L’honorable Margaret Dawn Anderson : Akana, Votre Honneur et honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de l’inaction du Canada dans l’atteinte d’une égalité et d’une équité durables et réelles pour les peuples autochtones. Neville Bonner a déclaré ceci :
En tant qu’Aborigènes, nous devons encore lutter pour prouver que nous sommes tout simplement des êtres humains ordinaires, comme tout le monde.
Le 14 février 1831, Edward Everett — politicien, diplomate et représentant du Massachusetts — a pris la parole à la Chambre des représentants pour dire ceci :
Ici, au centre de la nation, sous les portails du Capitole, contemplons solennellement cette nouvelle ère de promesses rompues et de confiance ternie. Allumons un feu du Grand Conseil, non pas au sujet des traités conclus et ratifiés, mais plutôt des traités annulés et rompus. Allons récupérer aux archives ces parchemins sans valeur pour les brûler au grand jour. Il y aura des aspirations d’humanité tandis que nous accomplirons ce geste solennel. Ils ont été négociés pour des considérations valables; nous conservons la considération et brisons le lien.
Des documents historiques confirment que les politiques et les lois du Canada reflètent celles des États-Unis, qu’il s’agisse des traités, du département des Affaires indiennes, des agents des Indiens, des pensionnats autochtones ou des pratiques coloniales.
Nos terres, nos foyers, notre culture, nos familles, nos langues, notre patrimoine et tout ce qui nous définit en tant que peuples autochtones distincts nous ont été violemment enlevés par le Canada. Le Canada a les moyens de corriger le mal qu’il a fait. Par « moyens », je veux dire les traités historiques et modernes; les accords sur les revendications territoriales; les ententes conclues avec les Autochtones et les ententes sur l’autonomie gouvernementale, qui sont soutenues par la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones; le projet de loi C-91, Loi concernant les langues autochtones; le projet de loi C-92, Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis; les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation; et les appels à l’action de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Pourtant, en tant qu’Autochtones, nous sommes toujours aux prises avec des inégalités et des iniquités enracinées qui ont des répercussions profondes sur toutes les sphères de notre vie.
Ce n’est pas la responsabilité des Autochtones de réparer les torts causés par un pays. C’est celle du Canada et, par extension, la nôtre à titre de sénateurs. Quand nous adoptons des mesures législatives, nous devons tenir compte de la réalité des Autochtones et des répercussions qu’auront ces mesures si elles ne sont pas axées sur l’égalité et l’équité et qu’elles ne les favorisent pas. Les traités, les ententes, les recommandations et les rapports doivent être conséquents et entraîner la prise de mesures concrètes, importantes et délibérées qui apporteront des changements positifs et efficaces.
Les paroles de M. Everett sont aussi éloquentes aujourd’hui qu’elles l’étaient il y a 191 ans. Nous devons tous faire mieux.
Je termine mon intervention en citant Brené Brown : « [Être d]igne maintenant. Pas “si…”. Pas “quand…”. Nous sommes dignes d’amour et d’appartenance au moment présent. Tels que nous sommes à cet instant. »
Quyanainni, máhsi, merci.
Des voix : Bravo!