est maintenant à nous d’exprimer notre douleur face à son départ.

Le deuil est une chose compliquée, et j’aimerais reconnaître que nous avons tous entretenu une relation différente avec la monarchie. Certains sont peut-être aux prises avec des émotions contradictoires ces jours-ci. Mes pensées accompagnent en particulier les peuples autochtones, car leur relation était une relation fondée sur des traités. Même si bien des sénateurs ont parlé du respect et de la compassion de la reine, c’est certain qu’il reste beaucoup de travail à faire dans le cheminement vers la réconciliation.

La reine a déjà dit que « le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ». Au nom du Groupe progressiste du Sénat, j’offre mes sincères condoléances à la famille royale et à tous ceux qui pleurent la perte de ce monarque bien-aimé. Que son héritage de force, de stabilité et de service soit une inspiration pour nous tous.

Qu’elle repose en paix. Que Dieu protège le roi.

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