L’honorable Pierre J. Dalphond : Chers collègues, j’ai le plaisir de rendre aujourd’hui hommage à notre collègue, dans la langue de Gabrielle Roy et de Gaston Miron, qu’elle a bien connus.
En acceptant, en novembre 2016, de participer à la modernisation du Sénat, ce n’était, pour Me Dupuis, qu’un défi de plus pour cette avocate émérite, forte de 40 années vouées à l’avancement de la justice sociale.
Dès le début de sa carrière, elle se porte à la défense des droits bafoués des plus démunis, tels les chambreurs de Québec. À la fin des années 1970, elle participe à la création du Centre de santé des femmes du Québec, qui soutient le libre choix en matière de grossesse. Puis elle est retenue par les Atikamekw du Québec, auxquels s’ajouteront quelques années plus tard les Innus.
Comme elle l’explique dans son dernier livre, que j’ai lu avec plaisir — que j’ai même dévoré —, intitulé Ce chemin sous mes pas, elle ne parle pas pour eux, elle les accompagne plutôt avec conviction dans leur revendication d’autonomie.
En 1989, elle devient membre de la Commission canadienne des droits de la personne où elle participe à la lutte contre la discrimination et le harcèlement en milieu de travail, notamment le harcèlement sexuel des femmes. En 2001, elle est nommée à ce qu’on appelait alors la Commission des revendications particulières des Indiens, dont elle deviendra présidente en 2003 — la dernière, d’ailleurs.
Il n’est donc pas surprenant qu’elle devienne, en 2011, vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.
Ce qui fascine chez elle, c’est qu’elle a vite compris que la méconnaissance est une source de contentieux, de préjugés et de stéréotypes qui conduisent à la discrimination, tant individuelle que systémique. C’est pourquoi elle n’hésite pas à enseigner à l’École nationale d’administration publique, à donner des conférences partout dans le monde, à faire des présentations dans les écoles primaires et secondaires, à donner des entrevues aux médias, et à publier des livres et articles dont plusieurs ont été cités dans les discours précédents. Elle a même conçu et animé, en 1979, une série radiophonique qui faisait connaître des femmes innues aux auditeurs de Radio-Canada.
C’est au Sénat que j’ai pu enfin côtoyer cette personne formidable, tant comme voisine de pupitre que comme membre influente du Comité des affaires juridiques et constitutionnelles. J’ai été très heureux de travailler avec cette collègue indépendante d’esprit, qui écoute attentivement et prend toujours des notes avant d’offrir des commentaires pertinents, parfois même incisifs, qui reflètent ses grands talents juridiques et ses vastes expériences de vie tant professionnelle que personnelle.
Ma chère Renée, bon retour à l’île d’Orléans avec Pierre. Vous nous manquerez.
Des voix : Bravo!