L’honorable Patricia Bovey : Honorables sénateurs, le discours qui suit est celui de la sénatrice Wanda Thomas Bernard, qui ne pouvait pas être avec nous aujourd’hui.
Honorables sénateurs, je prends la parole en appui au projet de loi S-201, Loi modifiant la Loi électorale du Canada et le Règlement adaptant la Loi électorale du Canada aux fins d’un référendum (âge de voter). Je remercie notre collègue la sénatrice McPhedran et le Conseil canadien de jeunes féministes des innombrables efforts qu’ils ont déployés dans ce dossier et d’avoir présenté cette question au Sénat. Votre dévouement envers le leadership et l’engagement civique des jeunes est admirable.
Plus tôt ce printemps, j’ai eu l’honneur de participer à une table ronde en ligne sur l’âge de voter et l’engagement civique en compagnie de notre collègue la sénatrice Clement, du maire adjoint de Shelburne, Steve Anderson, et de représentants d’Operation Black Vote Canada. Des jeunes Noirs de partout au pays y participaient également. Le message que j’ai entendu était très clair : les jeunes Noirs veulent prendre part aux processus décisionnels qui les concernent. Pouvoir voter plus rapidement serait extrêmement encourageant et valorisant pour les jeunes Noirs qui veulent changer les choses dans leur communauté. J’adorerais un avenir où il y a davantage de leaders noirs en politique municipale, provinciale et fédérale. Promouvoir ce genre d’engagement civique dès la jeunesse constitue un début prometteur.
Pendant cette table ronde, les jeunes ont fait part de leur aspiration à participer à la politique une fois l’âge du droit de vote abaissé. Ils ont partagé leurs anecdotes et leurs préoccupations au sujet de grands dossiers comme les changements climatiques, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la santé mentale et les répercussions de la pandémie sur les jeunes. Les jeunes sont directement confrontés à ces problèmes et sont parfaitement capables de comprendre le processus démocratique.
Bon nombre de ces jeunes gens se sentent privés de leurs droits parce qu’ils ne peuvent pas voter. Ils sont très favorables à la recommandation d’abaisser à 16 ans l’âge du droit de vote. Ils ont parlé du fait qu’ils prennent déjà des décisions au sujet de leur vie qui nécessitent d’avoir le sens des responsabilités et de faire preuve de jugement, comme le fait de conduire, de travailler ou d’avoir des relations sexuelles. Certains de ces jeunes prennent déjà des responsabilités en assumant le rôle d’adulte responsable et en prenant soin d’autres membres de leur famille. Ils croient que le fait d’abaisser l’âge de voter s’harmonise avec leur réalité et leurs responsabilités actuelles en tant que membres actifs de la collectivité. Comme la sénatrice McPhedran a déjà signalé les preuves qui démontrent la maturité et le sens des responsabilités des jeunes dans son discours, je n’en dirai pas plus à ce sujet.
Les Canadiens noirs ont historiquement été écartés de la sphère politique depuis notre arrivée sur ce territoire que nous appelons le Canada. Les antécédents de racisme, de ségrégation et de marginalisation nous ont fait sentir indésirables dans la majorité des espaces publics et privés et nous en ont désintéressés. En raison de ces antécédents, l’une de mes principales priorités, en tant que sénatrice, a été de participer aux séances de discussion avec de jeunes Noirs de la communauté à propos du leadership et de l’engagement civique. Je centre mes efforts sur les stratégies qui contribuent à offrir à ces jeunes des perspectives plus prometteuses et mobilisatrices. Beaucoup de jeunes sont prêts et aptes à devenir les leaders solides dont leur communauté a besoin. Ils ont simplement besoin qu’on leur donne la chance de participer de manière significative au processus démocratique.
Le troisième pilier de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations unies est le développement. Étant donné que les Noirs ont longtemps été mis à l’écart de la sphère politique, je crois que donner aux jeunes Noirs la possibilité de participer à la vie politique serait un élément important pour contribuer au développement. Un grand nombre de jeunes ayant participé à la table ronde jouent déjà un rôle dans les campagnes électorales locales, bien qu’ils n’aient pas le droit de voter pour les candidats qu’ils appuient. Les jeunes participants aux discussions ont exprimé leur frustration de ne pas être pris au sérieux tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore l’âge de voter. Abaisser l’âge de voter donnerait à ces jeunes l’espace dont ils ont besoin pour exprimer leurs opinions et leurs idées à propos d’enjeux cruciaux. Apporter ce changement permettrait à ces jeunes d’avoir une réelle influence dans leur communauté et leur pays.
Honorables sénateurs, j’appuie le projet de loi S-201. Après avoir participé à l’excellente table ronde pendant laquelle nous avons consulté de jeunes Noirs, j’ai confiance que ce projet de loi pourra mobiliser ce groupe démographique important qui est prêt à se prononcer sur les gens qui dirigent la collectivité. Appuyer ce projet de loi, c’est favoriser un avenir marqué par un leadership solide et l’engagement civique.
Chers collègues, la sénatrice Bernard écrit qu’elle me remercie d’avoir « généreusement présenté » ses observations à propos de cet enjeu crucial.
Avant de terminer, je tiens à dire que, comme la sénatrice, j’appuie ce projet de loi et que j’ai moi aussi fait beaucoup de consultations auprès des jeunes, notamment dans le Nord et auprès de jeunes Autochtones. Je remercie la sénatrice Bernard de nous avoir fait connaître son point de vue. Je remercie aussi la sénatrice McPhedran. Au nom de la sénatrice Bernard, « merci, chers collègues. Asante. »