L’honorable Diane Bellemare : Chers collègues, permettez-moi de rendre hommage aujourd’hui à Étienne Gabrysz-Forget, que certains connaissent dans la grande famille du Sénat, car il a été mon conseiller parlementaire de 2014 à 2016. Il a mis fin à ses jours le 21 avril dernier, à l’aube de ses 33 ans. Avocat de formation, spécialisé dans les litiges, il avait un avenir brillant et prometteur devant lui. Au moment de son décès, il travaillait pour le bureau Morency Avocats. Épris de justice, il désirait devenir juge. Il m’a très bien secondée dans mon travail de sénatrice.
C’est lui qui a effectué la recherche statistique sur les sénats dans le monde qu’on peut retrouver sur mon site Web. On tentait alors de mieux comprendre la spécificité du Sénat du Canada par rapport aux autres sénats dans le monde.
Il m’a encouragée lorsque j’ai décidé de devenir sénatrice indépendante, et plus tard lorsque j’ai accepté de rejoindre le sénateur Harder au bureau du représentant du gouvernement au Sénat. Il a aussi laissé son empreinte dans le Sénat d’aujourd’hui en proposant une nouvelle appellation pour l’adjointe au leader du gouvernement au Sénat, soit le titre de coordonnatrice législative, qui se trouve maintenant dans la Loi du parlement.
Étienne était un être rieur, coquin et très sociable. Il parlait à tout le monde et avait la répartie facile. Un matin, il a décidé, sans me prévenir, de discuter de la réforme du Sénat avec le ministre de la Réforme démocratique de l’époque, nul autre que le chef de l’opposition actuel, Pierre Poilievre. Il n’a pas obtenu le succès escompté. Il aimait aussi se faire prendre en photo avec le Président du Sénat, Pierre Claude Nolin.
Sous une allure raffinée, bon chic, bon genre, Étienne était un être complexe. Il se cherchait. Il avait mal à l’âme, mais jamais au grand jamais je n’aurais pensé qu’il pourrait commettre un geste si irréparable. Pourtant, on le sait, les problèmes de santé mentale peuvent se manifester subitement et impulsivement. Des problèmes temporaires peuvent entraîner des conséquences permanentes.
On ne saura jamais ce qu’il pensait quand il est passé à l’acte. Ce que l’on sait, toutefois, c’est qu’il se savait traversé par une crise d’anxiété insupportable et que, pour prévenir tout geste suicidaire, il est allé à l’hôpital. Malheureusement, les soignants n’ont pas cru nécessaire de le garder à l’œil et ils l’ont renvoyé chez lui. Même les spécialistes ont de la difficulté à bien comprendre l’intangibilité de la santé mentale. Quel gâchis!
Chers collègues, nous nous préoccupons de notre santé physique en mesurant notre tension artérielle, en faisant des analyses de sang et en évaluant notre poids, mais nous avons aussi une santé mentale. Il faut s’en préoccuper, ainsi que celle de nos êtres chers.
Étienne, il y avait tellement de gens à tes funérailles. C’était phénoménal, et pourtant, tu te sentais seul. Nous sommes nombreux à penser à toi et nous te bercerons dans nos pensées.
Étienne laisse dans le deuil sa mère, Marguerite Gabrysz, sa sœur, Fanny, son conjoint, Guillaume et son petit neveu, Adrien, qu’il n’aura jamais vu, parce que celui-ci est né quelques semaines après son décès, ses oncles, ses tantes, ainsi que de nombreux amis.
Repose en paix. Merci beaucoup.