L’honorable Andrew Cardozo : Honorables sénateurs, je suis ravi de souligner aujourd’hui le 35e anniversaire de la Loi sur le multiculturalisme canadien, adoptée à l’été 1988. Je profite de l’occasion pour donner un bref aperçu de la politique de multiculturalisme au Canada.
Dans son rapport publié en 1969, la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme recommandait la mise en place d’une politique de bilinguisme et une étude impérative sur la contribution d’autres groupes ethniques. Il vaut la peine de souligner que le sénateur Paul Yuzyk a été l’une des premières et des plus éminentes voix à utiliser le terme « multiculturalisme » dans son premier discours dans cette enceinte en 1964.
En réponse au rapport de la commission d’enquête, le premier ministre Pierre Trudeau avait annoncé, en octobre 1971, la création d’une politique de multiculturalisme, une première du genre à l’échelle mondiale. L’objectif consistait à incorporer la politique de multiculturalisme dans un cadre bilingue. Au départ, la politique portait davantage sur les aspects culturels mais, au début des années 1980, on y avait ajouté un volet social qui incluait la lutte contre le racisme. Le ministre responsable du multiculturalisme de l’époque, Jim Fleming, avait également mis sur pied le premier comité parlementaire sur le racisme, qui a publié un rapport historique en 1983 intitulé L’égalité ça presse!.
En 1982, le principe du multiculturalisme était inscrit à l’article 27 de la Charte canadienne des droits et libertés, auquel souscrivaient, bien sûr, toutes les provinces. Il vaut la peine de noter que d’autres articles de la Charte portent sur des enjeux pertinents comme l’égalité, la promotion sociale et la liberté de religion.
En 1984, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau a présenté la première version de la Loi sur le multiculturalisme canadien, qui a été reprise, bonifiée, puis adoptée par le gouvernement Mulroney en juillet 1988, sous la direction du ministre responsable de ce dossier, Gerry Weiner. Cette loi a d’ailleurs été adoptée à l’unanimité à la fois par les Communes et par le Sénat. Je signale au passage que le Parlement est tout à fait habilité à siéger en juillet si les circonstances l’exigent, et nous approchons justement du mois de juillet.
Au fil des ans, le multiculturalisme a pris de l’expansion sous la houlette de plusieurs ministres de renom, dont Stan Haidasz, David Crombie, Jack Murta, David Collenette, Hedy Fry, Jean Augustine, Jason Kenney et le ministre actuel, Ahmed Hussen. Même si cette politique jouit d’un vaste appui, elle est aussi critiquée par certains, car on peut dire une chose et son contraire des politiques qu’elle met en œuvre : respectueuses et traditionnelles; rassembleuses et controversées; woke et typiquement canadiennes.
Nous soulignons cette année le 35e anniversaire de cette politique, alors l’occasion est bonne pour réfléchir à la manière dont elle a façonné notre pays ainsi qu’à la direction à prendre, puisqu’un de ses buts consiste à favoriser le respect et à combattre le racisme.
En terminant, je salue mes mentors à moi, les ministres Fleming, Weiner, Augustine et Fry. Tous ces parlementaires ont laissé leur marque dans notre société, ils ont servi le Canada avec distinction et ils ont défendu l’une des politiques les plus étroitement associées à l’identité canadienne. Merci.