L’honorable Jane Cordy : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’une de nos collègues qui nous a récemment quittés un peu plus tôt que prévu, mais d’une manière qui lui ressemble tout à fait : discrètement, sans tambour ni trompette, mais après avoir laissé sa marque.
Bien qu’elle ait demandé qu’on ne lui réserve pas de période officielle pour lui rendre hommage, je tiens à m’assurer que le départ à la retraite de la sénatrice Sandra Lovelace Nicholas ne passe pas inaperçu. Elle a été une ardente défenseuse des droits des femmes et des filles autochtones, avant d’être nommée au Sénat et à titre de sénatrice. Ce n’est certainement pas un euphémisme de dire qu’elle a été une véritable pionnière. Elle a reçu l’Ordre du Canada en 1990, et le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » en 1992. S’il est vrai qu’elle nous manquera, je suis profondément reconnaissante d’avoir pu siéger à ses côtés et d’avoir pu apprendre à son contact.
Malécite de la Première Nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick, la sénatrice Lovelace Nicholas a été la première femme autochtone à représenter le Canada Atlantique au Sénat. Au moment de sa nomination, en 2005, elle était déjà bien connue. Son nom sera assurément associé à jamais à l’amélioration des droits des femmes et des filles autochtones, puisqu’il figure dans le nom de l’affaire qui s’est rendue au Comité des droits de l’homme des Nations unies, en 1981, l’affaire Lovelace c. Canada. La décision rendue en sa faveur dans cette affaire a été l’élément déclencheur de nombreuses années de travail visant à modifier la Loi sur les Indiens pour mettre fin à la discrimination qui touchait les femmes et les enfants des Premières Nations. En compagnie de collègues comme l’ancienne sénatrice Lillian Dyck, la sénatrice Lovelace Nicholas a continué d’exiger des modifications à la Loi sur les Indiens et d’attirer notre attention sur cette injustice qui perdure. Voici ce qu’elle avait dit au Sénat dans le cadre du débat sur le projet de loi S-3 :
[…] le Canada ne peut pas dissocier la discrimination qui a cours à l’encontre des femmes autochtones aux termes de la Loi sur les Indiens de l’actuelle crise des droits de la personne que constitue le drame des femmes autochtones assassinées ou disparues.
Ses paroles tombaient à point nommé, puisqu’elle les a prononcées au début du processus de consignation de la vérité de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, un autre dossier pour lequel elle s’est battue.
Honorables sénateurs, seulement neuf femmes autochtones ont été nommées au Sénat du Canada, mais même si la sénatrice Lovelace Nicholas a pris sa retraite, la moitié d’entre elles — cinq — siègent toujours au Sénat. Voyant ce progrès et connaissant les sénatrices qui représentent maintenant ces voix, je n’ai aucun doute que les causes que la sénatrice Lovelace Nicholas faisait valoir inébranlablement continueront d’être habilement défendues.
La sénatrice Lovelace Nicholas a prononcé son premier discours au Sénat en l’honneur de la Journée internationale des femmes. Elle a alors livré une déclaration concernant le décès de Mavis Gores, une autre femme de la Première Nation de Tobique qui luttait pour l’égalité hommes-femmes. Les paroles prononcées par la sénatrice Lovelace Nicholas à l’époque semblent tout aussi appropriées pour décrire la sénatrice elle-même :
Honorables sénateurs, n’eut été de la force des femmes des Premières nations et des organisations féminines du Canada tout entier, une femme qui ne pensait pas avoir de voix n’aurait pas pu accomplir ce qu’on estimait à l’époque être impossible : réussir à faire modifier la législation fédérale.
Vos voix ont certainement été entendues.
Woliwon, Sandra, merci. Merci d’être qui vous êtes. Vous nous manquerez.
Des voix : Bravo!