La saison de la fierté

Par: L'hon. Kristopher Wells

Partager cette publication:

L’honorable Kristopher Wells : Honorables sénateurs, c’est la première fois que des artistes travestis sont présentés au Sénat du Canada. C’est vraiment une façon très appropriée de commencer la saison canadienne de la fierté.

L’origine du mot « drag » est intéressante. Certains pensent que le mot vient de Shakespeare, « drag » étant l’acronyme de « dressed as a girl », à l’époque où les femmes n’étaient pas autorisées à monter sur scène. D’autres pensent que le mot provient de l’époque où, au théâtre, les grandes robes colorées traînaient littéralement sur la scène.

Quelle que soit l’histoire à laquelle on croit, la drag est certainement une forme d’art incroyable et ancienne. Aujourd’hui, la drag représente un aspect important du développement de l’appartenance à la communauté 2ELGBTQI+ et l’expression de cette culture connaît une grande popularité à la télévision, notamment dans des émissions comme Canada’s Drag Race, dans des œuvres canadiennes comme le livre de Darrin Hagen The Edmonton Queen et sa pièce The Empress & the Prime Minister, et bien sûr dans la pièce révolutionnaire de Michel Tremblay Hossanna, qui date de 1973.

Que ce soit sur scène, à l’écran ou dans la communauté, la drag demeure une affirmation éloquente de l’égalité, dans la mesure où elle remet en question, de façon amusante, les stéréotypes et les préjugés sur le genre et l’identité. Surtout, comme toutes les grandes œuvres d’art, la drag nous fait réfléchir, rire et parfois même pleurer.

Alors que nous célébrons le début de la saison de la fierté, ce sont malheureusement les artistes travestis et les communautés de diverses identités de genre qui font l’objet d’attaques qui s’intensifient. On observe une montée très inquiétante des préjugés et de la discrimination contre les personnes transgenres et 2ELGBTQI+ dans le monde, aux États-Unis, et même ici, au Canada. La vague populiste de la prétendue idéologie du genre ne se manifeste pas seulement par un discours préjudiciable; elle vise fondamentalement à anéantir les progrès durement acquis au cours des dernières décennies dans des pays comme le Canada.

Cette année marque le vingtième anniversaire de la légalisation du mariage entre personnes de même sexe au Canada. Cette réalisation est une source de fierté pour notre pays et elle nous montre à tous ce qu’il est possible d’accomplir grâce au travail des militants, des alliés et des champions d’une cause. Ce changement capital est le produit du travail d’un nombre incalculable de personnes qui, conversation après conversation, ont contribué à ouvrir les cœurs et les esprits afin que l’amour finisse par l’emporter.

Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que nous ne pouvons jamais nous reposer sur nos lauriers après avoir accompli des progrès et que nous ne pouvons jamais cesser de travailler à bâtir une société plus juste et plus inclusive.

Honorables sénateurs, la semaine dernière, un autre roi nous a rappelé que le Canada est le pays souverain du Grand Nord, fort et libre, où nous sommes libres d’aimer qui nous voulons, libres d’être qui nous sommes et libres de vivre fièrement dans un pays où nous pouvons nous exprimer pleinement.

En cette saison de la fierté, j’espère que je parle au nom de tous mes honorables collègues quand je dis que nous restons vigilants et que nous défendrons toujours la diversité ainsi que les droits et libertés fondamentaux sur lesquels repose le Canada.

À tous les Canadiens d’un océan à l’autre, je vous souhaite un été rempli de fierté, d’amour, de rires et, espérons-le, d’un ou deux spectacles de travestis hauts en couleur.

Merci, Meegwetch.

 

Partager cette publication: