L’honorable Pierre J. Dalphond : Honorables sénateurs, ma question s’adresse au représentant du gouvernement au Sénat.
J’aimerais poser une question au nom de ma collègue la sénatrice Dyck.
Le 4 juin, Chantel Moore, une Autochtone de 26 ans qui venait de quitter la Colombie-Britannique pour s’établir au Nouveau-Brunswick et qui avait hâte d’amorcer sa nouvelle vie, a été abattue par un policier qui avait été envoyé pour vérifier son état de santé mentale. Le ministre Marc Miller a déclaré ceci :
[…] Je suis indigné. Il faut rendre compte de tout ce qui s’est passé.
C’est le genre de chose qui ne cesse de se reproduire.
Malheureusement, il avait raison. Le week-end dernier, Rodney Levi, un Mi’kmaq de 48 ans du Nouveau-Brunswick, a été abattu par la GRC alors qu’il demandait de l’aide pour ses problèmes de santé mentale.
Il semble y avoir un problème. Le gouvernement va-t-il s’engager dès maintenant à prévenir des incidents de cette nature, à empêcher que d’autres personnes souffrant de problèmes mentaux ne soient tuées? Par exemple, s’engagera-t-on à financer des unités d’intervention mobiles, c’est-à-dire des unités composées d’intervenants en santé mentale et en travail social accompagnés de policiers qui peuvent répondre à des situations selon une approche plus complète permettant de désamorcer une situation, comme le sénateur Sinclair l’a proposé lors d’une entrevue récente?
L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) : Je vous remercie pour votre question. Nous vivons une triste époque. Nous sommes confrontés à des tragédies, à de la violence et à de la souffrance et c’est extrêmement troublant. Je sais que nous sommes tous touchés par ces décès. Le gouvernement est très inquiet de la situation actuelle, et le premier ministre a été très clair dans ses déclarations lorsqu’il a conclu que ce problème, qui a entraîné la mort tragique de ces personnes et des actes de violence, est bien enraciné dans notre société et notre histoire. Il existe depuis très, très longtemps, comme nous le savons tous, chers collègues.
Ce ne sont pas nos mots, et encore moins le gouvernement, qui pourront régler la situation, car ce n’est pas la réalité du monde d’aujourd’hui. Le gouvernement maintient son engagement à faire sa part, en collaboration avec la société civile, les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux ainsi que les institutions comme la GRC et les corps policiers des provinces. Nous devons unir nos forces pour trouver des solutions qui nous permettront de faire des progrès vers la résolution des problèmes de fond dont ces horribles tragédies découlent.
Les tragédies dont vous avez parlé — les horribles événements survenus au Nouveau-Brunswick — font l’objet d’une enquête, comme vous le savez, par un bureau du Québec qui a une certaine indépendance. Ce n’est pas exactement que nous attendons les résultats avec impatience, mais lorsque nous recevrons les rapports, je peux assurer au Sénat que le gouvernement prendra très au sérieux toutes les recommandations qui seront formulées. De manière plus générale, le gouvernement est déterminé à travailler avec les institutions relevant de sa compétence afin de faire avancer et d’améliorer les relations au pays pour réduire le nombre de tragédies de ce genre et les chances qu’elles se produisent — et idéalement faire en sorte que cela n’arrive plus. Merci de votre question.
L’honorable Pierre J. Dalphond : Dans cette perspective, rappelons que le ministre des Affaires autochtones du Nouveau-Brunswick a déclaré que le problème qui grève le système de justice, c’est qu’il est empreint de racisme et de discrimination systémique.
Le gouvernement est-il toujours d’avis que la commissaire actuelle est en mesure de lutter contre cette discrimination systémique?
L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) : Sénateur, il ne m’est pas possible de répondre au nom du gouvernement à la question précise que vous avez posée.
Des dirigeants de divers ordres de gouvernement, notamment le premier ministre, le maire de ma ville et beaucoup d’autres élus reconnaissent qu’il existe un problème de discrimination systémique dans notre pays. Il incombe aux parlementaires que nous sommes ainsi qu’à nos élus de faire tout ce qui est possible dans nos zones d’influence respectives pour sensibiliser les gens et les pousser à confronter les réalités auxquelles nous faisons face et à agir, peu importe les mots employés. Les mots ont leur importance et sont une façon d’agir, mais ce sont surtout les actions qui comptent.
Le gouvernement actuel demeure résolu à faire son possible pour éliminer ce problème qu’est la discrimination systémique au Canada.