L’honorable Andrew Cardozo : Chers collègues, je me concentrerai sur le Budget supplémentaire des dépenses, en particulier sur les dépenses liées à la défense qui répondent à la demande de l’OTAN de les augmenter.
Premièrement, j’aimerais remercier la sénatrice LaBoucane-Benson de nous avoir fourni l’information dont nous disposons et je remercie également la sénatrice Marshall pour ses analyses qui, comme d’habitude, nous éclairent beaucoup.
À titre de membre de l’Association parlementaire canadienne de l’OTAN, j’ai assisté, ce printemps, à une conférence à Dayton, en Ohio, où il nous est apparu clair que nous devions augmenter nos dépenses pour la défense. Toutefois, personne ne peut ignorer que le gouvernement des États-Unis semble vouloir miner les économies de ses alliés de l’OTAN. Nous devons donc saisir l’occasion d’augmenter nos dépenses pour la défense tout en bâtissant notre économie. C’est une obligation que nous avons.
Comme la sénatrice LaBoucane-Benson l’a dit, les dépenses budgétaires vont augmenter de 8,6 milliards de dollars par rapport à ce qui est inscrit dans le Budget principal des dépenses de 2025-2026. Elle nous a résumé cinq demandes du ministère de la Défense nationale. La première est d’augmenter la solde des militaires des Forces armées canadiennes ayant un grade inférieur à celui de colonel. Les Forces armées canadiennes ont grandement besoin d’une telle hausse, qui aurait dû être accordée il y a longtemps. Les quatre autres demandes ouvrent des perspectives intéressantes dans le secteur de la fabrication. Elles concernent la recherche et le développement, l’aide à l’Ukraine, le développement de capacités militaires stratégiques, ainsi que l’équipement et les infrastructures des Forces armées canadiennes.
Aujourd’hui, je veux surtout encourager le gouvernement à faire ses dépenses au Canada pour la recherche et le développement, l’innovation et la fabrication. Je partage le point de vue exprimé tout à l’heure par le sénateur Colin Deacon, au sujet de l’innovation et de la fabrication.
Voici quelques faits sur l’industrie canadienne de la défense, comme l’a souligné l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité. L’industrie apporte 9,6 milliards de dollars au PIB du Canada, investit 440 millions de dollars dans l’innovation chaque année et représente 81 000 emplois. En outre, 49 % de ses ventes proviennent des exportations. L’industrie est située dans toutes les régions du Canada et se compose de quelque 580 entreprises, grandes, moyennes et petites, qui ne demandent certainement qu’à croître.
L’industrie de la défense du Canada produit une gamme d’équipements, y compris des véhicules blindés légers, des fusils et des munitions. Je me permets de donner quelques exemples précis d’équipement de défense fabriqué au Canada. Roshel Canada fabrique des véhicules blindés légers et a son siège à Brampton, en Ontario. Soit dit en passant, lorsque nous examinons les défis auxquels fait face le secteur de l’automobile, nous pourrions peut-être envisager de construire des véhicules blindés légers pour aider ce secteur. Magellan Aerospace produit des roquettes et des fusées éclairantes. IMT Defence produit des projectiles forgés et de l’usinage spécialisé. HFI Pyrotechnics Inc. fabrique des produits pyrotechniques.
Je demande au gouvernement de voir à ce qu’autant que possible, ses dépenses dans le domaine de la défense soient concentrées au Canada, et ce, afin de bâtir l’industrie canadienne. Compte tenu des menaces tarifaires des États-Unis et des propos sur le 51e État, je pense que nous devons faire trois choses : acheter des produits canadiens dans la mesure du possible, fabriquer des produits canadiens et financer la recherche et le développement au Canada.
Chers collègues, vous savez peut-être que j’ai enregistré une série d’entretiens avec des Canadiens au sujet des relations entre le Canada et les États-Unis. Aujourd’hui, j’ai publié un entretien avec Daniel Tisch, président et directeur général de la Chambre de commerce de l’Ontario, ma province. Je le cite :
Nos membres dans le secteur de la défense se réjouissent des signaux favorables rapportés par la presse concernant les dépenses dans ce secteur qui profiteraient à l’industrie canadienne. Leur optimisme s’est accru encore cette semaine, vu la visite du premier ministre au sommet de l’OTAN.
C’est assez urgent, car il y a un risque de perdre cette base industrielle au profit d’autres pays qui augmentent, eux aussi, leurs dépenses de défense.
Je me permets de citer Benjamin Bergen, président du Conseil canadien des innovateurs :
Les dépenses du gouvernement pour la défense du Canada constitueront une occasion manquée pour toute une génération si nous ne veillons pas à ce que cet argent serve également à développer des entreprises canadiennes qui pourront répondre à nos besoins en matière de sécurité. Si les innovateurs ont l’assurance que le gouvernement prévoit d’importants contrats pour se procurer des systèmes de défense fabriqués au Canada, les risques liés à la recherche et au développement seront réduits pour les entreprises qui souhaitent commercialiser des technologies de pointe. Si nous consacrons plus de 2 % du PIB à la défense, nous ne devrions pas nous contenter d’acheter des produits prêts à l’emploi. Le gouvernement doit plutôt collaborer avec les acteurs du secteur privé afin de concevoir conjointement les systèmes et technologies de défense du XXIe siècle. C’est d’ailleurs ce que font tous les pays qui font partie des chefs de file dans le domaine.
Ces deux personnes indiquent que d’autres pays utilisent leurs dépenses militaires pour développer leur propre politique industrielle et leur industrie nationale. Nous devons certainement faire de même.
Lorsqu’il s’agit d’acheter à l’étranger, nous devons adopter une approche de réciprocité. Prenons par exemple l’annonce faite le 18 mars concernant l’achat d’un système radar transhorizon pour l’Arctique, d’une valeur de 6 milliards de dollars, que nous avons acheté à l’Australie. Nous devrions conclure un tel achat comme s’il s’agissait d’un accord commercial. Nous dépensons 6 milliards de dollars pour acheter des produits fabriqués chez eux, et ils dépensent 6 milliards de dollars pour acheter des produits fabriqués ici. C’est une dépense qui profite aux deux parties.
Bien que des sommes importantes soient prévues dans le budget pour les gros travaux d’entretien et de réparation, nous devons nous concentrer sur la fabrication au Canada. C’est essentiel. Je tiens à dire clairement que nous ne pouvons pas nous contenter d’être le réparateur Maytag de l’industrie de la défense. Nous devons nous efforcer d’être les innovateurs, les détenteurs des droits de propriété intellectuelle et les fabricants d’équipement de défense.
Je conviens que nous faisons face à un dilemme. D’une part, les nouvelles dépenses nécessaires pour atteindre l’objectif de l’OTAN doivent être engagées rapidement. Nous avons un objectif ambitieux et important à atteindre. D’autre part, nous avons une occasion unique de développer nos secteurs de l’innovation et de la fabrication et de créer de nombreux emplois bien rémunérés et durables au Canada. Comme l’a déclaré le premier ministre Carney, « nous devons bâtir l’économie la plus forte du G7 ».
Pour conclure, chers collègues, j’encourage les fonctionnaires et les ministres, en particulier ceux qui sont responsables de la Défense nationale, de Services publics et Approvisionnement Canada et de l’approvisionnement en matière de défense, à tout mettre en œuvre pour s’assurer que nous dépensons judicieusement ces milliards de dollars afin de bâtir l’économie canadienne et de soutenir de bons emplois pour les Canadiens.
Dans ce monde turbulent, nous pouvons veiller à ce que nos engagements envers l’OTAN permettent de bâtir l’économie canadienne et de créer de bons emplois pour les Canadiens. Merci.