L’honorable Wanda Elaine Thomas Bernard : Honorables sénateurs, ma question s’adresse aussi au représentant du gouvernement au Sénat. Sénateur Gold, alors que les Canadiens célèbrent le Mois de la fierté et la Semaine nationale du don de sang, je ressens l’obligation de poser la question suivante concernant les pratiques de la Société canadienne du sang. La Dre OmiSoore Dryden, titulaire de la chaire James R. Johnston d’études afrocanadiennes à l’Université Dalhousie, a récemment publié une lettre ouverte à l’intention de la ministre de la Santé pour souligner combien le questionnaire et le protocole de sélection de la Société canadienne du sang sont imprégnés d’homophobie anti-Noirs. En effet, les donneurs potentiels sont exclus s’ils sont nés dans certains pays d’Afrique ou en fonction de leurs antécédents sexuels, ce qui est discriminatoire à l’encontre des Noirs, de la communauté LGBTQ+, et en particulier des hommes noirs gais et queers. Le fait d’exclure des donneurs potentiels sur la base de ces facteurs, sans faire un test de dépistage du VIH, perpétue le stéréotype selon lequel on présume, à tort, que les personnes noires de la communauté LGBTQ+ sont porteuses du VIH.
La Dre Dryden se dit aussi préoccupée par le racisme anti-Noirs qu’elle a expérimenté de la part de la Société canadienne du sang alors qu’elle réclamait l’abolition de ses pratiques discriminatoires. Ses exhortations pour que cette institution médicale canadienne rende des comptes et remédie aux discriminations systémiques ont été reçues avec agressivité et avec des tentatives pour la faire taire ou rejeter ses préoccupations.
Sénateur Gold, comment le gouvernement canadien peut-il permettre à cette institution de conserver une politique qui établit une discrimination en fonction de l’identité raciale, de l’origine géographique et des antécédents sexuels?
L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) : Je vous remercie de poser cette question importante, madame la sénatrice. Le gouvernement considère que l’interdiction pour les homosexuels de donner du sang est, en fait, une pratique discriminatoire. On m’a informé que, depuis 2015, le gouvernement libéral a réduit la période d’attente : les hommes peuvent maintenant donner du sang si leur dernier contact sexuel avec un autre homme remonte à plus de 3 mois, ce qui est beaucoup moins long que la période d’attente de 5 ans qui existait en 2013. Cet enjeu fait l’objet de recherches continues. Le gouvernement a d’ailleurs financé 19 projets de recherche dans le cadre de ses démarches en vue d’amener la Société canadienne du sang et Héma-Québec à abandonner cette pratique discriminatoire et à adopter des critères fondés sur le mode de vie.
Pour ce qui est de l’interdiction concernant les personnes nées dans certains pays d’Afrique, je vais me renseigner auprès du gouvernement et revenir avec une réponse. Merci.
La sénatrice Bernard : Sénateur Gold, en plus de chercher à éliminer le racisme systémique, quelles mesures le gouvernement prendra-t-il pour rétablir la confiance de la communauté noire du Canada envers la Société canadienne du sang?
Le sénateur Gold : Je vous remercie, madame la sénatrice. Le gouvernement est conscient qu’il y a encore beaucoup à faire pour éliminer le racisme systémique présent dans le système de santé, qui a une incidence sur la perception que les gens ont du système. Je devrai obtenir plus de renseignements du gouvernement et revenir avec une réponse.