L’honorable Dennis Dawson : Honorables sénateurs, Votre Honneur, tout d’abord, je tiens à présenter des excuses. Hier soir, il y avait une réception au Métropolitain pour souligner mon départ, comme tout le monde l’a mentionné. Quand le Président est entré dans la salle, on a dit : « L’invité d’honneur arrive. Veuillez garder le silence. ». Il était effectivement l’invité d’honneur jusqu’à ce moment-là, mais, 30 secondes plus tard, le premier ministre est entré. Votre Honneur, je suis désolé que tout le monde vous ait oublié, mais j’ai quand même remarqué que vous étiez là. Je veux donc vous présenter des excuses, mais je pense que vous comprenez la situation.
Je pourrais dire un mot à propos de tous ceux qui se trouvent dans cette enceinte. C’est l’une des premières choses que j’ai faites en arrivant ici, et le sénateur Lapointe, avec qui je ne m’entendais pas très bien, ou même pas du tout, avait dit que ce genre de discours ne devait pas durer plus de 15 minutes. Or, nous en avons pour une heure, d’accord? J’ai croisé la sénatrice Batters pendant que je me promenais à l’autre endroit et je lui ai dit : « Non, sénatrice Batters, n’ayez pas peur. Je ne vais pas utuliser la totalité de mes 45 minutes et ne pas vous donner l’occasion de poser des questions parce que vous ne pouvez pas poser de questions. »
Bref, j’y reviendrai si j’ai le temps à la fin.
Honorables sénateurs, avec toutes les louanges que je viens d’entendre à mon sujet, je vais peut-être reconsidérer ma décision de partir. Je vais certainement conserver ces bons mots que je viens d’entendre pour les utiliser si jamais je me présente à nouveau à quelque poste électif que ce soit à l’avenir, et aussi pour me remémorer en vieillissant — et le plus lentement possible — le bon vieux temps.
Je vais raconter une anecdote. Un ancien député provincial de la ville de Québec que Jacques Chagnon connaît très bien a décidé de quitter son poste de député et de se présenter à la mairie de Laval. Tout le monde s’est levé dans l’enceinte et a commencé à parler. Les députés de l’Union nationale ont commencé à dire à quel point ce type était merveilleux.
Jean-Noël Lavoie était un homme extraordinaire.
Mais Jean-Noël Lavoie n’a pas été élu maire de Laval, alors il s’est porté candidat pour récupérer son siège. Sa campagne électorale était basée sur les bons mots que les députés de l’Union nationale avaient eus à son égard. Ne craignez rien. Sénateur Plett, vous n’avez rien à craindre. Je ne vais pas revenir en tant que député. Si j’avais voulu rester, je serais resté ici. C’est beaucoup plus facile, et il n’est pas nécessaire de faire du porte-à-porte.
C’est la dernière fois que je prends la parole au Sénat. En écoutant les discours d’adieu des collègues qui nous ont quittés, au fil des ans, j’en suis venu à la conclusion que plus notre passage au Sénat est court, plus notre discours d’adieu est long, et vice-versa. Après 25 ans, je devrais me rasseoir immédiatement, mais je ne vais pas vous faire ce plaisir.
Encore une fois, j’aimerais citer notre ancien collègue le sénateur Baker, dont l’épouse est décédée la semaine dernière. Il avait été mon premier voisin de pupitre quand j’ai été élu à la Chambre des communes, il y a 45 ans. Il était assis à côté de moi. Il était presque aussi coloré que le sénateur Manning, quoique plus intéressant. J’offre mes sincères condoléances au sénateur Baker pour la perte de son épouse. Comme nombre d’entre nous l’avons entendu dire si souvent : « Je serai bref. » Parce que le sénateur Baker était un orateur doué, c’était toujours un plaisir d’écouter ses discours. Son esprit vif et son sens de l’humour étaient sans pareil. Il était une grande source d’inspiration, mais c’est à mon tour d’être bref aujourd’hui. Croyez-moi, je le serai.
Anne, comme Jean-Pierre Ferland, ce grand auteur-compositeur québécois l’a déjà chanté, il est temps de faire du feu dans la cheminée, car je reviens chez nous, à Québec, après 45 ans durant lesquels j’ai partagé mon temps à peu près également entre la ville de Québec et celle d’Ottawa. Après deux ans d’horaires en mode hybride sans obligation de voyager à Ottawa, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de retourner chez moi. Le retour à temps plein obligatoire à Ottawa ne m’aura que forcé la main — et en plus, Air Canada a annulé les vols directs pour Ottawa.
Les astres étaient alignés pour que je puisse prendre ma retraite. En ce qui concerne le projet de loi C 11 — je reviendrai maintenant à mon discours.
Pendant les années que j’ai passées à Ottawa, et au cours de mes nombreuses aventures partout au pays, je me suis fait beaucoup d’amis et de connaissances qui me sont chers. En fait, bon nombre d’entre eux sont devenus de grands amis, ici, à Ottawa. Cependant, je rentre chez moi, à Québec.
Je me suis fait beaucoup d’amis et peu d’ennemis, à ma connaissance. À Ottawa et ailleurs au pays, au cours des années, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes. Cependant, j’ai choisi de prioriser Québec, mon chez-moi, ma ville de naissance, là où je côtoie ma famille et mes amis de toujours. Je ne peux pas quitter cette Chambre sans dire un merci bien senti à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont été importants pour moi tout au long de mes années au Sénat plus particulièrement.
J’ai eu un nombre impressionnant d’adjoints et d’adjointes. Certains sont présents à la tribune et plusieurs ont assisté à l’événement d’hier soir. Plusieurs ont progressé vers d’autres postes dans le monde politique ou dans d’autres domaines.
Puisque le sénateur Gold a fait référence à l’une de mes anciennes adjointes, et je sais que nous ne sommes pas censés nommer qui que ce soit lorsque nous rendons des hommages, donc je ne la nommerai pas, mais Kate, qui est assise là-bas, à fait quelque chose, ce matin, que j’ai beaucoup apprécié. Elle a affiché le premier discours que j’ai prononcé à la Chambre des communes, il y a environ 40 ans. Le problème, c’est que vous pourrez tous constater que je ne me suis pas beaucoup amélioré depuis. Vous pourrez aller écouter mon discours et vous dire : « Bon sang, il n’a fait aucun progrès. »
D’autres membres de mon personnel sont présents : Arlene, Daphne, Stephen et, enfin, Jérémy. Ils ont toujours réussi à me faire bien paraître. C’est la raison pour laquelle nous avons du personnel. En fait, c’est leur mission première : s’occuper de notre confort, bien entendu, et nous faire bien paraître.
Je vous remercie du fond du cœur tous et toutes de m’avoir enduré à travers toutes les péripéties de la vie parlementaire au Sénat. Je dois aussi un grand merci à certains de mes collègues sénateurs. J’ai passé de très heureuses années ici depuis ma nomination en 2005. Je n’ai pas noué des relations profondes avec tous mes collègues, mais j’ai appris à connaître plusieurs d’entre vous et j’ai eu l’occasion de vous apprécier.
Le sénateur Dawson : Au fil des ans, j’ai travaillé étroitement avec beaucoup d’entre vous. J’ai constaté chez la plupart, voire chez chacun d’entre vous une véritable motivation à servir nos compatriotes avec dévouement ainsi qu’à contribuer à faire de notre pays l’un des meilleurs au monde. Notre pays n’est pas dysfonctionnel. Il a peut-être besoin de quelques rajustements et d’un peu d’amour, mais faites-moi confiance, il n’est pas dysfonctionnel.
Des voix : Bravo!
Le sénateur Dawson : C’est le plus loin que j’irai dans ma partisanerie
Plusieurs sénateurs qui sont présents dans cette Chambre et qui viennent de tous les horizons politiques sont d’ailleurs devenus des amis.
Mohamed, ce moment dont vous avez parlé était tout aussi précieux pour moi. C’était pour moi une belle occasion de tenter de vous convaincre de vous joindre à notre caucus. Je n’ai pas réussi, mais, comme l’a appris Michèle Audette — et je dis ceci devant tous —, même si vous faites partie de l’autre caucus, vous serez toujours le bienvenu au sein du Groupe progressiste du Sénat.
Je me considère très chanceux d’avoir pu siéger avec des hommes et des femmes de grande qualité qui apportent une contribution importante à la vie publique et à l’avancement des choses dans leur province ou leur territoire et à l’échelle fédérale. Il y a eu aussi des années moins heureuses depuis ma nomination, mais elles n’ont cependant rien à voir avec mes collègues sénateurs. Il y a eu des événements moins heureux qui m’ont beaucoup marqué; le principal a été notre expulsion du caucus libéral en février 2014, expulsion dont l’anniversaire approche. J’ai fini par accepter la décision, mais je n’étais pas d’accord avec cette approche et je n’ai toujours pas changé d’idée.
Hier soir, j’ai eu l’occasion de croiser le premier ministre Trudeau, qui est venu à la fête organisée pour mon départ. Je pourrais bien lui avoir mentionné que, malgré toutes les années qui sont passées, je digère toujours mal d’avoir été expulsé de mon parti politique. Je lui ai annoncé que j’assisterai au congrès libéral en mai en tant que sénateur affranchi qui a le droit d’avoir des opinions partisanes.
La liste de toutes les personnes que j’aimerais remercier après 45 années de carrière est très longue — elle pourrait être vraiment très longue. J’ai entrepris ma vie publique à l’âge de 22 ans en tant que commissaire d’école, puis à titre de président de la commission scolaire, mais je me permets de souligner surtout mes dernières années au Sénat.
La première personne que je dois remercier est le très honorable Paul Martin, un ami, un mentor et un guide, qui s’est adressé aux participants lors de l’événement qui a été organisé en mon honneur hier soir. Il a eu l’excellente idée de me nommer au Sénat en 2005. Ce fut évidemment l’une de ses bonnes décisions et je lui en serai éternellement reconnaissant.
C’est grâce à lui si j’ai eu le privilège de siéger au Sénat. Je le remercie de m’avoir donné cette occasion de servir mes concitoyens. J’espère que j’ai répondu à ses attentes et que je l’ai rendu fier de m’avoir accordé sa confiance lorsqu’il m’a nommé à la Chambre haute.
Par cette nomination, il m’a donné l’occasion de contribuer de nouveau à la vie publique au Canada et au Québec. Il m’a aussi permis de continuer à servir mes concitoyens, cette fois dans cette auguste institution qu’est le Sénat canadien. Cela dit, pour moi, Paul Martin a toujours représenté et représente toujours un individu d’une grande qualité dont nous avons besoin en politique, parce que le seul objectif qui guide ce genre de personnes est le service public et l’amélioration du sort de leurs concitoyens sur les plans économique et social.
Cela dit, j’ai pris mon rôle au sérieux et je me considère comme un sénateur qui a réellement essayé de contribuer à la vie parlementaire. Je suis fier de ma participation aux débats en tant que législateur.
Je me suis fait un point d’honneur de privilégier une interaction productive avec mes collègues sénateurs et sénatrices dans le processus qui nous permet d’apporter un « second examen objectif » aux projets de loi et à différentes initiatives qui se retrouveront au Sénat pour être étudiés et débattus.
Je tiens à souligner plus particulièrement l’amitié et l’appui des anciens sénateurs Serge Joyal, qui fut mon mentor lors de ma nomination au Sénat, et Francis Fox, un ami fidèle et de longue date qui a été nommé ici en même temps que moi.
Jim, je sais que tu es ici quelque part. Mon ami Jim a été mon leader pendant 14 ans. Je lui ai peut-être causé quelques maux de tête, car j’ai toujours été un libre penseur. Ce fut un plaisir de servir à tes côtés, avec Serge et tous mes collègues. Quelqu’un a mentionné dans son discours que je suis l’un des derniers qui restent. C’est vrai. J’ai entamé ma vie politique avec Trudeau père et je la termine avec Trudeau fils. D’un Trudeau à l’autre, comme on dit. Je dois reconnaître que je suis aussi la seule personne qui est encore au Parlement — pour les prochaines heures, du moins — à avoir servi sous les deux Trudeau. Lorsque je ne serai plus là, il lui faudra trouver une autre raison de se plaindre.
Cependant, je dois également vous dire que je suis aussi la seule personne, que ce soit à la Chambre des communes ou au Sénat, qui —
— en français je dis que j’ai voté pour la Charte canadienne des droits et libertés —
— et en anglais je dis que j’ai voté pour le rapatriement de la Constitution. J’espère seulement que personne n’a besoin de la traduction pour comprendre que ces propos ne sont pas aussi populaires, que l’on s’adresse au reste du Canada ou que l’on s’adresse au Québec. Tel est mon instinct politique.
Bien que je ne puisse pas mentionner tout le monde, je répondrai à tous ceux qui on fait des observations. J’ai bel et bien plaisanté sur le fait que la sénatrice Batters ne voulait pas que je m’exprime pendant 45 minutes. Jane, l’une de mes grandes réalisations — et j’ai été interviewé par le service des communications du Sénat — est d’avoir créé le caucus progressiste. De toute évidence, nous nous sommes occupés de nos membres, et je pense que Terry et nous avons réussi à former un groupe efficace. Il faut comprendre que le fait d’avoir un plus grand nombre de caucus au Sénat améliorera les choses. C’est ce que je vous demande de comprendre. Je pense que c’est un objectif que nous devons nous fixer.
Marc, effectivement, j’ai eu un personnel merveilleux, mais je dois dire que vous êtes également bien servi. Il y a beaucoup de gens dans votre bureau, notamment votre leader adjointe, qui vous font bien paraître. C’est donc un compliment que nous devons accepter.
Sénateur Plett, nous avons effectivement fait du magasinage ensemble; je pense que c’était à Bruxelles. J’achetais des nœuds papillon, tandis que vous achetiez des cravates. C’est probablement la seule occasion où nous nous sommes amusés parce que nous étions en conflit la plupart du temps. Par exemple, nous ne sommes jamais parvenus à nous entendre au sujet de CBC/Radio-Canada : il veut sa disparition, alors que je souhaite sa survie. Vous savez quoi? Elle est encore là, sénateur Plett, et elle continuera d’exister.
Comme Raymonde l’a dit, nous nous connaissons depuis de nombreuses années. Son mari a fait ses études de droit avec mon épouse. Même si nous faisons partie de caucus différents, nous avons souvent travaillé en collaboration par le passé. Je la remercie sincèrement de ses remarques. Mon fils a joué avec le sien à la maternelle. C’est une tradition de longue date. Mon fils est maintenant celui qui a une barbe et des cheveux longs. De qui prend-il cela? Je ne le sais pas. Sénateur Plett et sénateur Housakos, il fait aussi ses propres nœuds papillon.
Sénateur Patterson, vous êtes arrivé en retard quand j’ai fait ma démonstration plus tôt sur les nœuds papillon. Je ne la ferai pas de nouveau parce que je ne veux pas forcer la chance.
Le sénateur Klyne a parlé du projet de loi C-11. J’avais un nouveau collègue qui siégeait avec moi au comité, et nous étions fiers d’avoir nos propres opinions. Nous ne nous entendions pas toujours, mais je savais que, au bout du compte, je pouvais toujours compter sur son appui.
Leo, j’étais à l’aise en apprenant que vous alliez intervenir parce que j’ai croisé votre épouse, qui était sur la Colline, et elle m’a dit : « Dennis, ne craignez rien. Il ne dira que des choses gentilles à votre sujet. » Cela signifie donc que je ne pourrai pas faire de remarques désobligeantes sur vous, car vous avez été trop gentil avec moi.
Éric Forest est mon ami. Il est maintenant mon voisin à Québec. Il habite tout près de chez moi. J’aurai sans doute la chance de le voir à Québec plus souvent que j’ai eu la chance de le voir ici, à Ottawa.
Amina et Michèle, quelqu’un va devoir me dire ce qu’est un mushum. Je vais demander à Michèle de me le décrire. J’espère que c’est un compliment.
Julie, tu es une fierté pour moi. Je sais que je t’ai parrainée. Je crois que tu es une excellente parlementaire. Je suis très fier d’avoir contribué à ta carrière.
Patricia, vous avez été ma formatrice culturelle. Patricia et moi étions au Comité des affaires étrangères alors qu’il réalisait une étude sur la culture. Elle a été ma conseillère sur ce sujet que j’aurais dû mieux connaître. J’ai beaucoup appris de Patricia.
Mohamed, oui, je vous ai croisé dans la rue et vous aviez l’air perdu. Je ne sais pas si c’était parce que vous venez de Terre-Neuve-et-Labrador. Je ne sais pas ce que vous cherchiez, mais j’ai vraiment senti que je pouvais être une petite source d’inspiration pour vous. Oui, lorsque nous sommes allés à l’Union interparlementaire, j’ai essayé de vous faire découvrir ce monde, et c’est un monde merveilleux.
Raymonde est également venue avec nous à certaines de ces conférences.
Cela ne paraît pas, cher René, mais j’ai défendu la cause des personnes LGBTI à des conférences internationales. Je suis allé à Djibouti, et des fonctionnaires du ministère des Affaires extérieures m’ont dit : « Ne parle pas de ça. »
Mais un droit est un droit, et je vais le dire à Djibouti où il est interdit d’être homosexuel. Puis, un an plus tard, je suis allé avec Raymonde et Mohamed à une conférence de l’Union interparlementaire au Qatar. Il est illégal d’être homosexuel au Qatar. J’ai prononcé mon discours, et j’ai dit : « Un droit est un droit. » J’ai toujours fait les choses à ma façon. J’en ai toujours été fier.
J’ai perdu le fil de mon discours encore une fois.
Je profite de l’occasion — Pierrette et moi avons quelque chose en commun. Josée aussi, je crois. Il y a quelques personnes ici qui ont siégé dans les deux Chambres. Quand vous quittez l’autre endroit, et que vous êtes battu, les circonstances ne vous permettent pas de faire des remerciements. Vous n’avez pas l’occasion d’exprimer votre reconnaissance pour le fait d’avoir pu servir. Puisque j’en ai l’occasion aujourd’hui, je remercie les gens de Louis-Hébert de m’avoir élu en 1977, réélu en 1979 et réélu à nouveau. Je les remercie de leur confiance. En 1984, je dois admettre qu’ils ont pris une décision avec laquelle je dois vivre. La personne qui m’a battu était Suzanne Fortin-Duplessis. Plus tard, elle est arrivée ici au Sénat, et elle a de nouveau siégé en face de moi dans l’opposition. Le monde est petit.
Je passe du coq à l’âne. J’avais préparé un long discours — mes yeux se tournent vers Paul Massicotte et le sénateur Greene — sur la réforme du Sénat, car je crois sincèrement que cette réforme est nécessaire. Il y a de nombreuses améliorations à apporter. Cependant, je pense que le moment n’est pas approprié pour — je n’en dirai pas plus. Je publierai probablement un article dans le Hill Times sur mes idées pour améliorer les choses. J’ajoute qu’en plus du demi-kilomètre qui les sépare une grande distance s’est installée entre la Chambre des communes et le Sénat. Il n’y a pas de communication ni d’échange d’informations entre les deux. Il n’y a pas de relation entre les deux Chambres. J’ai souvent donné l’exemple de la situation dans laquelle se retrouve un sénateur qui a un problème et qui se rend au Cabinet du premier ministre pour obtenir du soutien. Au Cabinet du premier ministre, on retrouve la section des communautés LGBTQ, du développement de l’Ouest, du développement économique, des affaires étrangères, et des relations Canada-États-Unis, mais aucune section pour le Sénat. Par conséquent, les sénateurs n’ont aucune personne à qui s’adresser quand ils se rendent au Cabinet du premier ministre ou au Bureau du Conseil privé. Je pense que cette situation pourrait être corrigée.
Même s’il a affirmé que le Sénat est indépendant, il continue pourtant de nommer le Président ainsi que le leader du gouvernement, évidemment, et il va nommer le prochain greffier. Si le Sénat est indépendant, j’espère que ce pouvoir lui reviendra un jour. Comme j’avais promis d’essayer d’être bref, je ne me lancerai pas dans un examen de tous ces enjeux. Je retire ces pages de mon discours.
Le moment est venu de sortir une boîte de mouchoirs — j’en ai une ici. Vous savez que j’ai passé les… Anne et moi sommes ensemble depuis 40 ans. Dans la vie politique, on compte seulement 20 ans parce que j’étais parti la moitié du temps. Elle a enduré ces années-là. Cindy, ma fille, qui habite ici, à Ottawa, a toujours été ma compagne de table. Je rentre, mais les repas avec ma fille vont me manquer. Voilà, je vais avoir besoin d’un mouchoir. J’en prends un, au cas où.
Je leur ai dit que je les aimais et que j’ai hâte de passer plus de temps avec eux, notamment, comme on l’a si bien dit à plusieurs reprises, avec ma petite-fille, qui s’est ajoutée à notre clan il y a quelques semaines.
Avant de quitter la scène du Sénat, permettez-moi de partager avec vous quelques réflexions sur cette institution.
C’est la partie que je vais sauter parce que j’allais vous donner des conseils. En ce qui a trait au rapport Massicotte-Greene et aux efforts de la sénatrice Bellemare au comité du Règlement… Toutes ces choses… Il est bon d’en parler, mais nous devons passer à l’action parce que cette enceinte a besoin…
Des voix : Bravo!
Le sénateur Dawson : J’ai critiqué le fait que nous avons été expulsés du caucus en 2014. J’en ai parlé au premier ministre hier soir de façon très impolie — en fait, j’étais poli, mais je n’ai pas tenu compte du fait qu’il est premier ministre et que je suis sur le point de devenir un ex-sénateur. Je crois toutefois comprendre le motif de cette décision, mais pas la manière et le suivi par la suite. Je me souviens qu’à mon retour, il y avait six sénateurs indépendants et trois représentants du gouvernement. Aujourd’hui, il y a 55 sénateurs indépendants, mais toujours trois représentants du gouvernement. Tout le travail qu’ils doivent accomplir pour s’occuper de tous ces comités et de tous ces membres signifie simplement que le cabinet du premier ministre et le gouvernement n’ont pas compris qu’ils doivent aussi s’adapter au fait que quand on met quelqu’un au monde, on doit maintenant l’écouter.
Alors, si on a mis quelqu’un au monde, c’est-à-dire le Sénat indépendant, il faut écouter ce que le Sénat dit. Les sénateurs disent : « Il faut moderniser le Règlement. Vous devez nous aider à améliorer le Sénat. » Il a fallu attendre six ans avant que la Loi sur le Parlement du Canada soit changée. Je suis très heureux pour vous, mais la seule chose qui change, c’est qu’il y a plus d’argent. Pour le reste, le Règlement n’a pas été modifié. Tout ce que cela signifie, c’est que, si vous avez un mandat, ils respecteront le fait que ce mandat doit être reconnu. Au-delà de cela, il reste beaucoup de modernisation à faire. Cependant, si vous demandez au Cabinet du premier ministre qui s’en chargera, on vous répondra que personne n’est responsable de s’occuper du Sénat. À mon avis, c’est une lacune à corriger.
Enfin, il y a bien des aspects de la réforme que j’aimerais aborder, mais je vais laisser tomber ces points. Je pourrais parler du processus de nomination. Je pense que celui de Paul Martin était bien. Je ne vais certainement pas remettre son jugement en question.
Lorsque j’ai été expulsé du caucus en 2014, j’ai vraiment eu l’impression que je devais quitter mon poste. Je menais une carrière sous les couleurs du Parti libéral et je croyais à la politique partisane — d’ailleurs j’y crois encore. Je ne suis pas parti parce que nous avons essentiellement recréé le Groupe progressiste du Sénat.
J’ai une pensée pour les greffiers, le Président et tous les employés qui ont travaillé au Sénat pendant les quelques années où j’ai siégé au Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration. J’ai appris à admirer leur travail. Ce fut une expérience très exigeante et très intéressante pour moi. C’est l’une des choses qui me manqueront. Il y a aussi le Sous-comité sur la Vision et le Plan à long terme, ainsi que le Conseil interparlementaire mixte. Ce sont des choses dont je vais m’ennuyer. Il y a bien des choses qui ne me manqueront pas, mais celles-ci, oui. Je tiens à remercier ceux qui nous ont soutenus. Je regarde Gérald, que je connais depuis longtemps. Je vais m’ennuyer de vous, mais aussi des personnes qui sont devant nous.
Il me restait à choisir le moment de mon départ. Beaucoup de choses se sont passées. Je plaisantais quand je disais qu’il ne se passait plus rien — je devais revenir ici tout le temps parce qu’ils ont des séances hybrides à l’autre endroit. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ils peuvent avoir des séances hybrides, et pas nous. En fait, je ne comprends même pas pourquoi ils ont des séances hybrides. Je suis là depuis de nombreuses années. J’ai toujours été fier de siéger à la Chambre des communes. Je préférerais siéger à la Chambre des communes plutôt que de faire partie d’un comité sur Zoom. Enfin, cette décision leur appartient.
Ce n’est pas le moment de m’y attarder trop longtemps, mais je sais que pendant toutes mes années au Parlement du Canada, j’ai eu la profonde conviction que j’ai toujours servi les intérêts de notre pays et de nos concitoyens.
Je suis fier des années où j’ai siégé comme sénateur. Ce furent des années merveilleuses, malgré quelques mauvaises surprises. Je souhaite la meilleure des chances à ceux d’entre vous qui continueront à faire partie de cette institution. Il est temps pour moi de rentrer à la maison auprès de ma femme, de ma famille et — oui, je le répète — de ma fille. Je suis très fier. Je suis tout sauf vantard. Je reste humble par rapport à ce que j’ai entendu ici aujourd’hui. Je pense que j’ai essayé de me montrer à la hauteur, après avoir été nommé par Paul Martin. Mon problème, c’est que je dois maintenant essayer d’être à la hauteur de tout ce qu’on a dit sur moi.
Je remercie encore une fois ceux et celles qui m’ont donné la possibilité de participer activement, en toute modestie, mais avec beaucoup de conviction et de détermination, à faire du Canada un des meilleurs pays au monde. Il demeure le meilleur pays au monde.
Merci. Je reviendrai de temps en temps, mais à titre de touriste.
Des voix : Bravo!