L’honorable Tracy Muggli : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour souligner la vie et le service d’un héros canadien, Reginald « Crash » Harrison, qui est né le 16 août 1922 à Pheasant Forks, en Saskatchewan, non loin de Regina.
En 1941, il fréquente l’école de préparation à l’enrôlement de l’Aviation royale canadienne à Regina. Ensuite, à l’été 1943, Reg et son ami « Buddy » Holloway traversent l’Atlantique pour se rendre en Angleterre. Chaque fois que Buddy écrit à sa fiancée, Jean, qui est restée au pays, il demande à Reg d’ajouter quelque chose à la fin de la lettre et se justifie en lui répétant : « On ne sait jamais, tu la rencontreras peut-être un jour. » Une fois sur place, Reg se joint au 431e escadron de l’Aviation royale canadienne, où il pilote des bombardiers Halifax. Au total, il participe à 19 missions, au cours desquelles il affronte les chasseurs ennemis et risque constamment sa vie. Il perd des amis, y compris son bon ami Buddy.
Lors d’un voyage fatidique, le 15 mars 1944, une défaillance fait en sorte qu’une bombe n’est pas larguée au cours d’une mission en France et celle-ci explose après l’atterrissage du bombardier, ce qui cause la mort de deux membres de son équipage. Reg subit de graves brûlures et passe 10 semaines à l’unité de soins aux brûlés de l’hôpital d’East Grinstead, où des chirurgies plastiques expérimentales ont été mises au point et dont les patients sont devenus membres du « Club des cobayes », un réseau de soutien mutuel pour un groupe courageux d’aviateurs qui ont survécu à des blessures horribles et qui ont subi ces premières greffes de peau. Le club organisait des réunions tous les deux ans, et Reg a assisté à ces réunions jusqu’en 2000.
Son surnom « Crash » n’a rien d’accidentel. Reg survit en effet à quatre accidents distincts pendant son service, ce qui montre chaque fois un peu plus sa résilience et la force du destin.
Reg a d’ailleurs raconté une rencontre avec le commandant de l’escadron après son quatrième accident où celui-ci lui a dit :
Eh bien, Crash, tu as trompé la Faucheuse quatre fois. J’ai l’impression que tu n’auras pas cette chance une cinquième fois. Je vais donc te sélectionner pour que tu sois renvoyé chez toi.
De retour chez lui, il part à la recherche de Jean, dont j’ai parlé plus tôt, la fiancée de Buddy, son ami disparu. Il prévoit de rester deux jours, mais il reste finalement quatre jours.
Reg retourne ensuite en Saskatchewan, où il obtient un emploi auprès de l’Office de l’établissement agricole des anciens combattants en novembre 1945. Il poursuit sa correspondance avec Jean, va lui rendre visite à Ottawa l’été suivant, et les deux se marient le 23 décembre 1946. Ils passent 43 ans ensemble jusqu’au décès de Jean.
Reg et Jean fondent une famille. Ils ont trois filles : Laurie, Marion et Susan. Ils vivent à Regina, puis à Saskatoon, où Reg aide les anciens combattants à obtenir des fermes et d’autres formes d’aide grâce aux programmes fédéraux de l’Office de l’établissement agricole des anciens combattants.
En reconnaissance de son service, en plus de ses nombreuses médailles, Reg est nommé membre honoraire des Snowbirds en 2018.
Reginald « Crash » Harrison est décédé il y a une semaine aujourd’hui, à l’âge de 103 ans. Que sa mémoire nous inspire à relever nos propres défis avec persévérance, à chérir nos amitiés et à mener une vie pleine de sens. Merci, Reginald « Crash » Harrison, de votre courage et de la vie que vous avez menée. Merci d’avoir servi notre pays.
Merci, meegwetch.

