L’honorable Terry M. Mercer : Honorables sénateurs, aujourd’hui, j’aimerais vous faire part de mes observations sur le projet de loi C-29, qui prévoit la reprise des opérations au port de Montréal. Est-ce qu’on voulait en arriver là? Non, mais je crois qu’il est important d’essayer de comprendre comment on en est arrivé là.
Nous avons entendu les témoignages des deux parties. Évidemment, chaque partie a une vision différente des raisons qui ont mené à cette situation, mais nous devons maintenant nous demander ce que nous pouvons faire.
J’ai grandi près du port d’Halifax. Je suis issu d’une longue lignée de fiers travailleurs syndiqués. Depuis longtemps, les syndicats se battent avec ardeur pour que les travailleurs qu’ils représentent puissent atteindre l’équité salariale, avoir suffisamment de congés, prendre leur retraite dans la dignité et jouir d’une foule d’autres garanties. Je continuerai d’appuyer les syndicats dans cette noble entreprise.
Je reconnais aussi que l’employeur a le devoir de traiter ses employés de manière équitable tout en assurant la rentabilité de l’entreprise, mais quels sont les coûts réels? Les deux parties sont dans une impasse. Je salue les efforts qui ont été déployés de part et d’autre pour trouver un terrain d’entente, mais comme ils n’ont pas abouti à une entente satisfaisante, nous sommes maintenant saisis d’un projet de loi de retour au travail.
Honorables sénateurs, des échanges commerciaux de centaines de millions de dollars et des milliers d’emplois sont en jeu. N’oublions pas non plus que la grève menace la libre circulation des biens et pourrait faire grimper leur coût. En plus de nuire à tous les Canadiens à un moment où ils ne peuvent pas se permettre ce genre de tracas, cette grève ternit notre image de pays commerçant. Il y a beaucoup en jeu.
Il y a déjà eu des grèves dans divers secteurs de notre économie et, dans bien des cas, des ententes équitables ont été conclues. Ce n’est pas le cas ici.
Quel est donc le problème? Est-ce que ce sont les salaires, les horaires, les conditions de travail? Tout dépend à qui vous posez la question. Ce que je sais, c’est que les deux parties doivent arrêter de se blâmer mutuellement et parvenir à une entente. C’est dommage qu’un tel projet de loi s’impose, mais espérons qu’une entente équitable puisse être conclue. J’encourage les deux parties à faire tout en leur pouvoir pour trouver une solution raisonnable, que le projet de loi soit adopté ou non.
Le port de Montréal pourrait subir de graves pertes économiques et pertes de stocks, ce qui ne fera que causer du tort aux Canadiens alors que notre pays se débat avec la troisième vague de cette pandémie mortelle.
Par le passé, le trafic portuaire a été détourné vers le port d’Halifax. Même si nous allons bien sûr accepter cette occasion d’affaires, je ne tolérerai pas que l’on dresse une partie du pays contre l’autre, même si la chaîne d’approvisionnement l’exige. Le port d’Halifax jouit d’une paix constante dans les relations patronales-syndicales depuis des années, et je félicite les syndicats et l’employeur d’avoir respecté et maintenu les ententes. J’espère que toutes les parties concernées continueront à le faire.
Au fil des ans, par exemple, il y a eu aussi de nombreux conflits de travail au port de Vancouver, comme c’est le cas actuellement au port de Montréal.
D’où la question que j’ai posée plus tôt : pourquoi continuons-nous à avoir des négociations difficiles, longues et parfois acrimonieuses? Ne pouvons-nous pas apprendre les uns des autres partout au pays sur la manière de faire les choses correctement et respecter les deux parties?
Bien que je ne souhaite pas d’interruption des chaînes d’approvisionnement, je trouve difficile de voter pour un projet de loi qui mine les efforts du syndicat. Cependant, les dommages causés au port de Montréal et la perte de profits, comme nous l’avons entendu lors d’un témoignage plus tôt, pourraient être importants, et avec le détournement temporaire du transport maritime vers d’autres ports, que ce soit vers celui d’Halifax ou ailleurs le long de la côte Est, il n’y aura pas moyen de compenser tout cela. Cela va nous faire perdre des emplois et nous faire du tort à tous.
Cela dit, chers collègues, j’appuierai le projet de loi dans l’espoir que les deux parties parviendront à une entente convenable, même si elle est forcée. Les Canadiens en dépendent.
Honorables sénateurs, merci.