Le sénateur Cuzner : C’est un plaisir de vous voir tous les deux, madame la ministre et monsieur le ministre, mais dans une moindre mesure, monsieur le ministre. Monsieur le ministre, je n’arrive pas à croire à quel point vous aimez venir dans cette enceinte.
Monsieur le ministre, en ce qui concerne la mobilité, pour revenir sur les questions de mon collègue au sujet de l’accréditation et de la reconnaissance des titres de compétences interprovinciaux, le grand défi sera le coût. Nous savons qu’avec la chute du prix du pétrole, de telles occasions n’existent plus pour bon nombre des entreprises de l’Ouest qui ont pendant longtemps compté sur la main-d’œuvre de l’Atlantique et du Centre du Canada.
Le gouvernement précédent l’a reconnu et a ajouté des dispositions pour offrir des incitatifs fiscaux afin de favoriser la mobilité. Pensez-vous que cela se poursuivra? Nous voulons jumeler les personnes qui possèdent ces compétences aux possibilités d’emploi. Pensez-vous que cette mesure sera élargie compte tenu du défi auquel vous êtes confrontés?
M. LeBlanc : Monsieur le sénateur, votre question est tout à fait pertinente. Dans la région que vous représentez, tout comme dans la mienne, nous voyons dans les aéroports — que ce soit à Halifax ou à Moncton — de nombreuses femmes et de nombreux hommes qui travaillent dur et qui se rendent ailleurs au pays pour gagner un bon salaire dans des secteurs de l’économie qui finissent par stimuler les économies de nos régions.
J’ai déjà dit que tous les Canadiens devraient s’intéresser à cette réussite. Je l’ai dit hier soir à la première ministre Smith : les économies axées sur les ressources naturelles créent des emplois dans toutes les régions du pays et ajoutent de la valeur économique. Vous avez raison : pour de nombreuses raisons — les marchés mondiaux, d’autres facteurs —, il y a des défis à relever.
Je pense que nos collègues conservateurs de l’autre endroit avaient proposé un crédit d’impôt pour encourager la mobilité de la main-d’œuvre, il s’agissait d’une série de mesures entourant la mobilité de la main-d’œuvre et les outils pour les gens de métier. Ces idées sont très valables, à mon avis. Je sais que le ministre des Finances examine des moyens de faciliter la collaboration avec les syndicats et les représentants de bon nombre de ces travailleurs. Comment pouvons-nous mettre en place des instruments financiers qui encourageraient et soutiendraient cette mobilité? Pour revenir à la question posée précédemment par votre collègue, sénateur, comment pouvons-nous favoriser aussi certaines possibilités de formation? Bien entendu, les provinces ont un rôle essentiel à jouer en matière de formation, mais nous voulons également être leur partenaire.
Le sénateur Cuzner : Merci beaucoup. Dans le passé, le Canada a été témoin de tentatives sporadiques visant à abolir les barrières interprovinciales. Les mesures prises par le président actuel ont vraiment galvanisé les Canadiens, et il semble que tout le monde s’accorde à dire que c’est désormais impératif.
Vous avez déjà rencontré le président actuel et vous comprenez sa spontanéité. Devrions-nous conclure un accord commercial avec lui? Pensez-vous qu’il faille lever le pied? Le sentiment d’urgence qui anime actuellement le gouvernement persistera-t-il même si nous parvenons à conclure un accord commercial avec les États-Unis?
M. LeBlanc : Monsieur le sénateur, merci pour votre question. La réponse courte est non. Qu’on arrive ou non à conclure un accord commercial avec les États-Unis, il sera important de nous donner les moyens de travailler adéquatement et sans tarder avec nos partenaires pour approuver des projets d’intérêt national.
Comme vous avez pu le constater hier — j’étais moi-même présent hier matin à Kananaskis lors de la réunion avec le premier ministre et le président —, on nous a donné un nouveau mandat plus court de 30 jours — en espérant que ce sera encore moins — pour tenter de régler les derniers détails d’un accord, mais, même si nous y parvenons, l’incertitude économique demeurera.
Si nous n’y parvenons pas, nous devrons alors redoubler d’efforts pour soutenir les travailleurs, les entreprises et les divers secteurs de notre économie. Si l’on pense aux producteurs d’acier, en mettant sur pied de grands projets nationaux, on créerait immédiatement des débouchés pour certains des meilleurs travailleurs et des entreprises qui produisent de l’acier au Canada. Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres.
L’autre chose intéressante, sénateur Cuzner, c’est que l’Accord Canada—États-Unis—Mexique prévoit un examen en 2026. Pour revenir à ce que vous disiez à propos du caractère imprévisible du gouvernement américain, le président Trump sera encore à la tête des États-Unis quand cet examen aura lieu. Hier, j’ai discuté avec le ministre de l’Économie du Mexique des occasions de collaborer avec nos partenaires mexicains que présente cet examen. L’incertitude ambiante ne se dissipera malheureusement pas même si nous réussissons, comme nous l’espérons, à conclure rapidement une entente.
Cela dit, j’estime qu’il est encore urgent de nous doter des bons instruments pour recommencer à faire des grands projets susceptibles d’édifier la nation.