L’honorable Rodger Cuzner : Merci, Votre Honneur, et merci à mes chers collègues qui sont restés jusqu’au bout ce soir. Je sais que cette journée a été riche en informations, intense, longue et riche en émotions. Je sais qu’il est tard. Je souhaite porter quelques observations au compte rendu. Merci de votre attention.
Honorables sénateurs, je prends la parole à propos de l’interpellation de la sénatrice Sorenson sur la valeur du tourisme pour l’édification du pays. Puisque je suis originaire de la Nouvelle-Écosse, une province qui dépend fortement de l’industrie touristique, je félicite la sénatrice Sorensen pour son initiative.
J’aimerais commencer mon allocution en faisant référence à deux figures emblématiques de la Nouvelle-Écosse qui sont toutes deux nées en Écosse, mais qui ont adopté la Nouvelle-Écosse comme milieu de vie. Il se trouve qu’il s’agit des Alexander les plus célèbres de ma province. Je fais bien sûr référence à Alexander Graham Bell, qui a réalisé une grande partie de ses travaux révolutionnaires sur le téléphone, les hydroptères et l’aéronautique à Baddeck, au Cap-Breton, sur le lac Bras d’Or.
L’autre, c’est Alexander Keith, qui s’était installé à Halifax et était le brasseur de la bière Alexander Keith’s India Pale Ale.
Alexander Graham Bell a dit un jour :
J’ai fait le tour du monde. J’ai vu les Rocheuses canadiennes et américaines, les Andes, les Alpes et les Highlands d’Écosse, mais pour la beauté simple, le Cap-Breton les surpasse tous!
La citation la plus célèbre d’Alexander Keith confirme celle de Graham Bell : « Ceux qui l’aiment, l’aiment beaucoup. » Il faisait peut-être référence à sa bière, mais il est indéniable que des millions de visiteurs ont beaucoup aimé déguster une Keith bien fraîche en découvrant un océan de possibilités en Nouvelle-Écosse.
Sénateurs, les joyaux touristiques de la Nouvelle-Écosse sont si nombreux que je devrai me limiter aux merveilles du Cap-Breton, car je sais que d’autres collègues peuvent attester des attraits de la partie continentale de la province.
Avec ses 1 800 kilomètres de côtes majestueuses, parsemées de plages de sable et de rivages escarpés, l’île du Cap-Breton est véritablement le joyau de la Nouvelle-Écosse.
La célèbre route panoramique Cabot Trail offre 300 kilomètres de routes sinueuses qui serpentent à flanc de montagne, à seulement quelques mètres des falaises côtières, dévoilant d’un côté un paysage océanique spectaculaire et, de l’autre, la richesse du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton.
Le National Geographic a reconnu la Cabot Trail comme un lieu incontournable. Elle a été élue meilleure route panoramique du Canada par les lecteurs du journal USA Today.
Le Condé Nast Traveler l’a désignée comme l’île numéro un à visiter en Amérique du Nord. Je le répète pour les sénateurs Robinson, Downe, Francis et McAdam : l’île numéro un à visiter en Amérique du Nord.
Comme l’indique la célèbre citation de Bell, la beauté de notre île est à couper le souffle. Les eaux scintillantes du lac Bras d’Or, réserve de la biosphère de l’UNESCO, s’étendent sur 100 kilomètres de long, 50 kilomètres de large et atteignent à plusieurs endroits une profondeur de 1 000 pieds.
Les lacs ont fait vivre les communautés mi’kmaqs pendant des générations, jusqu’à l’arrivée des Européens. Mon ami et collègue, le sénateur Francis, m’a appris que les Européens ont été les premiers touristes à visiter le Cap-Breton.
Par exemple, la Première Nation d’Eskasoni, située sur les rives du lac Bras d’Or, est la plus grande communauté mi’kmaq du Canada atlantique, avec quelque 4 500 membres. C’est un centre culturel, éducatif et commercial. On y trouve le sentier culturel de l’île Goat, qui offre un cadre saisissant à la voix authentique et puissante du patrimoine mi’kmaq de l’île.
En harmonie avec les rives du lac Bras d’Or, le sentier serpente le long du lac et offre de magnifiques paysages.
Véritable témoignage de la vie des Mi’kmaqs du passé et d’aujourd’hui, l’île Goat invite les visiteurs à prendre part à une histoire unique tout en préservant la culture des Premières Nations.
Toutefois, malgré la beauté des paysages et des panoramas côtiers du Cap-Breton, lorsque les gens visitent notre île, ils souhaitent interagir.
Son Honneur la Présidente : Sénateur Cuzner, je regardais l’horloge et je voulais signaler ceci : honorables sénateurs, il est 19 heures. Conformément à l’article 3-3(1) du Règlement, je suis obligée de quitter le fauteuil jusqu’à 20 heures, moment où nous reprendrons nos travaux, à moins que vous souhaitiez ne pas tenir compte de l’heure.
Vous plaît-il, honorables sénateurs, de ne pas tenir compte de l’heure?
Des voix : D’accord.
Son Honneur la Présidente : Il en est ainsi ordonné.
Le sénateur Cuzner : Ce groupe est tellement généreux, Votre Honneur.
Sénateur Colin Deacon, boutonnez votre chemise, votre cœur va s’échapper. C’est tellement aimable que la partie continentale de la Nouvelle-Écosse cède la place au Cap-Breton.
Je serai bref. Nous voulons parler de choses à faire. Le chasseur de crocodiles préféré de tout le monde, Paul Hogan — Crocodile Dundee —, dans son rôle d’ambassadeur d’Australie pour le tourisme, a dit que, quand on a des amis en visite, ils ne viennent pas pour admirer les meubles. Ils veulent faire quelque chose.
Il y a tellement de choses à faire au Cap-Breton. L’île compte de nombreux sites historiques incroyables, comme la forteresse de Louisbourg, le canal de St. Peters, et, bien sûr, le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, où les randonneurs peuvent suivre le sentier Skyline jusqu’au point culminant de la province.
Nous célébrons chaque automne notre musique et notre culture celtiques au festival international Couleurs celtiques, où des célébrités locales comme Natalie MacMaster et Ashley MacIsaac partagent la scène avec des musiciens du monde entier comme The Chieftains et Béla Fleck.
Il y a des festivals acadiens, comme le Festival de l’Escaouette et le Festival acadien de Petit-de-Grat.
Il y a également des événements culturels mi’kmaq, comme Wi’kipaltimk — j’ai fait de mon mieux pour le prononcer; mon répétiteur m’a aidé. C’est un rassemblement de trois jours autour de la chanson, de la danse, de la cuisine et des arts mi’kmaq.
Il y a le musée des mineurs du Cap-Breton, où vous pouvez voyager dans le temps en parcourant une véritable mine sous‑marine, qui s’étend sous l’océan Atlantique, et en écoutant les récits d’un ancien mineur qui vous servira de guide.
Le lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg, une propriété historique reconstruite datant du XVIIIe siècle, est un joyau de notre réseau de parcs nationaux. Le parc accueille près de 200 000 visiteurs par an.
Honorables sénateurs, le tourisme fait partie intégrante de l’économie du Cap-Breton et constitue un moteur économique majeur depuis la fermeture des industries du charbon et de l’acier il y a plusieurs décennies. Bien que ce développement ait été un coup dur, il a eu un effet très important sur les habitants de l’île. Ce fut un signal d’alarme qui nous a amenés à réfléchir sérieusement à des solutions pour combler ce vide.
La solution était tout près de nous : c’était la beauté naturelle de l’île et les nombreuses cultures distinctes des personnes qui y vivaient. Elles constitueraient la base d’une industrie touristique vivante et dynamique, qui a contribué à stimuler la croissance économique et qui continue de se développer chaque année.
Si les touristes ont des choses à faire, c’est en grande partie parce que le secteur touristique du Cap-Breton s’est développé et a évolué au cours des 20 dernières années grâce à des investissements clés dans les infrastructures et à des partenariats ciblés avec le gouvernement et le secteur privé.
J’aimerais citer deux exemples précis, le premier étant la croissance du secteur des croisières. J’ai un ami qui possède un bar qui surplombe le port au centre-ville de Sydney. Il dit que la meilleure journée pour les ventes chaque année est généralement la veille du jour de l’An, mais il ajoute que chaque fois qu’un navire de croisière accoste au port de Sydney, c’est comme la veille du jour de l’An. Les passagers veulent déguster des produits locaux, goûter des bières et des aliments locaux et profiter des divertissements locaux.
En 2017, le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et la municipalité régionale du Cap-Breton ont chacun versé 6,7 millions de dollars pour la construction d’un deuxième poste d’accostage capable d’accueillir le trafic supplémentaire et les plus grands navires de croisière du monde, y compris le Queen Mary 2.
L’augmentation du trafic et des revenus a été incroyable. En 2025, le port a accueilli 111 navires de croisière transportant quelque 213 000 passagers, un record. Comme vous pouvez l’imaginer, les retombées ont été extrêmement bénéfiques pour l’économie locale. Comme le dirait mon collègue, cela équivalait à 111 veilles du jour de l’An.
Permettez-moi toutefois de conclure en vous relatant l’histoire d’un projet d’investissement touristique que je considère comme la plus grande réussite en matière de développement économique régional au pays. Ce projet a été soutenu par la collectivité et tous les ordres de gouvernement et accueilli par le secteur privé. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, un groupe ambitieux d’intervenants de la collectivité rêvait des terrains de golf Cabot Cliffs et Cabot Links. Avec l’appui des gouvernements fédéral et provincial et l’investissement de l’entrepreneur torontois Ben Cowan-Dewar et de son partenaire d’affaires Mike Keiser, on a transformé un site minier, qu’on avait abandonné depuis longtemps et qu’on avait laissé contaminé pendant 50 ans entre la ville d’Inverness et le golfe du Saint-Laurent, en deux des meilleurs terrains de golf, non seulement de la province et du pays, mais aussi du monde.
Fort d’un prêt de 3,5 millions de dollars de la Corporation fonds d’investissement du Cap-Breton, un fonds d’investissement créé après la fermeture de la Société de développement du Cap-Breton, qu’on a remboursé intégralement bien avant l’échéance, le terrain s’est imposé comme une destination de choix pour les amateurs de golf du monde entier.
Le modeste plan d’affaires de Cabot, présenté en 2005, ne prévoyait que 12 emplois à l’année et 48 emplois saisonniers une fois l’entreprise pleinement opérationnelle. L’incroyable succès connu à ce jour a permis à Cabot d’émettre 600 feuillets T4 en 2024.
Honorables sénateurs, c’est un exemple formidable de développement économique. Une collectivité dont la population était en déclin depuis la fermeture de ses mines de charbon, dans les années 1950, voyait maintenant des jeunes rentrer au bercail, dans le comté d’Inverness, pour travailler en soins infirmiers, en enseignement et dans une foule d’autres domaines.
En 2001, le taux de chômage dans l’Est de la Nouvelle-Écosse était de 18,5 %, et celui d’Inverness s’élevait à près de 22 %. Actuellement, le taux de chômage dans l’Est est de 10 %, et celui d’Inverness se situe autour de 5 %. De nouvelles entreprises ont vu le jour partout dans le comté d’Inverness. L’accès à des services de garde est devenu l’un des principaux défis, tout comme l’accès à un logement. La municipalité a vu son assiette fiscale croître de façon exponentielle.
Compte tenu des attraits de la collectivité d’Inverness, de l’évolution financière qu’elle a connue, de sa croissance démographique et de la reconnaissance dont elle a bénéficié à l’échelle internationale, il est difficile de ne pas remarquer l’immense fierté de cette collectivité épanouie. Lorsque des personnalités de renommée internationale comme Jerry Seinfeld, Warren Buffet, Larry David, Jennifer Aniston et Sidney Crosby ne tarissent pas d’éloges au sujet de leur séjour dans cette ville, le plus grand défi est de rester humble.
Chers collègues, il est indéniable que le tourisme apporte une contribution considérable à la collectivité sur les plans physique, émotionnel et financier. Lorsque les Canadiens explorent leur pays, ils contribuent à le bâtir.
J’espère que vous viendrez tous au Cap-Breton prochainement. C’est vraiment un endroit merveilleux où découvrir l’hospitalité, la beauté et l’histoire de notre île.
Comme vous êtes restés ce soir, vous êtes invités à venir passer votre première nuit dans ma région chez moi, au 1319, route Hillside, à Mira. Merci beaucoup.

