L’honorable Jim Munson : Honorables sénateurs, je ne pensais jamais prononcer un tel discours au Sénat. Hélas, il s’agit de notre nouvelle réalité, celle de vivre avec la COVID-19, le coronavirus.
Au nom du groupe progressiste du Sénat, nous appuyons fermement les mesures qui sont prises par tous les paliers de gouvernement — fédéral, provincial, territorial, municipal et autochtone.
Nous avons posé des questions au ministre aujourd’hui. C’est normal. Nous avons des préoccupations, c’est normal. Nous continuerons d’exiger que de plus amples mesures soient prises, ce qui est aussi normal. Cependant, nous traversons une période sans précédent et il est crucial que nous nous serrions les coudes en tant que nation dans de telles circonstances.
Le temps presse. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter.
Les paroles de l’administratrice en chef de la santé publique du Canada m’ont frappé. Il y a quelques jours, la Dre Theresa Tam a dit ceci : « Il ne faut pas seulement aplanir la courbe, il faut l’aplatir. » Cela veut dire que tous les Canadiens doivent faire leur part.
Alors que nous sommes sur le point d’adopter cette importante mesure législative, le projet de loi C-13, je pense à tous les Canadiens qui en bénéficieront. Nous prenons en considération les travailleurs essentiels, comme ceux des épiceries et des pharmacies, ou les policiers, les travailleurs des postes, les personnes qui assurent l’entretien des immeubles et les propriétaires de petites entreprises qui s’inquiètent pour leur avenir. Tout ce que vous faites ne passe pas inaperçu.
Les Canadiens qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée pour s’occuper de nos citoyens les plus vulnérables sont aux premières lignes de notre système de santé. Ils travaillent de longues heures loin de leur famille pour veiller au bien-être d’étrangers. Tout ce que vous faites ne passe pas inaperçu.
Des bénévoles livrent de la nourriture et des produits essentiels à leurs voisins. Nous savons aussi que bien des Canadiens sont forcés de rester à la maison et de modifier leur train-train quotidien. On voit des gestes d’humanité en dépit des difficultés.
Tous les gestes comptent. Les efforts consentis aujourd’hui détermineront la longueur et l’ampleur des conséquences de la pire crise de santé publique à laquelle le Canada et le monde aient jamais été confrontés. Je remercie donc tous les Canadiens de leur contribution en cette période d’incertitude. Nous savons que la situation n’est pas facile.
Je souligne souvent l’importance de la bonté et de l’inclusion, mais dans les circonstances actuelles, ce sont vraiment des impératifs dont je dois encore une fois faire mention. Il faut se rappeler que le plus petit geste peut avoir une énorme incidence. Je songe aux gens qui vivaient déjà dans l’isolement avant la crise, aux personnes ayant des handicaps physiques et cognitifs et qui comptent sur des bénévoles et des groupes communautaires pour avoir des rapports humains et socialiser. Il faut leur tendre la main. On ne peut les oublier. Je sais que nos dirigeants et nos concitoyens ne permettront pas que cela se produise.
Je suis heureux de constater qu’on utilise la langue des signes dans nos bulletins de nouvelles pendant cette épreuve. Voilà enfin une mesure concrète d’équité et d’inclusion à l’égard des malentendants. Je sais que des milliers de Canadiens qui communiquent par la langue des signes apprécient d’être informés en temps réel.
Je salue également ce partage quotidien détaillé d’information à l’intention des Canadiens dans les bulletins de nouvelles. Il est réconfortant pour la population de pouvoir bénéficier de communications prévisibles et fiables. Nos journalistes travaillent jour et nuit pour nous tenir informés et branchés sur le monde. Votre travail ne passe pas inaperçu et nous vous remercions.
Je ne cesse d’entendre que nous devons être solidaires, ce qui signifie que certains ont besoin de notre amour et de notre soutien plus que jamais. Je songe encore une fois aux aînés et aux malades, à ceux qui souffrent d’une déficience intellectuelle, aux autistes, aux personnes qui souffrent d’un handicap physique.
Honorables sénateurs, pendant les Jeux olympiques spéciaux, on s’étreint beaucoup. C’est difficile à faire maintenant, n’est-ce pas? Cela ne devrait toutefois pas m’empêcher ni vous empêcher d’envoyer un câlin virtuel, un câlin en ligne ou un câlin téléphonique dès maintenant. Nous devons être solidaires plus que jamais.
Encore une fois, il y a toutes ces personnes dans le système de santé qui se tiennent aux premières lignes, et ce, d’un bout à l’autre du pays. Vous qui prenez soin des autres êtes une source d’espoir. Il y a les travailleurs des banques alimentaires qui nourrissent ceux qui en ont besoin. Ils le font parce qu’après tout, nous sommes au Canada, un pays où on se soucie des autres. Ce n’est pas toujours facile, mais nous arrivons tous à trouver courage.
Je conclus sur ces quelques mots. Nous avons tous notre histoire. En 1918, mon père avait 8 ans quand un nouveau virus de la grippe se propagea. Nous connaissons la terrible issue de cette grippe. La Première Guerre mondiale, qui tirait à sa fin, a été suivie de la Grande Dépression, puis de la Deuxième Guerre mondiale. Ensuite, dans les années 1940 et 1950, la polio a fait des ravages. C’est quelque chose vivre tout cela.
Mon père est décédé en 2003. Il avait 93 ans.
Voilà où je puise mon courage.
Aujourd’hui, collectivement en tant que pays et individuellement, nous prenons des mesures pour vaincre la COVID-19. Nous devons tous aller dans le même sens, même si nous devons nous tenir à six pieds ou deux mètres les uns des autres pendant encore un certain temps.
Sur ce, honorables sénateurs, je vous engage à adopter cette mesure législative historique sans délai. Merci.