L’honorable Brian Francis : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour souligner la Journée des vétérans autochtones, qui est célébrée chaque année le 8 novembre, afin de rendre hommage à tous les membres des Premières Nations, à tous les Inuits et à tous les Métis qui ont servi et à ceux qui continuent de servir dans les Forces armées canadiennes.
Les Autochtones ont contribué de manière importante à l’histoire militaire du pays aujourd’hui connu sous le nom de Canada, mais on a fait fi de leur service pendant de nombreuses années. Cependant, grâce aux campagnes qu’ils ont menées pour réclamer le respect et la reconnaissance, on est de plus en plus conscient que, par exemple, quelque 12 000 soldats membres des Premières Nations, métis et inuits ont servi dans les grands conflits du siècle dernier, qu’au moins 500 d’entre eux ont perdu la vie et que d’innombrables autres ont été blessés.
On prend également de plus en plus conscience que, bien qu’ils aient été considérés comme des égaux sur le champ de bataille et que certains aient reçu des décorations pour leurs compétences et leur bravoure, les vétérans autochtones ont été victimes de préjugés et de discrimination pendant et après leur service militaire. Par exemple, au début de la Première Guerre mondiale, les membres des Premières Nations ayant le statut d’Indien en vertu de Loi sur les Indiens étaient exemptés de la conscription parce qu’ils n’étaient pas considérés comme des citoyens. Cependant, peu de temps après, le gouvernement fédéral a déclaré que, en tant que sujets britanniques, les membres des Premières Nations pouvaient être appelés pour l’entraînement et le service, ce à quoi certaines communautés se sont opposées.
Il est également important de souligner que ce n’est qu’en 1960 que les Premières Nations ont eu le droit de vote sans condition aux élections fédérales. Cependant, les hommes qui ont servi pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale ont obtenu le droit de vote aux élections fédérales sans renoncer à leur statut d’Indien. Néanmoins, à la fin des guerres, ceux qui vivaient dans une réserve ont perdu leur droit de vote. De plus, bon nombre d’entre eux ont été dépouillés de leur statut d’Indien et de leurs droits connexes, ce qui, entre autres, a rompu leurs liens familiaux et communautaires.
À leur retour au pays, les vétérans des Premières Nations ne recevaient pas non plus les mêmes prestations que les vétérans non autochtones, et bon nombre d’entre eux ont connu la pauvreté et d’autres difficultés tout au long de leur vie.
Chers collègues, prenons le temps de nous souvenir de la vie et de l’héritage des milliers d’Autochtones du Mi’kma’ki et d’ailleurs qui ont quitté leur famille aimante et leur collectivité et qui ont risqué leur vie à l’étranger pour des libertés auxquelles, dans bien des cas, ils n’avaient pas droit chez eux.
Même si des progrès ont été réalisés au cours des dernières décennies, notamment grâce aux excuses et aux indemnisations offertes par le gouvernement fédéral aux vétérans des Premières Nations en 2003 et aux vétérans métis en 2019, il reste encore du travail à faire pour que tous les vétérans autochtones reçoivent les soins et le soutien dont ils ont besoin et qu’ils méritent. Nous leur devons toute notre gratitude et ne devons pas les oublier ni oublier les injustices que ce pays a infligées à ces personnes, à leur famille et à leur collectivité. Merci. Wela’lioq. Meegwetch.
Des voix : Bravo!