L’honorable Jim Munson : Honorables sénateurs, que se passe-t-il donc dans ce pays? Pourquoi une femme et un homme autochtones doivent-ils mourir pour que cela attire notre attention? Pourquoi un chef doit-il être battu par la police pour que cela attire notre attention? Pourquoi un Inuit doit-il être projeté au sol, frappé par la portière d’une voiture de la GRC en mouvement pour que cela attire notre attention? Pourquoi faut-il qu’il y ait un énième cas de brutalité policière dans les rues de Winnipeg pour que cela attire notre attention? Que se passe-t-il donc dans ce pays?
Pas plus tard que la semaine dernière, le premier ministre et des milliers d’autres personnes ont manifesté sur la Colline du Parlement en signe de solidarité avec le mouvement « Black Lives Matter ». Dans un pays comme le Canada, où le racisme est enraciné dans la société à tous les niveaux, c’était bien de manifester.
Au Canada, nous sommes racistes envers les Noirs, mais en plus, nous nous comportons envers les Autochtones comme si leurs vies ne comptaient pas. Quoi que nous ayons fait, nous ne sommes pas descendus dans les rues pour manifester en signe de solidarité avec nos frères et sœurs autochtones. Qu’est-ce qui ne va pas chez nous? Imaginez donc : une jeune femme autochtone à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, a été tuée par balle par la police, et c’était une vérification du mieux-être? Qu’est-ce qui ne va pas chez nous?
Honorables sénateurs, vous voyez aujourd’hui à mes côtés les sièges vides de deux sénatrices autochtones : les sénatrices Sandra Lovelace Nicholas et Lillian Dyck. Elles ne pouvaient être ici aujourd’hui en raison des restrictions liées à la COVID-19, mais je veux que vous entendiez leurs voix. Elles souffrent et elles sont en colère.
Vous connaissez leur histoire. La sénatrice Lovelace Nicholas s’est battue pour les droits des femmes autochtones et ceux de leurs enfants et elle a gagné. Lors de la dernière conférence téléphonique de notre caucus, Mme Lovelace Nicholas était en larmes. Voici ce qu’elle tenait à ce que je dise au sujet des meurtres de Chantel Moore et de Rodney Levi : si la chef de la GRC ne sait pas trop si le racisme systémique existe, que les choses soient claires : pour nous, les peuples autochtones du Canada, il n’y a aucune ambiguïté. Nous le subissons depuis la première fois que nous avons eu affaire au système qui régit le pays et la police. Il n’y aura jamais de réconciliation avec le gouvernement tant que le racisme systémique ne sera pas éliminé. Il est temps d’agir.
Ce sont les paroles de la sénatrice Sandra Lovelace Nicholas.
La sénatrice Lillian Dyck, qui s’est battue en première ligne pour les milliers de femmes et de filles autochtones assassinées ou portées disparues, en a assez de la direction de la GRC et des opinions sur le racisme systémique de la commissaire, qu’elle qualifie d’erronées. Selon la sénatrice Dyck, Brenda Lucki ne saisit pas tout à fait le concept de racisme systémique et elle n’a ni les connaissances ni les compétences nécessaires pour être la plus importante policière du pays.
La sénatrice Dyck, qui a réclamé la démission de la commissaire, a déclaré ceci :
Les Canadiens et, plus particulièrement, les femmes autochtones méritent d’avoir le meilleur commissaire qui soit, capable d’amorcer et de mener à bien les changements nécessaires au sein de la GRC pour assurer notre sécurité et nous protéger contre la violence.
Honorables sénateurs, mon temps de parole est peut-être écoulé, mais, en tant qu’institution, nous devons intervenir et collaborer afin d’éliminer le racisme systémique ou institutionnalisé au pays.
Des voix : Bravo!