L’honorable Pierre J. Dalphond : Honorables collègues, pour ceux et celles qui ne l’auraient pas déjà fait, je vous invite à prendre connaissance de la déclaration du Caucus canadien des parlementaires noirs. J’y souscris entièrement, et j’espère voir d’autres sénateurs en faire de même.
J’aimerais maintenant faire une déclaration liée à ce sujet au nom de la sénatrice Dyck, dont j’ai traduit certaines parties de sa communication.
Le 4 juin, à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, Chantel Moore, une frêle jeune femme des Premières Nations, a été abattue par un policier pendant une intervention destinée à s’assurer qu’elle allait bien.
J’offre mes plus sincères condoléances à sa mère, Martha Martin, qui a déclaré :
Au lieu de planifier la célébration de ses réalisations, j’ai dû planifier ses funérailles. C’est une douleur que je ne souhaite à personne […] Nous voulons que la justice fasse en sorte qu’une chose pareille n’arrive plus jamais à une autre femme autochtone ou à qui que ce soit.
Malheureusement, Chantel Moore compte maintenant parmi les 1 200 femmes et filles autochtones qui ont disparu ou ont été assassinées au cours des 30 dernières années. L’augmentation de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones a été documentée pour la première fois par Amnistie internationale en 2004, puis par l’Association des femmes autochtones du Canada en 2005, dans son rapport Sisters in Spirit. Après une décennie de déni, dans un rapport publié en 2014, la GRC a reconnu que le nombre de femmes et de filles autochtones tuées ou disparues était, en fait, beaucoup plus important que ce qui avait été rapporté jusqu’alors.
À la suite d’une décennie de pression de la part des familles, du public et des parlementaires, nous avons mené une enquête nationale qui a documenté la violence accrue contre les femmes autochtones et qui a proposé, dans un rapport daté du 3 juin 2019, 231 appels à la justice.
Un an plus tard, jour pour jour, Chantel Moore a été tuée par un policier dans des circonstances qui semblent injustifiées. Entretemps, le gouvernement n’a pas présenté de plan d’action en réponse au rapport de l’ENFFADA.
Pire encore, la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, qui avait promis d’« examiner les causes de la violence systémique à l’égard des femmes et des filles autochtones du Canada, et [de] prévenir et [d’]éradiquer toute autre violence à leur égard », s’est contredite la semaine dernière au sujet de l’existence de racisme systémique au sein de la GRC. C’est inacceptable.
La sénatrice Dyck conclut ainsi :
Combien d’autres femmes et filles autochtones devront être assassinées pour que le gouvernement fédéral et la GRC reconnaissent et comprennent que le racisme individuel, ou l’indifférence, et le racisme systémique institutionnalisé sont les causes premières de la violence envers les femmes et les filles autochtones?