L’honorable Pierre J. Dalphond, conformément au préavis donné le 8 juin 2023, propose :
Que le Sénat reconnaisse que le prisonnier politique russe Vladimir Kara-Murza — lauréat du prix des droits de l’homme Václav Havel, collaborateur émérite du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, ami du Parlement du Canada — est un défenseur internationalement reconnu des droits de la personne et de la démocratie, dont l’emprisonnement injustifié pour avoir manifesté son désaccord avec la guerre injuste en Ukraine est emblématique des milliers de prisonniers politiques en Russie et dans le monde;
Qu’il soit résolu par le Sénat de décerner le titre de « citoyen canadien honoraire » à Vladimir Kara-Murza et de demander sa libération immédiate.
— Honorables sénateurs, je prends la parole pour coproposer que le Sénat appuie la motion adoptée à l’unanimité par la Chambre des communes la semaine dernière, et qu’il adopte une motion visant à décerner le titre de citoyen canadien honoraire au prisonnier politique russe Vladimir Kara-Murza. Je remercie le sénateur Housakos, la sénatrice Omidvar, la sénatrice Miville-Dechêne et la sénatrice Patterson, de l’Ontario, de leurs efforts de collaboration envers l’atteinte de cet objectif.
Comme cette motion l’indique, Vladimir Kara-Murza est un défenseur internationalement reconnu des droits de la personne et de la démocratie. Il est lauréat du prix des droits de l’homme Václav Havel et collaborateur émérite du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne, à Montréal. L’emprisonnement injustifié de M. Kara-Murza pour avoir manifesté son désaccord avec la guerre injuste en Ukraine est un symbole pour des milliers de prisonniers politiques en Russie et dans le monde.
Après avoir survécu à deux tentatives d’assassinat, M. Kara-Murza purge actuellement une peine de 25 ans en Russie à la suite d’un simulacre de procès qui a eu lieu après son retour courageux dans son pays natal l’année dernière.
Honorables sénateurs, le Parlement du Canada doit être solidaire d’un tel héros et d’un tel ami du Canada. M. Kara-Murza a visité notre Parlement à deux reprises. En 2016, il a témoigné devant le Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international pour exhorter le Sénat à adopter la loi de Sergueï Magnitski, qui porte le nom d’une autre victime du régime de Poutine. Cette loi est entrée en vigueur en 2017.
En 2019, M. Kara-Murza a apporté son aide au Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes, avec l’honorable Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, dans l’étude sur l’état des droits de la personne en Russie.
L’épouse de Vladimir, Evgenia Kara-Murza, est coordonnatrice des efforts de défense des droits au sein de la Free Russia Foundation. En octobre dernier, elle a offert son soutien au comité de la Chambre que je viens de mentionner, dans le cadre d’une étude sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Elle a dit aux députés que 19 335 personnes ont été détenues de façon arbitraire en Russie depuis février 2022, soit depuis le début de la guerre en Ukraine.
La même semaine, Mme Kara-Murza a été invitée au Sénat. Bon nombre d’entre nous avons eu l’immense honneur de parler avec elle. Cette année, plusieurs sénateurs ont parlé de la situation de Vladimir Kara-Murza dans cette enceinte, y compris le sénateur Boehm, la sénatrice McPhedran et le sénateur Gold.
En avril dernier, la ministre des Affaires étrangères, l’honorable Mélanie Joly, a condamné le verdict de culpabilité de Vladimir Kara-Murza. Elle a déclaré ce qui suit, et je cite :
M. Kara Murza est un symbole de la défense courageuse et fondée sur des principes des valeurs démocratiques et des droits de la personne. Les tentatives de la Russie de réduire au silence les personnes de conscience ne font que renforcer la puissance de leur voix.
Au début du mois, la sénatrice Omidvar a coprésidé une conférence de presse avec l’honorable Irwin Cotler et un groupe de parlementaires, dont la sénatrice Miville-Dechêne et moi, pour jeter les bases de cette motion. Si M. Kara-Murza est informé de nos travaux, il doit savoir que ses amis, l’honorable Irwin Cotler, Bill Browder, Brandon Silver et bien d’autres, ont défendu sa cause sans relâche jusqu’à aujourd’hui.
Je veux aussi évoquer une lettre de soutien à cette initiative de la Ligue des droits de la personne, une agence de B’nai Brith Canada. Je cite un extrait de cette lettre :
Kara-Murza représente une lueur d’espoir pour une population de plus en plus opprimée par le régime autoritaire de Valdimir Poutine, qui tente d’écraser toute dissidence tout en poursuivant sa guerre criminelle contre son voisin, l’Ukraine.
Chers collègues, la citoyenneté canadienne honoraire est un honneur rarement conféré par le Parlement, et ce, par le biais d’une motion de la Chambre des communes et du Sénat. Parmi les quelques récipiendaires passés figurent des héros de l’humanité tels que Raoul Wallenberg, Nelson Mandela et Malala Yousafzai.
Le 8 juin, soit jeudi dernier, le député conservateur Tom Kmiec a obtenu le consentement unanime des députés du Parlement à l’égard d’une motion visant à conférer la citoyenneté honoraire à Vladimir Kara-Murza et à demander à la Fédération de Russie de le libérer.
En adoptant la motion dont nous sommes saisis, le Sénat du Canada se joindra à l’autre endroit pour montrer au monde que le Parlement du Canada défend ses amis et les prisonniers politiques du monde entier. Avec cette motion, exprimons-nous d’une seule voix en faveur de la liberté et de la justice pour Vladimir Kara-Murza. Envoyons un message fort aux dissidents de la tyrannie emprisonnés dans le monde entier : « Au Canada, on ne vous oublie pas. »
L’année dernière, l’épouse de M. Kara-Murza, Evgenia, a reçu le prix des droits de l’homme Václav Havel au nom de son époux. Ce prix lui a été décerné par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Dans une déclaration qu’elle a lue en son nom, M. Kara-Murza a dédié le prix aux milliers de Russes qui ont exprimé leur opposition à la guerre et qui ont choisi de ne pas demeurer « silencieux face à cette atrocité, même au prix de leur propre liberté ».
Il a ajouté ceci :
Il me tarde […] qu’une Russie pacifique, démocratique et sans Vladimir Poutine revienne à cette Assemblée et au Conseil de l’Europe, et que nous puissions enfin commencer à bâtir l’Europe unie, libre et pacifique que nous voulons tous. Même aujourd’hui, en cette période des plus sombres, je crois fermement que ce jour arrivera.
Sénateurs, cette motion vise à conférer la citoyenneté canadienne honoraire à l’homme ayant prononcé ces paroles courageuses. Rendons hommage à Vladimir Kara-Murza, un rayon d’espoir dans le ciel de Russie, et soutenons-le dans cette période difficile qu’il traverse. J’invite les sénateurs à adopter cette motion. Merci, meegwetch.