L’honorable Patricia Bovey : Je vous remercie de votre présence parmi nous aujourd’hui, monsieur le ministre. La question que j’aimerais vous poser au nom du sénateur Klyne porte sur l’évacuation des interprètes qui ont travaillé pour les Forces armées canadiennes avant que les talibans ne prennent le contrôle de l’Afghanistan l’été dernier.
Le Canada a essuyé de nombreuses critiques pour sa manière de gérer l’évacuation de ces interprètes durant la crise. On constate de la confusion en ce qui concerne le processus utilisé pour déterminer quels employés ont été évacués, des inquiétudes persistantes concernant les personnes qui ont été laissées là-bas, et une crainte que le Canada n’arrive pas à embaucher des interprètes lors des prochaines missions à l’étranger.
Partagez-vous ces préoccupations, monsieur le ministre? Quel processus votre ministère a-t-il mis en place pour faire le tri des demandes d’évacuation des citoyens afghans, déterminer l’ordre de priorité des personnes à évacuer et accélérer les départs de ces alliés qui ont risqué leur vie pour nos forces armées?
L’honorable Sean Fraser, c.p., député, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté : Je dois faire preuve de prudence, car j’ai une connaissance personnelle de certains enjeux discutés aujourd’hui. Dans d’autres cas, je suis arrivé au ministère après les faits. Quoi qu’il en soit, je suis responsable du ministère.
Je profite de cette occasion idéale pour remercier toutes les personnes qui ont participé à l’évacuation. Grâce aux efforts déployés sur le terrain, des milliers de personnes peuvent refaire leur vie au Canada. Comme vous pouvez l’imaginer, lorsqu’on est en pleine zone de guerre, il règne un chaos total. Dans un contexte où des entités terroristes prenaient le contrôle de Kaboul et où des centaines de milliers de gens, voire des millions, tentaient de quitter la région, il était impossible d’utiliser un processus rigide fondé sur des partenaires de référence et des mesures de présélection adéquates, comme cela se ferait dans le cadre d’une initiative gérée essentiellement par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. À ce moment-là, notre décision a été d’essayer de repérer les gens qui avaient un lien avec le Canada pour les faire monter à bord des avions qui avaient un accès limité à la piste de Kaboul et pour les faire sortir du pays.
Depuis, nous avons évidemment été en mesure d’établir un processus plus solide, le genre de processus qu’on peut mettre en œuvre quand se produit une urgence de cette nature, pour faire en sorte que les gens puissent continuer de venir au Canada. Les arrivées continuent. Plus de 15 500 personnes sont déjà au Canada et d’autres arrivent chaque semaine.
Le travail que les membres de mon équipe ont accompli — dont certains travaillent encore avec moi et d’autres sont passés à autre chose, tant en ce qui concerne le ministre précédent que le ministère — n’était rien de moins qu’héroïque, en dépit de quelques imperfections en cours de route. Aucune réponse n’est parfaite dans une zone de guerre. Néanmoins, grâce aux actions de quelques Canadiens qui se sont efforcés d’évacuer certaines des personnes les plus vulnérables du monde à ce moment-là, des milliers de personnes ont pu gagner le Canada.