L’honorable Peter Harder : Honorables sénateurs, il était environ minuit et 14 minutes le 23 juin 1985 quand la minuterie de la bombe placée à bord d’un avion qui venait de partir de Mirabel et qui devait faire escale à Heathrow a détonné.
Les 329 passagers qui étaient à bord ont perdu la vie dans cet attentat odieux. Parmi eux, 82 enfants, 6 bébés et 29 familles entières. Cet acte de terrorisme a plongé dans le deuil de nombreux parents, veufs et veuves, frères et sœurs désormais uniques et enfants désormais orphelins.
Je peux seulement imaginer la peur, la confusion et la panique qui se sont emparées de ces gens pendant les secondes qui ont suivi, mais aussi les prières qu’ils ont dû faire. Je peux seulement imaginer la tristesse des familles et des amis endeuillés.
Avant le 11 septembre 2001, il s’agissait du pire acte de terrorisme visant un public voyageur de l’histoire. Je parle du vol 182 d’Air India.
Lundi, 40 ans se seront écoulés depuis cette tragédie canadienne. Il a fallu 20 ans et le rapport Leçons à retenir, publié en 2005 par l’honorable Bob Rae, pour que l’explosion du vol 182 d’Air India soit considérée comme un acte terroriste visant des Canadiens. Dans son rapport, M. Rae écrit :
Ne nous y trompons pas : l’attentat à la bombe contre le vol d’Air India était le résultat d’un complot ourdi et exécuté au Canada. La plupart des victimes étaient de nationalité canadienne. Il s’agissait d’une catastrophe canadienne, dont l’ampleur et la signification doivent être comprises par toute la population canadienne.
La Commission d’enquête relative aux mesures d’investigation prises à la suite de l’attentat à la bombe commis contre le vol 182 d’Air India, menée par le juge John C. Major, a été mise sur pied après la publication de ce rapport. Je tiens à remercier ces deux hommes pour le travail qu’ils ont accompli sur un sujet aussi crucial que délicat.
S’il n’en tenait qu’aux terroristes, un autre avion aurait aussi été détruit par une bombe. En effet, le 22 juin 1985, une valise déchargée d’un vol des Lignes aériennes Canadien Pacifique en provenance de Vancouver, qui devait être transférée vers le vol 302 d’Air India à destination de Bangkok, a explosé dans la zone de transit de l’aéroport Narita, à Tokyo. Nous ne devons pas non plus oublier cet attentat effroyable qui a coûté la vie à deux bagagistes.
Pendant que j’ai la parole, j’aimerais aussi offrir mes condoléances aux familles des personnes qui ont perdu la vie dans la catastrophe aérienne du vol 171 d’Air India, survenue la semaine dernière. Deux Canadiens, soit une Ontarienne et un résident permanent de la Saskatchewan, figuraient parmi les victimes.
Honorables sénateurs, je m’efforce de reprendre le flambeau de notre ancienne collègue Ratna Omidvar en revenant sur cette histoire. J’espère que ce rappel aidera la population canadienne à saisir l’ampleur et la signification de cette catastrophe et à s’assurer qu’elle ne tombe pas dans l’oubli.
Je vous invite, pour mieux comprendre cette horrible tragédie et contribuer à garder son souvenir bien vivant, à visionner le documentaire diffusé récemment par le réseau CBC intitulé Two Suitcases: Anatomy of the Air India Bombing. Merci.