L’honorable Patricia Bovey : Honorables sénateurs, comme tous les Canadiens, j’ai été choquée par l’horreur de la découverte des corps de 215 enfants autochtones au pensionnat autochtone de Kamloops. Je ne peux imaginer la douleur éprouvée par les survivants des pensionnats et les communautés autochtones, qui revivent ainsi leur passé. Les prières et la compassion sont sincères, mais insuffisantes.
Comment ces vies innocentes ont-elles été volées? J’ai déjà parlé de la conversation poignante que j’ai eue au début des années 1980 avec l’artiste kwakwaka’wakw Art Thompson, un survivant du pensionnat autochtone d’Alberni, sur l’île de Vancouver. J’étais alors directrice du Musée des beaux-arts du Grand Victoria, et je préparais une exposition sur ses incroyables œuvres. Il a demandé à me parler en privé. Quelques heures plus tard, après avoir entendu son histoire, j’étais transformée à tout jamais. J’ai été très attristée qu’Art meure avant la création de la Commission de vérité et réconciliation.
J’ai aussi déjà parlé des œuvres évocatrices poignantes d’artistes canadiens au sujet de l’immoralité et des répercussions des pensionnats autochtones. Nombre d’entre eux expriment leur réalité personnelle. Je me souviens de trois de ces œuvres : The Lesson, par l’artiste albertaine Joane Cardinal Schubert, Sandy Bay, par Robert Houle, et The Assiniboine Fool Society, par Jane Ash Poitras. Elles représentent l’ensevelissement de leurs connaissances et de leurs langues traditionnelles. Ces pensionnats isolés, semblables à des prisons, illustrent le caractère inapproprié de ce programme uniquement colonialiste. La vérité doit surgir.
Au Manitoba, ma province natale, j’ai eu l’occasion de travailler à deux projets de centres culturels devant mettre à l’honneur l’art, la culture et les traditions autochtones. L’un était avec la nation des Dakotas de Sioux Valley près de Brandon, et l’autre avait pour objectif la création d’un centre des arts autochtones dans le Nord du Manitoba. Dans les deux cas, le manque de financement et les tracasseries administratives aux échelons provincial et fédéral faisaient obstacle. Il faut que cela change à l’avenir. La douleur causée par les pensionnats autochtones était manifeste dans mes rencontres avec ces gens. Les récits d’Art Thompson m’ont changée, mais ce fut de nouveau le cas, et doublement.
En 2008, la présidente-directrice générale du Conseil tribal du Keewatin, Sharon McKay, était d’avis que la Galerie d’art d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada devait :
[…] s’inspirer des traditions culturelles autochtones, afin de donner une voix aux Autochtones et de sauvegarder leurs pratiques culturelles pour éviter que celles-ci ne disparaissent. Le lieu doit d’être inclusif, mais aussi protéger les gens et leur permettre de déployer leurs ailes.
Dans le cas du Centre autochtone des Plaines du Nord, il était devenu manifeste en 2006 que le Sud-Ouest du Manitoba avait besoin d’un endroit pour « célébrer les origines et les accomplissements des peuples autochtones » offrant un juste milieu entre la formation et les traditions culturelles. Le rapatriement jouait un rôle essentiel.
Honorables sénateurs, je m’engage à faire tout ce que je peux pour faire avancer la réconciliation. Je crains qu’il y ait d’autres terribles découvertes. La vérité doit l’emporter. Il est temps d’agir. Je vous remercie depuis les territoires du Traité no 1, qui couvrent les terres traditionnelles des Anishinaabes, des Cris, des Oji-Cris, des Dakotas et des Dénés, au cœur de la patrie de la nation métisse.