L’honorable Patricia Bovey : Honorables sénateurs, l’année 2020 a été difficile pour la société et les citoyens qui ont subi de nombreuses pertes. La perte d’êtres chers nous a laissé des legs précieux et, alors que nous les pleurons, j’espère que nous pourrons célébrer ce qu’ils nous ont donné.
Le mot « perte » est défini comme le sentiment de tristesse ressenti lorsqu’on est privé d’une personne ou d’une chose importante. Un « legs » est quelque chose qui est laissé ou transmis par un ancêtre ou prédécesseur. Ces termes s’unissent maintenant avec une clarté émouvante dans l’ensemble du secteur de la création du Canada.
Il y a une semaine aujourd’hui, nous avons perdu l’artiste visuel néo-écossais Peter Gough. Je lui avais parlé à peine deux jours avant son départ soudain. Il luttait contre le cancer, mais il demeurait enjoué et empli d’espoir. Son art obtenait une reconnaissance nouvelle et devait bientôt faire l’objet d’une publication. Il lègue à tous les Canadiens le projet de loi visant à créer un poste d’artiste visuel officiel, dont il est l’un des instigateurs. J’espère que cette mesure sera adoptée. Je remercie Peter Gough de l’avoir proposée.
Le généreux artiste manitobain Peter McConville a également succombé au cancer la semaine dernière. Ses tableaux uniques, exposés dans de nombreux espaces publics, continueront de répandre la joie.
Des donateurs dans le domaine des arts sont aussi décédés, certains avant la COVID, d’autres à cause de la COVID. Il s’agit notamment de donateurs et de collecteurs de fonds inspirants et de passionnés des arts anonymes et discrets qui œuvrent en coulisse. Ils ont contribué au rayonnement de notre pays, dans toute sa quintessence, et à la considération dont il jouit. J’ai eu le privilège de travailler avec nombre d’entre eux au fil des ans. C’était un vrai plaisir pour moi et pour les organisations et les collectivités avec lesquelles je travaille de voir la joie qu’avaient ces passionnés de recueillir des fonds vraiment nécessaires, de les investir dans des programmes publics et de partager leur bonheur devant les retombées positives.
L’un des principaux donateurs d’œuvres d’art, l’avocat Bob Hucal de Winnipeg, est mort le mois dernier. C’est l’Ouest canadien qui l’intéressait avant tout. Je ne sais pas combien de fois, après avoir répondu au téléphone, j’ai entendu : « Pat, aimerais-tu avoir une œuvre de l’artiste X? » Il s’agissait toujours d’un artiste important. Il me parlait de l’œuvre, de la galerie ou de la maison de vente aux enchères où elle était en vente ou m’expliquait qu’elle venait de sa propre collection. Il était conscient des besoins particuliers des collections institutionnelles et connaissait bien l’histoire de l’art canadien, et surtout manitobain. Il a enrichi les collections de trois institutions de l’Ouest canadien que j’ai dirigées. Ses connaissances approfondies n’avaient d’égales que sa remarquable générosité et sa joie de voir grandir nos collections publiques.
Bob Hucal a été victime de la COVID. Il l’a contractée à l’hôpital alors qu’il se remettait d’une autre maladie.
Il en a été de même pour la très estimée conservatrice et écrivaine Sigrid Dahle, qui était traitée pour un cancer dans le même hôpital de Winnipeg. Le formidable héritage qu’elle laisse derrière elle en matière de publications et d’expositions est vraiment significatif, tout comme son travail actuel en tant que conservatrice de l’Université du Manitoba.
Sigrid et Bob sont décédés le même week-end, il y a quelques semaines de cela seulement. La communauté artistique de Winnipeg est en deuil.
La disparition de ces personnes laisse un vide énorme, mais leurs legs sont inestimables. Je les remercie tous les deux et je présente mes condoléances à leurs familles, leurs amis et leurs collègues. Merci.