L’honorable Julie Miville-Dechêne : Sénateur Moreau, tout d’abord, bon courage dans vos nouvelles fonctions. Je constate bien l’importance des grands projets pour le gouvernement, mais il y a tout un pan de l’économie du Québec qui est constituée de PME qui souffrent à cause de la nouvelle baisse des seuils d’embauche de travailleurs étrangers temporaires imposée par le gouvernement fédéral.
J’ai parlé à deux entreprises très inquiètes dans le Bas-Saint-Laurent : Aliments Asta a dû se départir d’une quarantaine de ces employés pour respecter les quotas fédéraux et l’entreprise perd des revenus, car elle ne peut pas faire autant de coupes de viande qu’auparavant. Cette inquiétude est aussi présente chez Lepage Millwork, qui fabrique des portes et fenêtres et qui craint de perdre 45 travailleurs temporaires en janvier, alors qu’elle a investi dans l’expansion de l’usine. Pourquoi nuire à ces entreprises?
L’honorable Pierre Moreau (représentant du gouvernement au Sénat) : Je vous remercie de la question. Je pense que l’objectif du gouvernement n’est évidemment pas de nuire aux entreprises; d’ailleurs, nous sommes très au fait des difficultés qui existent dans certains secteurs au chapitre du recrutement d’employés qui résident au Canada. C’est une question que je connais bien, particulièrement dans le domaine de la transformation et dans le domaine agricole; je connais bien ces entreprises, et ce que le gouvernement tente de faire au moyen du programme est de resserrer les critères pour faire en sorte qu’un maximum d’emplois soit confié aux travailleurs canadiens pour qu’ensuite, ces entreprises puissent véritablement avoir recours aux travailleurs étrangers.
Dans certains cas, les programmes peuvent poser des difficultés; le gouvernement en est conscient, et nous allons travailler à les améliorer. L’objectif du gouvernement est d’appuyer ces entreprises, qui sont très importantes pour l’économie du Canada.
La sénatrice Miville-Dechêne : Je vous remercie de votre réponse. Il reste que, particulièrement dans le Bas-du-Fleuve, il y a très peu de main-d’œuvre jeune. Il y a une main-d’œuvre beaucoup plus âgée; en fait, la population est vieillissante. Ce n’est pas une solution de dire que des jeunes veulent travailler dans ces cas-là, ce que l’on dit un peu ailleurs. Que dites-vous de cette situation sur le plan humain, puisque ce sont des familles et des enfants qui vivent dans l’angoisse de devoir quitter le Canada?
La diminution des quotas de travailleurs étrangers est-elle vraiment à l’avantage de l’économie du Québec…
Le sénateur Moreau : Madame la sénatrice, l’aspect humain doit être vu non seulement pour ceux qui craignent de devoir quitter le Canada, mais aussi pour les entrepreneurs qui ont bâti à force d’efforts des entreprises que ces employés permettent de soutenir. Il est évident que le gouvernement fait actuellement une révision des programmes. Dans ces cas, particulièrement pour ce qui est de la démographie ou des situations économiques qui touchent des régions, je crois que le gouvernement est engagé dans une révision des programmes. Les exemples que vous soulevez lui permettront certainement d’être plus alerte à cet égard.