L’honorable Diane Bellemare : Benoît Pelletier était un homme remarquable, un politicien d’exception et un grand pédagogue. Il nous a quittés le 30 mars dernier à l’âge de 64 ans. C’est bien trop jeune. Il avait tellement à donner pour éclairer la société ainsi que nos gouvernements.
Son héritage s’étend à travers de multiples facettes : il était avocat, universitaire, politicien et homme de principes. Dans les années 1980, Benoît Pelletier a pratiqué le droit au ministère fédéral de la Justice. Par la suite, il a enseigné à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, et ce, avant et après son engagement sur la scène politique québécoise.
Au-delà de ses contributions pédagogiques, Benoît Pelletier était un homme engagé et soucieux de trouver un équilibre entre les droits individuels et collectifs, notamment en ce qui concerne la protection du français et des droits des minorités. Sa défense des lois sur la laïcité de l’État et sur la langue officielle et commune montre son engagement envers les valeurs québécoises. Il était également un fervent défenseur du principe de fédéralisme asymétrique.
Élu à l’Assemblée nationale du Québec de 1998 à 2008, Benoît Pelletier a été tour à tour ministre des Affaires intergouvernementales, des Affaires autochtones, de la Francophonie et de la Réforme des institutions démocratiques. Dans l’exercice de ses fonctions, il a toujours incarné la dignité et le respect. Cette capacité d’être un adversaire respectueux et de montrer en même temps une capacité de dialogue et de consensus est une qualité rare et précieuse en politique. Il était un exemple inspirant de leadership. C’est pourquoi ses opinions étaient importantes pour moi.
Pour toutes ces raisons, c’est avec beaucoup de fierté et d’humilité à la fois que j’ai reconnu ses contributions quand le Sénat a souligné le 150e anniversaire de la Confédération canadienne et a distribué des médailles à des Canadiens d’exception.
J’ai eu le privilège de m’entretenir avec Benoît Pelletier à quelques reprises. Par exemple, l’été dernier, alors que je travaillais sur le sujet de la hausse des taux d’intérêt, qui préoccupait beaucoup certaines provinces, je l’ai contacté pour sonder son opinion sur la constitutionnalité de la politique monétaire de la Banque du Canada. Il a été très attentif et fasciné par la question. Sa réponse a été réfléchie, comme celle du professeur Daniel Turp, à qui j’ai posé la même question et qui lui a rendu un vibrant hommage dans le journal Le Devoir.
Benoît Pelletier a incarné avec intelligence, charme et brio ce qu’une grande majorité de Québécois souhaite au fond du cœur et que l’humoriste Yvon Deschamps a résumé ainsi : un Québec fort dans un Canada uni.
Je l’ai aperçu dans la chapelle ardente organisée pour le très honorable Brian Mulroney. J’étais certaine d’avoir l’occasion de lui parler un autre jour. Il est parti trop tôt, et je n’ai pas eu le temps de lui parler ni de lui dire au revoir. Je tiens à offrir toutes mes condoléances à sa famille, ses proches et ses amis.
Merci.