L’honorable Pierre J. Dalphond : J’apprends moi aussi avec tristesse le décès du très honorable Brian Mulroney, qui est survenu plus tôt aujourd’hui.
Je n’ai pas très souvent rencontré Brian Mulroney, sauf à quelques occasions au Ritz. Il y avait un bar bien connu dans cet hôtel. C’était un homme chaleureux et souriant.
Nous ne sommes pas de la même génération de juristes, mais quand j’ai commencé ma carrière comme jeune avocat, sa réputation était déjà faite. Il l’avait faite en droit du travail où il avait su démontrer, comme le soulignait le juge Gold, des qualités qui lui ont servi toute sa vie : l’écoute, la médiation et la manière de trouver une voie de passage. Ce sont ces grandes qualités qui ont fait de lui un médiateur reconnu en droit du travail partout au Québec, et surtout dans son bureau chez Ogilvy Renault, où il excellait à régler les conventions collectives les plus difficiles. C’est ce qui lui a même valu d’être nommé président d’Iron Ore en raison de ses qualités remarquables comme gestionnaire.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il a gardé ces qualités. Il les a gardées dans sa vie politique; il était toujours l’homme qui cherchait à écouter et à trouver une voie de passage. Comme Québécois, je veux lui rendre hommage pour tous ses efforts en ce qui a trait à l’Accord du lac Meech, qui est peut-être une occasion que nous avons manquée comme pays, mais dans laquelle il a investi considérablement et qui aurait dû réussir. Heureusement, certaines parties de cet accord sont en train d’être mises en place grâce à des jugements de la Cour suprême. Pour moi, c’est une œuvre qui reste et c’est l’une de ses contributions que je n’oublierai jamais.
Je dois dire aussi que lorsqu’il a participé à la négociation de l’accord de libre-échange avec les États-Unis, le Québec était derrière lui, et que j’ai voté moi-même pour lui. C’est un homme qui a eu mon vote plus d’une fois, parce que je trouvais qu’il méritait le soutien des Québécois pour les efforts qu’il a faits pour assurer que les Québécois se sentent à l’aise dans ce pays et pour combattre certaines idées qui étaient parfois excessives en ce qui a trait aux rapports entre les Canadiens français et les Canadiens anglais.
Il est impossible pour moi de ne pas souligner tous les efforts qu’il a faits pour combattre l’apartheid, surtout quand on regarde la série sur Nelson Mandela, et pour combattre Margaret Thatcher, qui était opposée à ses idées. À l’occasion de certaines conférences, il a amené les pays du Commonwealth à prendre position fermement et à appliquer un boycottage qui a porté ses fruits plus tard. Il est trop tôt pour en dire plus — je réagis à froid. M. Mulroney mérite un hommage à la hauteur de ses actions, et j’espère que le pays va le lui rendre.
Pour moi, ce soir, c’est un moment très triste. Je vais répéter un passage qui m’a frappé dans le discours que notre collègue la sénatrice Saint-Germain a prononcé plus tôt.
Ce soir, les yeux irlandais ne sourient plus.
Qu’il repose en paix.