Deuxième lecture du projet de loi S-209, Loi modifiant la Loi électorale du Canada et le Règlement adaptant la Loi électorale du Canada aux fins d’un référendum (âge de voter)

Par: L'hon. Terry Mercer

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L’honorable Terry M. Mercer : Honorables sénateurs, alors que je me lève pour prendre la parole sur ce projet de loi, je tiens à rappeler à ceux qui n’auraient pas encore pris connaissance de mon impressionnant curriculum vitæ que j’ai eu le privilège, dans mon parcours professionnel, d’être le directeur général d’un parti politique de la Nouvelle-Écosse. J’ai également eu l’honneur d’être le directeur national du parti politique du Canada ayant connu le plus de succès au pays, et la chance de travailler avec des centaines et des centaines de jeunes qui participent activement au processus politique.

Une voix : C’est pour cela que vous êtes un progressiste.

Le sénateur Mercer : Dans mon ancienne vie, lorsque j’étais un membre actif du Parti libéral.

Ce projet de loi est une très bonne idée. Le sénateur Housakos a parlé du fait que l’on peut devenir membre d’un parti politique dès l’âge de 14 ans. Bien des partis et candidats politiques prospères d’ordre provincial ou fédéral savent que mobiliser les jeunes insuffle de l’énergie. Oui, ces jeunes installent des affiches et remplissent des enveloppes, mais ils apportent également leurs idées. La sénatrice Jaffer hoche de la tête parce qu’elle sait pertinemment que c’est vrai; elle a deux enfants qui sont très actifs au sein d’un parti politique malgré leur jeune âge.

Je ne saurais nommer tous les projets de loi que j’ai vus qui étaient l’œuvre de Jeunes libéraux de la Nouvelle-Écosse et de Jeunes libéraux du Canada et qui sont devenus des lois.

Lorsque j’étais membre des Jeunes libéraux, Anne McLellan, la future vice-première ministre du Canada, Mary Clancy, la future députée d’Halifax, et moi faisions partie du comité exécutif d’un groupe appelé l’Association des étudiants libéraux. J’y représentais l’Université Saint Mary’s, tandis que Mme McLellan représentait l’Université Dalhousie et Mme Clancy, l’Université Mount Saint Vincent. Des années plus tard, le hasard a voulu que nous nous retrouvions ensemble sur la Colline du Parlement; elles, à titre de députées et moi, à titre de directeur national de leur parti politique.

La mobilisation des jeunes insuffle du dynamisme dans la politique. Certains d’entre vous se présentent ici et se déclarent non partisans. Certains de vous affirment même qu’ils n’aiment pas les partis politiques. Or, vous savez quoi? C’est ce qui fait fonctionner cette Chambre. C’est ce qui fait fonctionner la Chambre de l’autre côté de la rue.

Tous les partis politiques reçoivent le soutien de bénévoles, et les jeunes contribuent au succès des partis politiques comme le Parti libéral, le Parti conservateur et, dans une moindre mesure, le Nouveau Parti démocratique. Le sénateur Housakos a eu raison de dire que les jeunes qui se joignent à un parti — comme le Parti conservateur dans son cas — apportent des changements très importants dans l’organisation.

Lorsque j’étais un jeune libéral, j’étais très fier de participer à un congrès. À l’époque, nous réclamions la légalisation de la marijuana. C’était il y a très longtemps, mais j’étais très fier lorsque j’ai enfin pu voter pour la légalisation de la marijuana dans cette Chambre. C’est donc dire qu’il faut parfois attendre un certain temps pour mener un projet à bien.

Cela dit, je vous encourage à envisager d’appuyer le projet de loi de la sénatrice McPhedran. C’est un changement dynamique. Si nous adoptons le projet de loi, nous verrons une énorme différence dans le processus politique lors des premières élections qui suivront. Je peux vous dire que ce sera beaucoup plus stimulant, car j’ai toujours aimé l’énergie que les jeunes apportent à la politique, et ils nous ont toujours grandement aidés à faire notre travail.

En fait, si vous voulez parler à des gens qui ont été actifs au sein de partis politiques dans leur jeunesse, il y a notamment Greg Fergus, le député de Hull—Aylmer, au Québec, qui s’est impliqué pendant longtemps lorsqu’il était jeune. Il a été président des Jeunes libéraux du Canada.

L’ancien Président de la Chambre des communes Geoff Regan a été très actif au sein des Jeunes libéraux de la Nouvelle-Écosse. Lorsque j’étais directeur général, on m’a invité à prendre la parole devant les Jeunes libéraux. Je leur ai demandé : « Dois-je apporter quelque chose? » Ils m’ont répondu : « Oui, une caisse de bières. » Ce que j’ai fait.

C’est un excellent endroit pour les jeunes qui veulent faire leurs premières armes dans l’arène de la mobilisation citoyenne. Un grand nombre d’entre eux demeurent impliqués pendant des années. Certains contribuent à d’autres aspects de la politique un peu partout au pays. Une partie d’entre eux contribuent à l’administration du gouvernement, d’une façon ou d’une autre. Cela dit, ils ont tous une connaissance des rouages du processus politique.

L’une des choses que j’ai pu constater, c’est que certains sénateurs qui sont nouveaux ici ne comprennent pas comment le processus fonctionne, ce qui est une source de frustration pour eux. S’ils s’étaient impliqués en politique lorsqu’ils étaient des adolescents ou de jeunes adultes, ils seraient mieux en mesure de participer au processus maintenant. Certains d’entre eux critiquent toujours le processus. Pourtant, ils participent à ce processus, et il vaut mieux commencer dès un jeune âge.

Comme je l’ai dit, j’ai eu le privilège d’être le directeur général du Parti libéral de la Nouvelle-Écosse et le directeur national du Parti libéral du Canada. Je suis également très fier que mon fils soit maintenant le directeur général du Parti libéral de la Nouvelle-Écosse. Il tient à ce que je dise aux futurs dirigeants qu’il a l’intention de suivre les traces de son père et de devenir sénateur un jour. Je lui ai répondu qu’il devait se débrouiller tout seul pour atteindre cet objectif.

C’est essentiel que nous fassions participer les jeunes au débat public. Les sénateurs qui sont ici depuis un moment se souviendront de mon discours au sujet de la nécessité d’offrir aux jeunes des moyens de jouer un rôle actif dans la société. Je ne parle pas ici de les engager dans le processus politique, mais bien de les engager au sein de leur collectivité. J’habite dans un très petit village en banlieue d’Halifax et, comme dans toutes les autres collectivités, il s’y passe des bonnes et des moins bonnes choses. Il y a quelques années, il y a environ huit ou neuf ans, des personnes se sont mises ensemble pour essayer de trouver des façons de faire participer les jeunes à la collectivité. Ils ont mis sur pied un corps de cadets de la Marine. Mon fils, le même qui est actuellement directeur général du Parti libéral de la Nouvelle-Écosse, était un officier pour le programme de cadets. Il était lieutenant, un lieutenant de marine. Il s’est impliqué dans le corps de cadets local à titre d’instructeur et est ensuite devenu commandant.

Tout cela pour dire que, quelques années plus tard, j’ai rencontré les agents de la GRC qui maintiennent l’ordre dans notre collectivité et leur ai demandé s’ils avaient observé une différence dans la collectivité depuis la mise sur pied du programme des cadets. Ils ont répondu que c’était le jour et la nuit. Les jeunes s’impliquaient beaucoup plus dans la collectivité. Ils en avaient fait leur collectivité. Ils aidaient à la gérer. Ils faisaient des choses que le reste d’entre nous négligeait, comme nettoyer. Ils s’impliquaient.

J’ai aussi demandé à la directrice de l’école locale quel effet avait eu le programme. Elle a dit que c’était le jour et la nuit comparativement à avant. Les jeunes qui, auparavant, semblaient sur le point de s’attirer des ennuis se sont mis à s’impliquer.

Le projet de loi est l’occasion d’amener bien des jeunes à prendre part au processus politique, ce qui serait avantageux pour ce dernier et avantageux pour le Canada. Oui, serait peut-être avantageux pour certains partis politiques, mais devinez quoi? Cela aussi, c’est important. La santé du Parti conservateur est une chose importante.

Le sénateur Plett : Bravo!

Le sénateur Mercer : Pas aussi importante que la santé du Parti libéral, mais je comprends. Il s’agit de la démocratie canadienne. Nous voulons aider les jeunes à devenir de bons Canadiens et leur donner l’occasion de le devenir en leur permettant de voter dès l’âge de 16 ans. Ce serait tout un coup de pouce pour la démocratie canadienne.

Je remercie la sénatrice McPhedran d’avoir mis cet enjeu à l’avant-scène. Je suis désolé, je n’ai pas pu participer au webinaire ce matin. Chers collègues, je vous invite à appuyer ce projet de loi. Il s’agit d’un projet de loi important. Si nous l’adoptons, nous nous dirons lors des élections futures : « Quel bon travail nous avons accompli. » Merci, chers collègues.

Son Honneur la Présidente suppléante : Sénateur Mercer, accepteriez-vous de répondre à une question?

Le sénateur Mercer : Oui.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Je remercie la sénatrice McPhedran et le sénateur Mercer de leur discours. Je crois que ce qui a en partie assuré la pérennité du Parti libéral — je suis seulement en mesure de parler du Parti libéral —, c’est la vision des jeunes qui en ont été membres. Le droit de vote n’est que la pointe de l’iceberg; il y a aussi le pouvoir qui vient avec ce droit, le pouvoir de changer les choses. N’oubliez pas que l’idée de légaliser le mariage entre conjoints de même sexe venait des jeunes de 14 à 16 ans et ils tenaient mordicus à ce que le parti présente un projet de loi sur cet enjeu. Êtes-vous d’accord avec moi, sénateur Mercer? Le droit de vote amène aussi le droit de présenter des orientations stratégiques qui comptent pour eux.

Le sénateur Mercer : Ceux parmi vous qui n’ont jamais été membres d’un parti politique ne le savent probablement pas — la sénatrice Jaffer, elle, le sait bien —, mais l’aile jeunesse d’un parti est son aile la plus puissante. Pourquoi? Parce que les jeunes ont l’énergie et ils savent être disciplinés quand ils veulent quelque chose. J’ai parlé, par exemple, des motions qui avaient été présentées il y a des années pour la légalisation de la marijuana. Devinez quoi? Cela a été fait maintes et maintes fois parce que les jeunes libéraux de mon temps — mon histoire — n’ont pas voulu renoncer. Ces jeunes ont vieilli et certains d’entre eux sont devenus les députés qui ont contribué à faire adopter la mesure législative qui a été adoptée ici aussi.

Ils insufflent une énergie. Comme je l’ai dit, si ce projet de loi est adopté, nous allons voir une énorme différence aux deux prochaines élections et par la suite.

La sénatrice McPhedran : Puis-je poser une question au sénateur Mercer? Elle porte sur l’histoire en quelque sorte. Dans le cadre de nos recherches, un ancien jeune leader de la Nouvelle-Écosse m’a fait remarquer que, parmi les politiques du Parti libéral du Canada, il y a une politique adoptée lors d’une convention de 2009, je pense, visant à abaisser l’âge de voter aux élections fédérales à 16 ans. Je crois comprendre que l’idée venait de la Nouvelle-Écosse. Je me demandais si vous pouviez le confirmer.

Le sénateur Mercer : Oui, c’est vrai, mais elle a été adoptée avec l’accord de jeunes libéraux des autres provinces et territoires. Encore une fois, j’étais à la convention où la politique a été adoptée. Les jeunes sont si énergiques, mais ils manquent parfois de discipline au cours des réunions. Lorsque cette motion a été présentée à la réunion, le processus nécessitait qu’ils la fassent passer au second niveau à la convention pour qu’elle devienne réellement une politique du parti. Tous les jeunes libéraux qui étaient présents à la convention se trouvaient dans cette salle. Ils savaient qu’ils avaient le pouvoir de changer la politique du parti et ils l’ont fait.

Dans le cas du Parti libéral — et je ne sais pas si cela s’applique au Parti conservateur —, si une politique était adoptée par le parti et que celui-ci était au pouvoir, l’aile parlementaire devait lui faire rapport annuellement sur le déroulement des politiques qu’il avait adoptées. Chaque année, l’aile parlementaire revenait faire rapport sur la politique sur la marijuana — elle n’en était pas encore là. Quoi qu’il en soit, c’est très réel et je me souviens d’avoir publié les rapports quelques années plus tard lorsque j’étais l’éditeur des documents qui allaient aux conventions. C’est effectivement très important.

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