L’honorable Julie Miville-Dechêne : Monsieur le ministre, aujourd’hui au Québec, plus de gens sont abonnés à des plateformes de diffusion en continu comme Netflix ou Disney+ qu’à la télévision par câble, et la découvrabilité des contenus francophones en souffre.
Cela fait dire à plusieurs qu’il serait temps que Radio-Canada, TVA+ et Noovo s’unissent pour créer une plateforme unique qui remplacerait ICI TOU.TV, illico+ et Crave, plateforme à laquelle on pourrait aussi ajouter des contenus de l’ONF, qui sont eux-mêmes des trésors.
Toutes ces entreprises étant de compétence fédérale, avez-vous l’intention de promouvoir cette idée? Allez-vous rencontrer les dirigeants de ces entreprises pour connaître leur position à ce sujet et les inciter à unir leurs forces, plutôt qu’à rester de simples concurrents, tous écrasés par la concurrence américaine?
L’honorable Steven Guilbeault, c.p., député, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles : Je vous remercie de la question. Vous avez parlé de l’important concept de découvrabilité, concept que j’ai introduit dans le projet de loi C-11.
Il y a deux endroits dans le monde où on fait cela : l’Union européenne et le Canada. Grâce au projet de loi C-11, depuis mon arrivée, j’ai rencontré plusieurs dirigeants, je ne les ai pas tous et toutes rencontrés encore. La question de créer une plateforme unique n’a pas été mentionnée.
Évidemment, il faut faire très attention. On voit ce qui se passe au sud de la frontière, où le gouvernement essaie de dicter ce que les diffuseurs publics ou privés devraient ou ne devraient pas dire. Je crois qu’il faut faire preuve de prudence. Je vous dirais que si ces entreprises ou le diffuseur public décidaient de s’associer et de venir dire au gouvernement qu’ils veulent faire quelque chose comme ça, je serais très ouvert à cette suggestion. Je pense qu’il faut que cela vienne d’eux et que cela peut difficilement venir du gouvernement.
La sénatrice Miville-Dechêne : Vous n’avez pas forcément d’opinion sur cette question. N’est-ce pas?
M. Guilbeault : Honnêtement, je ne suis pas un expert de la question des plateformes, bien que je m’y intéresse beaucoup.
Est-ce que ce serait mieux d’avoir une seule plateforme? Encore une fois, je vous dis que j’aurais d’importantes réserves à ce que le gouvernement fédéral ordonne à ces gens de faire les choses de cette manière. Si ces gens veulent venir vers le gouvernement fédéral pour lui demander de travailler avec nous parce que c’est comme ça qu’ils veulent faire les choses, je serais très ouvert à l’idée. Cependant, il faut vraiment que cela vienne du milieu; cela ne peut pas venir de nous.