L’honorable Wanda Elaine Thomas Bernard : Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui au sujet des problèmes auxquels sont confrontés les jeunes qui sortent des foyers d’accueil lorsqu’ils atteignent la majorité. J’aimerais saluer le travail de la Ligue pour le bien-être de l’enfance du Canada qui réclame des changements dans le système et se fait le porte-voix des gens qui ont vécu ce genre de situation.
Généralement, les jeunes peuvent acquérir leur indépendance progressivement en fonction de leur maturité et reçoivent souvent de leur famille du soutien financier et émotionnel ainsi que de l’aide pour se préparer à voler de leurs propres ailes. En revanche, on s’attend à ce que les jeunes dans les foyers d’accueil deviennent indépendants dès qu’ils atteignent l’âge de la majorité, non lorsqu’ils sont prêts à le faire.
À l’heure actuelle, les services offerts après la sortie des foyers d’accueil diffèrent d’une province et d’un territoire à l’autre au Canada, et le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec n’offrent plus de services une fois que les jeunes deviennent majeurs. Cette abrupte transition peut déboucher sur l’itinérance, le chômage, la pauvreté, des problèmes de santé mentale et la maternité ou la paternité à un âge précoce.
De nombreux jeunes devenus trop vieux pour rester en foyer d’accueil risquent de se retrouver dans le système de justice pénale, que certains désignent comme le tunnel entre le foyer d’accueil et la prison. Or, il serait possible d’éviter de telles éventualités en changeant le critère de l’âge pour fixer le moment de la sortie du foyer d’accueil et en donnant accès à davantage de ressources, comme un logement sûr et des services en santé mentale culturellement adaptés.
Les jeunes des communautés autochtones et noires sont confrontés à des obstacles particuliers à cause de l’héritage de violence coloniale et du traumatisme intergénérationnel qui leur a été légué. Pour les jeunes Noirs, les conséquences de l’esclavage se traduisent par un traitement raciste dans les services de protection de l’enfance. Quant aux jeunes Autochtones, ils doivent composer avec l’héritage des pensionnats indiens et de la raffle des années 1960.
Les défenseurs des droits réclament une prise en charge plus équitable et exigeront que le gouvernement rende des comptes à l’égard de la promesse faite dans le budget de 2021 d’investir dans les services pour les enfants des Premières Nations, après la sortie des foyers d’accueil.
Honorables collègues, les jeunes vulnérables doivent être mieux soutenus pour faire la transition à la vie adulte. Selon le National Council of Youth in Care Advocates, tous les jeunes méritent d’être soutenus dans leur transition vers l’indépendance. Merci. Asante.