L’honorable Patricia Bovey : Honorables sénateurs, le Canada a perdu un trésor national le 24 mars, lors du décès de Donald Sobey. Homme d’affaires accompli, ce fils du fondateur de Sobeys a été pendant de longues années directeur de la société mère, avant d’en devenir le président du conseil d’administration. Don était un philanthrope véritablement généreux envers le monde des arts, de l’éducation et de la recherche ainsi qu’envers la communauté. Il avait une envergure nationale, aussi bien pour les affaires que pour les arts. J’ai eu l’immense privilège de siéger au conseil d’administration du Musée des beaux-arts du Canada pendant que Don Sobey en était le président, de 2002 à 2008. L’art et la culture se trouvaient au cœur de ses valeurs.
Sa connaissance de l’art était inépuisable. Son amour de la collection en développement, des expositions, et surtout du travail des jeunes artistes était palpable. Ses qualités de meneur et ses compétences en gestion étaient tout aussi évidentes. Il faisait toujours preuve d’une grande prévoyance à l’égard de l’établissement : son personnel, ses programmes, son édifice et sa santé financière. Il a joué un rôle prépondérant dans l’acquisition d’œuvres du premier récipiendaire du prix Sobey pour les arts, Brian Jungen, du peintre Peter Doig, de la sculptrice Louise Bourgeois, ainsi que des œuvres exposées en public comme la sculpture de Michel de Broin, Majestic, et Chevaux au galop, de Joe Fafard.
Toute la population peut admirer les œuvres de Bourgeois et de Fafard à l’extérieur du Musée des beaux-arts. Don Sobey était à la fois chaleureux et solide comme le roc, en plus d’être une âme charitable.
Don a fondé en 2002 le très prestigieux prix Sobey qui récompense les jeunes artistes contemporains. Ce prix annuel a depuis lancé la carrière d’un grand nombre d’artistes. Compte tenu de la COVID-19, Don a réparti également les bourses de l’an dernier entre tous les finalistes. Cette année, les candidatures ont été ouvertes aux plus de 40 ans pour inclure tous les artistes émergents, et les bourses ont été bonifiées pour atteindre une valeur de plus de 400 000 $, « ce qui en a fait le prix d’art international le plus généreux », comme l’a souligné la publication The Art Newspaper.
C’était un véritable plaisir de visiter la demeure des Sobey et de découvrir leur collection privée. Je n’oublierai jamais les œuvres que j’y ai vues ni leur disposition — c’était magnifique. Son œil ne le trompait jamais. Nous avons parlé d’art, de ses acquisitions et des expositions internationales qu’il avait vues. Il revenait souvent sur les expositions de Londres, particulièrement sur celles de Peter Doig.
Don accordait aussi beaucoup d’importance à la recherche, à l’éducation et à la communauté. L’Université Dalhousie, l’Université Queen’s et le Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse ne sont que quelques-unes des institutions qui ont profité de sa sagesse, de sa philanthropie et de son intérêt. Au nom des artistes et des organismes de partout au Canada, j’offre mes sincères condoléances à son épouse Beth et à sa famille. Ses yeux rieurs, son regard pénétrant et son intérêt véritable pour le monde créatif et la nature qui l’entouraient nous manqueront beaucoup. Merci.