Le sénateur Klyne : Monsieur le ministre, merci d’être ici avec nous aujourd’hui. En établissant une journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le projet de loi C-5 répond à l’appel à l’action 80 de la Commission de vérité et réconciliation. Pour expliquer l’importance de cette mesure, la commission a écrit :
Les survivants ont partagé leurs souvenirs avec le Canada et le monde entier pour que la vérité ne soit plus niée. […] Ils veulent que les Canadiens sachent, se souviennent, se soucient et changent.
L’établissement d’une journée nationale pourra dorénavant contribuer à la diffusion de l’histoire du Canada comme récit collectif national, ce qui procurera à tous les Canadiens une meilleure chance d’apprendre la vérité, qui est le fondement de toute réconciliation. Cet exercice s’avère particulièrement important pour les Canadiens à qui l’on a enseigné mensonges et racisme au cours de leurs années formatrices. À cet égard, le projet de loi C-5 offre à tous l’occasion de s’instruire.
Ironie du sort, il se pourrait bien que les enfants soient la clé de la réconciliation et du changement.
Les jeunes ont le cœur et l’esprit ouverts non seulement à l’apprentissage de la véritable histoire de la tragédie infligée par les générations précédentes, mais également à la richesse des histoires et des cultures des nations autochtones, qui remontent à des milliers d’années avant la colonisation.
Forts de cette vérité, les jeunes autochtones peuvent apprendre leur langue et renouer avec leurs cérémonies, ce qui leur insuffle un sentiment d’appartenance, une fierté et une conscience du legs familial. Ils sentent qu’ils triomphent de l’injustice et qu’ils ont leur place dans le monde d’aujourd’hui.
Les jeunes non autochtones peuvent également découvrir la richesse de l’histoire et des cultures de leurs voisins et trouver une source universelle d’inspiration dans ce qui sera, selon moi, un combat victorieux pour le respect des droits ancestraux des Autochtones au Canada.
Tout cela permettrait aux jeunes Canadiens s’unir pour créer la société demain, une société meilleure.
Pourriez-vous nous parler de l’importance de l’éducation et des programmes scolaires, de l’importance des commémorations publiques pour favoriser la compréhension et la fierté au sein de la fédération canadienne quant à la véritable nature de cette dernière et quant au fait qu’il s’agit d’une nation formée de nombreuses nations?
M. Guilbeault : Monsieur le sénateur, c’est une question très importante. Je crois que seule l’éducation nous permettra d’arriver à la réconciliation. Il est impossible d’adopter une loi contre le racisme; ce serait peut-être plus facile si nous pouvions le faire, mais c’est impossible. La solution passe par l’éducation et je suis d’accord avec vous, ce sont les enfants qui nous amèneront jusqu’à la réconciliation si on leur enseigne la véritable histoire du Canada sans essayer de cacher des choses, même si elles font partie d’un pan douloureux et difficile à accepter de notre histoire. Je crois que cela fera d’eux de meilleurs citoyens mieux renseignés qui seront mieux outillés que nous l’étions, voire mieux outillés que nous le sommes présentement, pour travailler à l’atteinte de la réconciliation.
Le sénateur Klyne : Monsieur le ministre, de nombreux éléments font que l’histoire mise en lumière par la découverte faite à Kamloops est une tragédie déchirante. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation nous permettra de commémorer les divers éléments de cette tragédie.
Elle sera également l’occasion de célébrer les héros canadiens qui se sont illustrés lors de ce chapitre sombre. Je parle des survivants. Leur courage et leur résilience ont permis de faire ressortir la vérité, malgré toutes les épreuves et la souffrance qu’ils ont vécues. Les survivants ont obtenu une victoire juridique grâce à la convention de règlement issue de la Commission de vérité et réconciliation, et leur témoignage a mis le Canada face à la vérité. Comme l’indique le rapport de la commission, « leur victoire mérite d’être célébrée. »
Monsieur le ministre, pourriez-vous nous dire comment, d’après vous, la journée nationale nous aidera à célébrer le courage des survivants qui ont raconté leur histoire et le legs qu’ils auront laissé en tant que héros de l’histoire du Canada?
M. Guilbeault : Dans mes observations, j’ai parlé à quelques reprises de Phyllis Webstad, une survivante qui a lancé le mouvement populaire de la Journée du chandail orange. Mme Webstad est un bel exemple des héros dont vous parlez.
Il y a beaucoup de héros de ce genre au Canada, et la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation peut nous servir d’outil pour découvrir qui ils sont ainsi que pour célébrer et souligner le leadership dont ils ont fait preuve et le travail qu’ils ont accompli au fil des ans et, dans bien des cas, au fil des décennies.
Le sénateur Klyne : Merci.