L’honorable Brian Francis : Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour parler des excuses présentées aux peuples autochtones par Sa Sainteté le pape François, au sujet du rôle de l’Église catholique dans le système des pensionnats.
Je suis catholique. Je suis également un survivant des externats indiens. Je peux vous dire qu’il était important pour moi d’entendre le pape se dire « très peiné » de la conduite de certains membres de son clergé. Mais j’aurais aimé qu’il aille plus loin. L’Église catholique doit assumer l’entière responsabilité du rôle qu’elle a joué dans l’instigation, le soutien et la défense du génocide historique et continu des peuples autochtones au Canada, notamment dans les pensionnats et les externats indiens, où la faim, la négligence, les abus et la mort étaient monnaie courante.
Elle doit aussi condamner la doctrine de la découverte et d’autres discours racistes et injustes qui, en plus de dépeindre les peuples autochtones comme inférieurs ou sauvages, ont aussi permis de les déplacer et de les déposséder de leurs terres et de leurs ressources.
Chers collègues, les excuses incomplètes ont été offertes après une semaine de réunions tenues à Rome à la demande des délégués autochtones. Elles sont le résultat d’efforts courageux et tenaces de survivants et de leurs descendants, qui se battent depuis des décennies pour mettre au jour la vérité, alors qu’ils sont toujours à se remettre du traumatisme.
C’est aussi le produit d’une indignation, tant au Canada qu’à l’étranger, à la suite de la découverte de milliers de tombes anonymes sur les terrains d’anciens pensionnats autochtones. N’eût été ces découvertes accablantes, mais pas surprenantes, qui sait combien de temps encore il aurait fallu pour que l’Église catholique présente des excuses.
Au cours des prochains mois, le pape François doit répondre à l’appel à l’action no 58 de la Commission de vérité et réconciliation, qui demande qu’il vienne au Canada pour présenter des excuses solides et significatives. Par ailleurs, l’Église catholique, qui a déjà failli à ses obligations au titre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, doit puiser dans ses vastes richesses pour procéder à d’importants dédommagements financiers. Elle doit aussi remettre tous les artefacts autochtones, de même que tous les documents et dossiers pertinents en sa possession. Ces prochaines étapes ne sont pas négociables.
En conclusion, chers collègues, à mes yeux, ces excuses partielles sont importantes, mais tout simplement insuffisantes. Si le pape est vraiment déterminé à suivre la voie de la vérité, de la guérison, de la justice et de la réconciliation, l’Église catholique doit le prouver par des mesures et des changements concrets.
Les actes répréhensibles de l’Église catholique ne sont pas uniquement choses du passé. Ils continuent d’affecter les Autochtones, y compris nos enfants, qui sont davantage surreprésentés dans le système de protection de l’enfance actuel qu’ils ne l’étaient au pire de l’époque des pensionnats autochtones. Wela’lin, merci.