L’honorable Wanda Thomas Bernard : Honorables sénateurs, j’ai l’honneur de prendre la parole devant vous aujourd’hui pour souligner deux principes du Kwanza : kujichagulia, qui signifie « autodétermination », et ujima, qui signifie « travail collectif et responsabilité ». J’aimerais vous en parler en vous racontant l’histoire inspirante de Maxene Prevost Shephard.
Maxene est née à Newport Station, en Nouvelle-Écosse, le 20 février 1931. Elle était l’une des 12 enfants de George et Stella Prevost. Elle a épousé Edward Shephard à un jeune âge. Ils ont déménagé à Truro, puis à Montréal. Ils ont eu trois enfants : Kevin, Glenn et Melodi. Comme la plupart des femmes néo-écossaises d’origine africaine de son époque, son histoire aurait dû se résumer à cela : être épouse, mère et grand-mère, mais ce ne fut pas le cas de Maxene. Poussée par la kujichagulia, elle a développé son potentiel au-delà de ces rôles traditionnels.
En 1974, en tant qu’apprenante adulte, Maxene a obtenu un diplôme d’éducation familiale du Collège Marie-Victorin, à Montréal. Pendant son stage, elle a travaillé avec Diane Jacobs, fondatrice de l’association des travailleurs sociaux de race noire du Canada. Même si cette association n’existe plus, cette expérience a inspiré l’engagement de Maxene à l’égard de l’ujima — le travail collectif et la responsabilité.
En 1979, Maxene est rentrée en Nouvelle-Écosse avec sa famille, investie d’une mission. Cette mission consistait à fonder une association de travailleurs sociaux de race noire en Nouvelle-Écosse.
C’est dans ce cadre que je l’ai rencontrée pour la première fois. Elle était une visionnaire, une guide, une pionnière qui m’a inspirée, moi et beaucoup d’autres. Lorsqu’elle m’a fait part de sa vision pour le groupe, j’ai été captivée. J’ai pu recruter deux autres femmes, Frances Mills-Clements et Althea Tolliver, et toutes les quatre, quatre Néo-Écossaises d’origine africaine soucieuses de leur communauté, dotées d’une conscience sociale et astucieuses sur le plan politique, nous avons travaillé ensemble pour changer la manière dont les services sociaux étaient fournis aux Néo-Écossais noirs.
L’engagement de Maxene envers l’ujima a jeté les bases de changements systémiques en Nouvelle-Écosse et au-delà. Si je suis qui je suis et où je suis, c’est en grande partie grâce à son mentorat, à ses encouragements et à son inspiration. Quarante-cinq ans plus tard, il existe, partout au Canada, des groupes relevant de l’association des travailleurs sociaux noirs qui poursuivent son legs de travail collectif et de responsabilité.
Chers collègues, remercions Maxene Prevost Shephard d’avoir planté une graine qui continue de croître.
Asante.