L’honorable Peter Harder : Honorables sénateurs, je voudrais dire quelques mots au nom de ceux qui ont commencé leur carrière dans le service public et la politique à l’époque où Brian Mulroney était premier ministre. Cela remonte à plus loin qu’un an ou deux.
Je voudrais dire trois choses. Premièrement, Brian Mulroney était un adepte de la politique du rassemblement, pas de la politique de la division. Lors de la course à la direction du parti, en 1983, j’appuyais le chef précédent. J’avais été chef de cabinet de M. Clark et, quand ce dernier a quitté son poste de chef pour se présenter de nouveau, et j’ai été chef de cabinet d’Erik Nielsen, le chef intérimaire. Alors qu’il se rendait à l’isoloir pour voter au dernier tour, M. Mulroney est venu me voir et m’a dit : « Peter, tout va bien aller. »
Le lendemain matin, je suis allé le voir pour lui remettre ma lettre de démission. Il a dit : « Garde-la. » Nous avons commencé à parler de la nécessité d’être rassembleur en politique. Je lui ai alors demandé : « Donc, il n’y aura pas de représailles? » Sa réponse a été la suivante : « J’admire John Kennedy. Quand John Kennedy a remporté l’investiture du Parti démocrate, en 1960, quelqu’un lui a demandé : “Monsieur Kennedy, y aura-t-il des représailles?” Ce à quoi il a répondu : “Seulement au Massachusetts.” »
Je pense que nous pourrions tous renouer avec la politique du rassemblement et apprendre de cette approche. Il l’a suivie non seulement ce jour-là, mais également plus tard ce soir-là. Vous vous souviendrez qu’il a parlé publiquement à Erik Nielsen, un échange qui a été diffusé à la télévision. Il lui a dit : « Je sais que je n’étais pas votre premier choix, mais vous étiez le mien en tant que leader adjoint. » En posant ce geste, il a mis en pratique la politique du rassemblement et a rallié un caucus qui ne l’avait pas soutenu, du moins lors des premiers votes.
Ce que je veux dire, c’est que nous avons beaucoup à apprendre de l’approche du rassemblement en politique.
Ensuite, Brian Mulroney a été un homme remarquable, que l’on pense à son mandat ou à ses réussites. Pour réussir en politique, contrairement au secteur privé, il faut dépenser son capital politique. Il ne faut pas l’accumuler, mais l’utiliser. Beaucoup d’entre vous ont parlé des réussites. Je ne vais donc pas répéter cette liste. Je me contenterai de souligner qu’elles sont nombreuses.
La sénatrice Batters a parlé de l’Ukraine. Brian Mulroney a annoncé cette décision pendant une visite à Kennebunkport, en compagnie d’un président américain qu’il l’a prié de ne pas le faire, d’attendre deux semaines. Il l’a fait tout de suite.
Que l’on pense à l’Afrique du Sud, à l’ALENA, à l’accord du lac Meech ou à la TPS, il s’agissait toujours d’utiliser le capital politique pour accomplir quelque chose. C’est encore une fois un talent et une perspicacité qui mériteraient un peu plus d’attention, même dans le contexte actuel.
Le dernier point est le suivant : la politique est toujours personnelle. Partout où je suis allé au cours de la dernière semaine, j’ai rencontré des gens qui m’ont raconté une histoire au sujet d’un appel de Brian Mulroney ou quelque chose du genre. Je voudrais terminer avec ma propre anecdote. Lorsque j’ai reçu un appel un vendredi en fin d’après-midi et que je suis sorti d’une réunion pour le prendre, j’ai cru que mon fils s’était cassé la jambe. Mais j’ai entendu : « Bonjour, Peter. C’est Brian ». Il m’a lu ensuite le décret me nommant sous-ministre de l’Immigration — un poste que je n’avais pas demandé et auquel je ne savais pas que j’étais sur le point d’être nommé. La politique était toujours personnelle.
Des voix : Bravo!