L’honorable Andrew Cardozo : Madame la Présidente, tout d’abord, je dois dire que je suis très honoré de poser une question au cours de votre première semaine en tant que Présidente du Sénat. Félicitations.
Ma question s’adresse au représentant du gouvernement au Sénat.
Je voudrais poser une question au sujet de l’intelligence artificielle pour faire suite en quelque sorte à celle posée par ma collègue plus tôt. Cette technologie évolue depuis de nombreuses années, mais c’est vraiment de 2023 dont on se souviendra dans l’histoire en tant qu’année où l’intelligence artificielle a franchi un cap et est possiblement devenue plus intelligente que les humains. Il y a eu ChatGPT, et bientôt GPT-4 qui arrivera, et les lettres inimaginables publiées le 29 mars par les propriétaires et les inventeurs de l’intelligence artificielle qui demandaient à tout le monde de ralentir la cadence. Même Geoffrey Hinton, qu’on appelle souvent le parrain de l’intelligence artificielle, a demandé, la fin de semaine dernière sur les ondes de CBC Radio, aux gouvernements d’intervenir et d’imposer un cadre à l’intelligence artificielle. Je répète : les inventeurs de l’intelligence artificielle demandent au gouvernement d’intervenir pour freiner l’évolution de leur invention, qui semble vouloir échapper à tout contrôle. Cette semaine, je vous transmettrai un article sur ce sujet et sur la polarisation suscitée par l’intelligence artificielle rédigé par Shawn Brayman, un spécialiste des technologies logicielles.
Qu’est-ce que le gouvernement est prêt à faire pour maîtriser la situation dans le monde de l’intelligence artificielle où nous vivons et qui semble vouloir échapper à tout contrôle?
L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) : Je vous remercie. Chers collègues, comme vous le savez et comme l’a dit la sénatrice Coyle dans sa question, le gouvernement a présenté le projet de loi C-27, qui mettra en œuvre la Charte du numérique et dont une partie édictera la Loi sur l’intelligence artificielle et les données. Nous disposerons alors d’un cadre pour atténuer les risques associés à l’intelligence artificielle de même que ses effets néfastes, ici au Canada, et pour bien gérer les risques associés aux systèmes d’intelligence artificielle à incidence élevée.
Je crois également savoir que, dernièrement, le ministre Champagne a convoqué une réunion d’urgence du Conseil consultatif en matière d’intelligence artificielle justement dans le but de discuter d’intelligence artificielle générative et d’obtenir l’avis des spécialistes sur la voie que devrait prendre le Canada pour que l’intelligence artificielle soit utilisée de manière responsable.
Le sénateur Cardozo : J’ai une question complémentaire. J’aimerais approfondir un peu plus un des points abordés par M. Brayman dans son article. Selon lui, de 400 à 800 millions d’emplois pourraient disparaître en très peu de temps dans le monde à cause de l’intelligence artificielle. Comment peut-on se préparer à un tel changement de société? Craignez-vous qu’un bouleversement économique d’une telle ampleur puisse créer de l’instabilité et susciter la polarisation?
Le sénateur Gold : C’est une grande question. Comme je l’ai dit dans ma réponse à la sénatrice Coyle, il est indéniable que si la révolution industrielle a transformé la société dans les siècles passés, la révolution de l’information, qui a débuté il y a déjà plusieurs décennies, semble aujourd’hui avoir des conséquences encore plus dramatiques et rapides. Toute transformation provoque des bouleversements et des changements; on le constate non seulement dans ce domaine, mais dans l’économie en général tandis que notre monde entreprend une transition qui le fera passer d’une importante dépendance aux combustibles fossiles à d’autres formes d’énergie.
Le gouvernement s’occupe activement de ce dossier, notamment en ce qui concerne les risques, et je suis persuadé qu’il saura gérer les répercussions économiques des transformations qui ne manqueront pas de suivre la progression de l’intelligence artificielle dans tous les aspects de notre vie.