L’honorable Patricia Bovey : Honorables sénateurs, le Canada a récemment perdu deux icônes de renommée nationale et internationale : Peter Herrndorf et Gordon Pinsent. Tous les deux avaient des racines à Winnipeg. On dit que, au Canada, il y a six degrés de séparation. Je crois que, à Winnipeg, c’est seulement 0,6 degré.
Même si Gordon Pinsent était originaire de Terre-Neuve, sa carrière d’acteur a commencé à Winnipeg. Il est resté dans notre ville après sa carrière dans l’Aviation royale canadienne. Il a parlé de la qualité de la vie à Winnipeg, où il avait érigé des murs de sac de sable durant l’inondation de 1950. L’un des premiers emplois qu’il a occupés là-bas était celui de professeur de danse de salon. Cependant, en 1954, à l’âge de 24 ans, il a découvert le monde du théâtre. Peu après, il a rencontré John Hirsch et Tom Hendry. Cette rencontre a changé sa vie. Il a obtenu des rôles dans les mises en scène de la compagnie Theatre 77 d’Un chapeau de paille d’Italie et de Mort d’un commis voyageur.
MM. Hirsch et Hendry ont ensuite fondé le Manitoba Theatre Centre. Lors de la première année d’existence de cet établissement, M. Pinsent a été la vedette des pièces Une poignée de neige, Cendrillon, Des souris et des hommes et La Ménagerie de verre. Il y est revenu en 1972 pour jouer dans Blanches colombes et vilains messieurs. Nous savons tous les sommets qu’il a atteints dans sa carrière très diversifiée, et nous lui serons toujours reconnaissants.
Peter Herrndorf, avocat et détenteur d’une maîtrise en administration des affaires de Harvard, a mené une carrière légendaire à la télévision et à titre de président et chef de la direction du Centre national des arts. Il a grandi à Winnipeg, après avoir quitté les Pays-Bas à l’âge de 8 ans. Doté d’une curiosité insatiable, d’un esprit vif, d’une grande générosité et d’une nature déterminée, ce lecteur avide a tracé sa propre voie. Nos chemins se sont croisés il y a des dizaines d’années. Alors qu’ils étaient étudiants, mon frère aîné et lui ont vendu pendant l’été des encyclopédies de porte à porte. Un léger obstacle s’est un jour dressé sur leur chemin à Steinbach, mais c’est une histoire que je raconterai à un autre moment.
Source d’inspiration pour de nombreux Canadiens, M. Herrndorf a exprimé clairement l’amour et la fierté qu’il éprouvait pour le Canada tout au long de sa carrière. À la télévision, il est devenu vice-président de CBC. Il a attiré un plus large public au moyen d’émissions comme The Fifth Estate et en déplaçant The National à 22 heures. Sans niveler le contenu vers le bas, il l’a rendu plus accessible.
Il a été président de TVOntario avant de passer 19 ans à la tête du Centre national des arts. Il a redonné au centre son aspect « national ». J’ai été ravie lorsqu’il a commencé à inviter des organisations de tout le pays à se produire sur ces magnifiques scènes de la capitale du Canada. Il a aussi lancé la programmation autochtone.
Lors de nos rencontres fréquentes, Peter Herrndorf et moi discutions des objectifs que nous avions pour les artistes et les publics. Nous avions tous les deux hérité d’institutions culturelles en difficulté au même moment. Nos dîners étaient toujours fascinants, et nos discussions portaient sur une myriade de sujets. Nous parlions notamment du fait d’avoir grandi à proximité à Winnipeg, des défis du milieu des arts et des façons de les relever, et de nos rêves d’un avenir où tout le monde comprendrait et soutiendrait la véritable importance des arts dans l’ensemble des secteurs de la société.
Que ces deux personnalités passionnées et inspirantes reposent en paix.
Des voix : Bravo!