L’honorable Patricia Bovey : Bienvenue au Sénat, madame la ministre. Tout d’abord, j’aimerais dire à quel point la participation des Autochtones du Canada a été impressionnante lors de la COP 27.
Depuis le rapport publié en 2019 par le Comité sénatorial spécial sur l’Arctique, les problèmes liés aux changements climatiques dans le Nord se sont accentués. La fonte du pergélisol, en plus de la fonte des glaces de mer, occasionne de graves problèmes pour la construction et l’entretien des infrastructures, notamment des pistes d’atterrissage des aéroports qui sont essentielles pour accéder aux communautés du Nord. Comme vous l’avez dit au sénateur Plett, le gouvernement du Canada s’est engagé à combler l’écart en matière d’infrastructure d’ici 2030.
Existe-t-il un rapport sur l’avancement de ces projets qui dit où nous en sommes maintenant, en 2022?
L’honorable Patty Hajdu, c.p., députée, ministre des Services aux Autochtones et ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario : Je vous remercie beaucoup. Pour ce qui est d’un rapport sur la situation, je signale qu’il existe de nombreuses analyses des écarts, mais je pense qu’aucune n’est approfondie. Cependant, après ma nomination il y a un an, j’ai demandé aux fonctionnaires de mon ministère de se mettre à la tâche. Ainsi, nous commençons à avoir une meilleure idée de la situation, sur le plan fiscal à tout le moins.
Vous avez raison. Le problème tient certainement dans une large mesure à des considérations financières et, évidemment, les coûts augmentent. Plus les conditions climatiques se détériorent et plus l’économie mondiale est frappée par des perturbations, plus les coûts liés à l’infrastructure augmentent.
Pour faire suite à votre observation, il est fort triste de constater que les collectivités autochtones sont les premières et les plus durement touchées par le changement climatique. Comme elles sont sur les premières lignes, elles en ressentent les effets plus durement. Elles voient les changements se produire sous leurs yeux.
L’interruption de l’accès à la nourriture brise le cœur. Je suis allée au Yukon pour rendre visite à la Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in. Aujourd’hui, je porte des boucles d’oreille qui viennent de cette région. Il n’a pas été pas facile de retenir mes larmes quand les habitants m’ont parlé de la perte de nourriture. Et le problème ne se limite pas à la nourriture : il tient également au lien entre la nourriture et sa valeur culturelle. J’aime à dire qu’au cours de la dernière année, les peuples autochtones m’ont appris du fond du cœur ce que cela signifie de penser à la planète et de considérer que nous faisons partie de la planète au lieu de penser que nous en sommes les maîtres. C’est vraiment un changement profond pour moi. J’informe aussi mes collègues que je suis devenue une sorte d’environnementaliste à tout crin, surtout quand je vois la dévastation dans des collectivités comme Peguis, dans la région de Coldwater Creek, en Colombie-Britannique, ou dans le Nord de l’Ontario, où les feux de forêt font des ravages, ou quand je rencontre les Tsilhqotʼin dans l’Ouest et que je vois le travail qu’ils font pour protéger leur communauté. Comme vous pouvez le constater, j’ai beaucoup à dire…
Son Honneur le Président : Je suis désolé, madame la ministre, mais votre temps de parole est écoulé.