L’honorable Brian Francis : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui en prévision de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui est le résultat direct du courage, de la détermination et des efforts des survivants.
En ce jour solennel, l’île de la Tortue est appelée à rendre hommage aux enfants autochtones qui ont souffert et sont morts inutilement dans les pensionnats autochtones, les externats autochtones et les sites connexes.
Le gouvernement, les Églises et la société en général ont dit à des générations d’entre nous que nous étions moins importants, moins méritants et moins humains que les autres. Pour eux, nous étions des sauvages qui n’arriveraient à rien. Bien sûr, il s’agit de croyances racistes et discriminatoires sans fondement. Toutefois, lorsqu’on est forcé d’avoir honte de qui on est et d’où on vient, il faut une vie entière pour croire le contraire, surtout lorsque certains ne nous considèrent toujours pas comme des égaux.
Chers collègues, je suis fier de dire que, malgré la façon affreuse dont les Autochtones ont été et continuent d’être traités, nous avons survécu et sommes toujours là. Nous sommes ici depuis des temps immémoriaux et nous n’allons nulle part. Il reste encore des progrès à faire, mais j’ai bon espoir pour notre avenir. Ma fille, Kateri, et ma petite-fille, Kiara, qui sont ici aujourd’hui, sont une source d’inspiration pour moi, et je ne peux imaginer laisser un meilleur héritage.
Je sais que nos enfants et nos petits-enfants veilleront à ce que la véritable histoire du pays que nous partageons ne soit jamais oubliée. Ce sont eux qui dirigeront les efforts visant à aider notre peuple et nos communautés à se rétablir, à se reconstruire et à prospérer.
En même temps, chers collègues, j’ai le cœur lourd parce que, après des décennies de lutte pour être entendus, crus et soutenus, des survivants, de même que nos familles et nos communautés, continuent d’être victimes de la violence de l’indifférence et du déni. Il y a ceux, par exemple, qui cherchent à rejeter, à minimiser et même à ridiculiser ce qui est arrivé aux enfants autochtones lorsqu’ils étaient sous la tutelle de l’État et des Églises, y compris leurs enterrements dans des lieux non marqués. En outre, des obstacles — tels que le manque d’accès aux archives et aux lieux — continuent d’empêcher les familles et les collectivités de trouver des réponses. Il s’agit là de quelques-uns des problèmes urgents qui entravent la recherche de la vérité, de la justice et de la guérison.
Honorables sénateurs, durant la période entourant le 30 septembre, j’espère sincèrement que vous prendrez tous le temps d’apprendre, de réfléchir et de participer à des activités éducatives et commémoratives. En tant qu’institution, nous devons assumer la responsabilité de notre rôle dans les préjudices passés et présents infligés aux populations autochtones et travailler chaque jour pour y remédier de manière significative.
Wela’lin. Merci.
Des voix : Bravo!